De façon générale, le calendrier vaccinal de la population générale doit être appliqué à tout patient ayant une SEP, sauf s’il existe une contre-indication spécifique.
Avant l’instauration d’un traitement
La mise à jour des vaccinations en accord avec celui-ci est recommandée le plus tôt possible après le diagnostic de SEP et avant d’initier un traitement immunoactif.
Avant l’instauration d’un traitement immunosuppresseur, il est recommandé :
- de vacciner contre la varicelle en l’absence d’antécédent de maladie ou de séropositivité contre le VZV ;
- de vérifier et mettre à jour le cas échéant : la protection contre l’hépatite B, le pneumocoque et le HPV (dès l’âge de 9 ans).
En l’absence de calendrier vaccinal connu ou en cas de doute sur les rappels à effectuer, la stratégie est de revacciner : « Il n’est pas nécessaire de réaliser des sérologies », dont l’interprétation risque d’être compliquée, et « il n’y a pas de risque à revacciner », a précisé la Pre Lebrun-Frenay lors de la présentation de ces nouvelles recos aux Journées de neurologie de langue française.
Patients sous traitement
Sous traitements immunomodulateurs (interférons bêta et acétate de glatiramère), il n’y a pas de restriction vaccinale.
Sous traitement immunosuppresseurs ou en situation d’immunosuppression, les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués (v. ci-après pour les délais à respecter entre vaccinations et traitements). Les vaccins recommandés sont, d’une part, ceux du calendrier vaccinal en vigueur pour la population générale et, d’autre part, ceux spécifiquement recommandés pour les immunodéprimés (grippe et pneumocoque en particulier).
La vaccination de l’entourage immédiat d’une personne immunodéprimé est recommandée : contre la grippe saisonnière par le vaccin inactivé et contre la varicelle en cas de sérologie négative.
La vaccination annuelle contre la grippe saisonnière :
- est recommandée chez les patients traités par immunosuppresseurs ou ayant un handicap important ou se trouvant dans un autre cas où l’on recommande la vaccination antigrippale (sauf CI spécifique) ;
- peut être proposée pour tous les autres patients SEP.
Le rappel de vaccin anti-SARS-CoV- 2 est recommandé une fois par an aux patients SEP à risque de forme grave de Covid (à savoir : âge ≥ 65 ans ; traitement immunosuppresseurs [2 rappels/an] ; handicap important ; grossesse) et aux personnes de leur entourage ou en contact régulier avec eux.
Par ailleurs, il est recommandé d’effectuer une injection supplémentaire lors de la primovaccination contre le SARS-CoV- 2 aux patients traités par anti-CD20.
Pour la vaccination contre le zona, le vaccin Shingrix, désormais disponible, est recommandé préférentiellement par la HAS depuis 2024 (plus efficace que Zostavax, qui est par ailleurs contre-indiqué chez les patients SEP).
Avec le nouveau vaccin contre le pneumocoque, Prevenar 20, une seule injection est nécessaire.
Le tableau 1 résume les vaccinations recommandées pour les patients traités pour une SEP.
Délais à respecter entre l’injection d’un vaccin et l’instauration du traitement et vice-versa
Ne pas effectuer de vaccin dans le mois suivant une cure de methylprednisolone. Ne pas effectuer de cure de méthylprednisolone dans le mois suivant un vaccin vivant atténué.
Pour la première fois, les recommandations présentent les délais à respecter après l’administration d’un vaccin vivant atténué et l’instauration du traitement (ou après la dernière dose de traitement et l’administration d’un vaccin), selon le type de traitement (tableau 2).
Populations particulières
Femmes enceintes
Les recommandations vaccinales pour la population générale sont aussi valables : mise à jour des vaccins avant la grossesse, en particulier ROR et varicelle (les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués pendant la grossesse et à éviter dans le mois la précédant) ; vaccination contre la coqueluche (dTcqP) à chaque grossesse à partir du 2e trimestre, de préférence entre 20 et 36 SA ; vaccins antigrippal et anti-Covid quel que soit le trimestre.
Spécificités : mettre à jour les vaccinations après l’accouchement, en particulier les vaccins vivants atténués, avant la reprise des traitements :
- vérifier l’immunisation contre la rubéole, la varicelle et l’hépatite B au cours de la grossesse et, en l’absence d’immunisation, vacciner en post-partum avant la reprise d’immunosuppresseurs ;
- ajuster la date des vaccinations en post-partum au projet thérapeutique afin d’obtenir une réponse vaccinale rapide et efficace ;
- les vaccins vivants atténués peuvent être administrés après l’accouchement, indépendamment de l’allaitement (sauf pour la fièvre jaune), et 4 à 6 semaines avant d’initier un traitement immunosuppresseur,
- les vaccins inactivés peuvent être administrés n’importe quand après l’accouchement et sous traitement immunosuppresseur, mais il est recommandé idéalement de respecter un intervalle d’au moins 2 semaines avant d’initier le traitement,
- en cas d’administration d’anti-CD20 pendant la grossesse, vérifier le compte des lymphocytes B CD19 + et retarder le calendrier vaccinal jusqu’à normalisation des lymphocytes B.
Enfants et adolescents
S’assurer que le calendrier vaccinal est à jour avant de commencer tout traitement. En particulier : vacciner contre le HPV dès l’âge de 9 ans si un traitement immunosuppresseur est envisagé.
Plusieurs injections vaccinales peuvent être administrées le même jour, avec un maximum de trois, dont un seul vaccin vivant (un vaccin combiné correspond à une seule injection vaccinale).
Si un seul vaccin par administration est effectué, respecter au moins 15 jours d’intervalle entre deux injections de vaccins inactivés.
Respecter au moins 1 mois d’intervalle entre deux injections de vaccins vivants atténués.
Patient voyageur
Discuter en amont, le plus tôt possible, des projets de voyages à l’étranger avec les patients atteints de SEP, qu’ils aient un traitement de fond ou pas.
Les patients souhaitant se rendre en régions subtropicales ou tropicales doivent consulter leur neurologue ou un centre de vaccination afin d’évaluer le rapport bénéfice-risque des spécificités vaccinales et des traitements prophylactiques nécessaires du pays de destination. Discuter avec le neurologue du rapport bénéfice-risque d’interrompre momentanément le traitement immunosuppresseur en cas de nécessité absolue d’effectuer un vaccin vivant atténué.
Mettre à jour les vaccins nécessaires au moins 15 jours avant le départ.
Vérifier les sérologies post-vaccinales des patients traités par immunosuppresseurs, pour l’hépatite A, l’hépatite B et la fièvre jaune. La négativité des sérologies pour certains vaccins ne peut pas être retenue si le patient est sous anti-CD20.
Le vaccin contre la fièvre jaune peut être utilisé chez les patients atteints de SEP en dehors de tout traitement immunosuppresseur.
Richeux V. Sclérose en plaques : mise à jour des recommandations sur la vaccination. Medscape 16 avril 2024.