Un vaccin thérapeutique développé par une start-up française améliore la survie et la qualité de vie de patients atteints d’un cancer du poumon avancé, selon les résultats d’un essai de phase III publiés dans Annals of Oncology.

Grâce aux progrès des immunothérapies en oncologie, les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC), qui représentent près de 85 % des cancers du poumon en France, font aujourd’hui l’objet en première ligne d’une chimiothérapie associée à une radiothérapie, ou bien d’immunothérapies en cas de cancer localement avancé ou métastatique chez les patients non porteurs d’une mutation oncogénique. Toutefois, la majorité rechute, et les patients non opérables résistants aux immunothérapies par inhibiteur de point de contrôle immunitaire (atézolizumab, cémiplizumab, pembrolizumab) de deuxième ligne se retrouvent alors sans autre option que commencer ou reprendre un cycle de chimiothérapie.

Pour éviter ce cas de figure, une start-up française a développé un nouveau traitement d’immunothérapie de troisième ligne, qualifié de vaccin thérapeutique. Il s’agit d’une immunothérapie active appelée ainsi car elle fonctionne comme un vaccin : elle consiste à présenter au système immunitaire du patient des antigènes spécifiques des cellules tumorales, afin de l’« éduquer » à les détruire. Plus spécifiquement, le médicament testé, le OSE2101, induit la reconnaissance par les lymphocytes T-cytotoxiques du patient de cinq antigènes fréquemment surexprimés dans les CBNPC. Le vaccin thérapeutique ne peut s’adresser qu’aux personnes exprimant l’antigène HLA-A2 du complexe majeur d’histocompatibilité, une condition remplie par 45 % de la population mondiale.

Pour tester ce traitement, une équipe internationale de chercheurs a monté un essai ouvert randomisé de phase III. Les patients concernés étaient HLA-A2 positifs, exempts de mutation oncogénique et souffraient de CBNPC localement avancé ou métastatique résistant à une deuxième ligne de chimiothérapie/radiothérapie ou d’immunothérapie par inhibiteur de point de contrôle immunitaire. En tout, 118 patients inclus avaient une résistance à une immunothérapie de deuxième ligne par inhibiteur de point de contrôle immunitaire. Parmi eux, 80 ont reçu OSE2101 (âge moyen de 65,4 ans, 25,0 % de femmes) et 38 ont reçu la troisième ligne standard (âge moyen de 64,6 ans, 28,9 % de femmes). Le critère de jugement principal était la survie, tandis que les critères secondaires incluaient la survie sans progression, des scores de qualité de vie et de l’état de santé.

Bien qu’arrêtée prématurément en raison de la pandémie, cette étude est très encourageante, comme le montre la parution mi-septembre de ses résultats dans Annals of Oncology. Les auteurs observent que OSE2101 améliore significativement la survie médiane de 3,6 mois, cette dernière passant de 7,5 mois à 11,1 mois. Si la survie sans progression est similaire entre les deux groupes, le questionnaire QLQ-C30 sur la qualité de vie ainsi que le score ECOG sont significativement améliorés dans le groupe traité par OSE2101 ; 11,4 % avaient des effets indésirables significatifs contre 35,1 % sous chimiothérapie. Selon Le Monde, ces résultats ont motivé le lancement d’un nouvel essai de phase III « qui devrait démarrer en début d’année prochaine [2024] sur plus de trois cents personnes » en vue d’obtenir une AMM à l’horizon 2027.

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