Quel est le meilleur traitement médical du syndrome du canal carpien ? D’après une étude parue dans Rheumatology, l’efficacité clinique des infiltrations de corticoïdes est similaire à celle d’une attelle portée pendant la nuit, mais cette dernière serait plus avantageuse à long terme...
Trouble musculosquelettique le plus fréquent, le syndrome du canal carpien se caractérise par des troubles de la sensibilité et des douleurs au niveau des trois premiers doigts de la main, qui peuvent mener à une intervention chirurgicale dans les cas les plus sévères. Avant d’en arriver là, deux principaux traitements sont recommandés par la Haute Autorité de santé : les orthèses à porter de nuit pendant les poussées de douleur et les infiltrations de corticoïdes. La littérature ne permet pas de déterminer si une option est cliniquement préférable à l’autre, tout en suggérant que les corticoïdes sont plus efficaces et rentables à court terme (< 6 mois).
Pour comparer l’efficacité clinique et la rentabilité (rapport coût-efficacité) des deux traitements à long terme, des chercheurs anglais ont mené une étude ouverte randomisée à deux bras, dont les résultats ont été publiés dans la revue Rheumatology : 234 patients ont été aléatoirement affectés au bras « infiltration » (une injection de corticoïdes, N = 116) ou au bras « attelle de nuit » (6 semaines de port d’orthèse, N = 118). Ils ont ensuite été interrogés à 6 semaines, 6 mois, 12 mois et 24 mois post-traitement afin d’estimer l’état fonctionnel de leur poignet, la douleur ressentie et le nombre d’entre eux ayant finalement été adressés en chirurgie.
Les patients ayant reçu des infiltrations ont une meilleure amélioration fonctionnelle à 6 semaines, en cohérence avec la littérature. Cependant, à long terme (12 et 24 mois), il n’y a pas de différence dans la douleur ressentie ou la fonctionnalité du poignet entre les deux bras de l’étude (taux de réponsede 73 % vs 71 %). Mais la proportion de patients ayant été référés en chirurgie dans le bras « infiltrations » était plus élevé par rapport au groupe « attelle de nuit » : 28 % contre 20 %. Ainsi, le rapport coût-efficacité serait plutôt en faveur de la stratégie non invasive. Entre une injection et un port contraignant d’attelle, « le choix des patients doit être préconisé », concluent les auteurs.
Burton, C. L., Rathod-Mistry, T., Blackburn, S. J., et al. The effectiveness of corticosteroid injection versus night splints for carpal tunnel syndrome: 24-month follow-up of a randomised trial. Rheumatology, 8 avril 2022.