Actuellement, le dépistage du cancer de la prostate repose en première instance sur le dosage du PSA, mais ce marqueur – non spécifique – est loin d’être idéal. Des chercheurs français ont identifié de potentiels nouveaux marqueurs pronostiques, au stade précancéreux mais aussi dans les cancers plus avancés… 

Parue en juillet dans Science Advances, une étude d’une équipe de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg (Inserm) a identifié la surexpression de la protéine HIF1A comme un marqueur du stade précancéreux du cancer de la prostate, et celle de la protéine TGM2 comme un marqueur d’un cancer plus avancé. Explications.

Le dépistage actuel du cancer de la prostate – premier cancer le plus fréquent chez l’homme en France – dépend du dosage d’un biomarqueur sanguin, l’antigène spécifique de la prostate (PSA). Malheureusement, ce biomarqueur, peu spécifique, ne permet pas de différencier les tumeurs qui risquent de s’étendre et doivent être traitées de celles qui resteront stables – sachant qu’environ la moitié des tumeurs de la prostate ne relève d’aucun traitement. Cela peut conduire à l’utilisation indiscriminée d’un traitement non pertinent, et malgré des effets secondaires non négligeables (incontinence urinaire, dysfonction érectile).

Afin de différencier les tumeurs inoffensives des tumeurs agressives, une équipe de chercheurs français a utilisé une lignée de souris génétiquement modifiées pour développer un cancer de la prostate, afin de suivre l’intégralité des étapes de l’évolution de ce cancer, dont les premiers stades sont inconnus chez l’être humain. En séquençant l’ARN des cellules cancéreuses des souris modèles à différents stades de la progression tumorale, les chercheurs ont pu caractériser les protéines associées à ces différentes phases.

L’équipe de recherche a montré que la protéine HIF1A était associée à la progression tumorale : sa surexpression dès le stade précancéreux se maintenait dans les cellules tumorales par la suite. « Nos travaux montrent que cette protéine exprimée très précocement est essentielle au développement tumoral. Nous disposons donc d’une nouvelle cible thérapeutique intéressante pour tenter de bloquer l’évolution du cancer au diagnostic », confient les chercheurs au service de presse de l’Inserm.

Enfin, la surexpression de la protéine TGM2 s’est révélée prédictive du risque de rechute après prostatectomie : plus le niveau de TGM2 dans des échantillons tumoraux retirés de ces patients était élevé, plus le risque de rechute et de décès prématuré était élevé. « Ces résultats restent à confirmer, mais nous avons vraisemblablement identifié un marqueur pronostique qui pourrait servir à adapter le traitement après la chirurgie », expliquent les chercheurs.

Pour en savoir plus

Abu el Maaty MA, Terzic J, Keime C, et al. Hypoxia-mediated stabilization of HIF1A in prostatic intraepithelial neoplasia promotes cell plasticity and malignant progression.  Science Advances 22 juillet 2022.
Inserm. Cancer de la prostate : identification d’une nouvelle cible thérapeutique et d’un marqueur pronostique. 22 septembre 2022.
À lire aussi :
Barbat V. Dépistage du cancer de la prostate : guide de survie pour le MG.  Rev Prat (en ligne) 1er décembre 2021.

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