Organisé, individuel ou personnalisé ? Plusieurs stratégies de dépistage du cancer du sein coexistent en France en fonction de l’âge et des facteurs de risque. Avantages, limites, progrès techniques…

 

L’intérêt du dépistage organisé du cancer du sein ne fait plus de doute. Il est actuellement démontré qu’il permet de baisser la mortalité du cancer du sein de 20 à 35 % selon les études, en moyenne de 21 %. Cependant, pour arriver à ces résultats, il est nécessaire d’obtenir une participation suffisante des femmes, estimée à plus de 70 %. En France, le taux de participation est encore trop faible, avoisinant les 50 %, avec une hétérogénéité selon les départements (de 32 à 68 %).

Pour réduire le nombre de faux positifs, le dépistage organisé est ciblé : il concerne les femmes de 50 à 74 ans, qui reçoivent tous les 2 ans une invitation à réaliser une mammographie gratuite. Le rythme des mammographies n’est pas le même pour tous les pays (tous les ans aux États-Unis, tous les 3 ans au Royaume-Uni).

En France, la particularité est que le radiologue est présent sur place dès la première lecture, il doit également réaliser un examen clinique des seins, et peut si nécessaire proposer un bilan diagnostique immédiatement, comme une échographie. Les clichés normaux sont ensuite transmis à la structure de gestion départementale pour une seconde lecture. L’objectif étant d’augmenter la sensibilité du programme de dépistage, et de réduire les faux négatifs, estimés entre 5 et 15 %. Le résultat de la seconde lecture est transmis ensuite par courrier à la femme dans un délai de 15 jours au maximum. Dans la plupart des autres pays d’Europe, le radiologue n’est pas présent lors de la première lecture.

À côté du dépistage organisé, il existe un dépistage individuel pour les femmes asymptomatiques et volontaires de moins de 50 ans ou de plus de 74 ans. Les radiologues sont les mêmes, avec les mêmes prérequis de formation et de matériel de mammographie (qui doit être vérifié tous les 6 mois par un organisme indépendant, et avec des contrôles qualité quotidiens réalisés par les manipulateurs). La grande différence est qu’il n’y a pas de double lecture des clichés normaux par un second lecteur, avec donc un risque de faux négatifs en cas de lésion subtile, d’inattention du radiologue ou de lecture difficile dans un sein dense. Le taux de participation en dépistage individuel en France est estimé à 10 %.

Le dépistage est fait par mammographie numérique. Une nouvelle technique, la tomosynthèse, qui consiste non plus à acquérir deux images fixes du sein, mais un volume d’images, par un déplacement du tube de rayons X sur une angulation définie, permet de s’affranchir des effets masquants du tissu mammaire sur d’éventuelles lésions, et d’augmenter ainsi le taux de détection des cancers, principalement invasifs, en particulier dans les seins denses. Non encore utilisé en dépistage organisé, elle est en cours d’évaluation par la HAS.

D’autres modalités de dépistage sont pratiquées dans des populations particulières : IRM mammaire annuelle à partir de 30 ans chez les femmes à très haut risque de cancer du sein, comme celles ayant mutations génétiques de type BRCA1 ou BRCA2 ; en cas de « haut risque » familial, la HAS préconise une mammographie associée à une échographie annuelle entre 40 et 50 ans, puis tous les 2 ans dans le cadre du dépistage organisé à partir de 50 ans.

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus

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Balleyguier C, Borcoman É, Attard M, et al. Stratégies actuelles de dépistage du cancer du sein. Rev Prat 2020;70:722-25.

Dans le dossier Cancer du sein (hors métastases), sous la direction du Dr Inès Vaz Luis, paru en septembre 2020.