Les médecins hospitalo-universitaires (HU) constituent la pierre angulaire des soins, de l’enseignement et de la recherche dans les centres hospitaliers universitaires (CHU) ; cette triple mission est le marqueur de l’excellence de la médecine française. Pourtant la situation continue de se dégrader, l’attractivité de la carrière s’effondre : désertification des viviers de certaines disciplines et démissions en cours de carrière (entre 2018 et 2021, 139 PU-PH et MCU-PH ont démissionné). Les jeunes candidats sont de plus en plus réticents à s’engager, en raison d’un avenir incertain et des contraintes liées à la carrière.


Revoir la formation : les critères de sélection et la formation pourraient être modulés selon la discipline et le lieu d’exercice. Les profils pourraient être centrés sur la recherche, sur la pédagogie ou sur les soins.


Mieux accompagner les jeunes médecins motivés et leur assurer une sécurité : l’âge moyen de nomination est de 44 ans pour les PU-PH et 37 ans pour les MCU-PH. Pendant plus de quinze ans après la fin de l’internat, le futur candidat connaît des conditions financières et familiales précaires. Un accompagnement administratif et financier est nécessaire pour sécuriser la formation, supposant d’étendre la mission temporaire de trois à douze mois avec maintien intégral du salaire, de permettre une deuxième mobilité, d’assurer le remplacement pendant la mobilité, d’augmenter le nombre d’années recherche.


Permettre un rattrapage rapide dans l’inté­gration dans le corps des PU-PH est nécessaire compte tenu de la brièveté de la carrière hospitalo-universitaire, environ 20 ans.


Dans la première partie de carrière, la multiplicité des tâches peut générer un mal-être, empiétant de manière importante sur la vie personnelle, laissant penser qu’une activité en hôpital non CHU ou en secteur libéral offrirait un meilleur équilibre et une rémunération plus élevée. Une cellule d’écoute et d’accompagnement devrait être créée pour les HU.


Un responsable de service doit être formé au management d’équipe, supposant la connaissance de l’organisation interne de l’hôpital, de son financement, de sa stratégie, de la sécurité, de la qualité des soins, de la gestion des hommes…


L’organisation du temps HU (libre et évolutive, avec une contractualisation interne) et son attractivité reposent sur l’intégration des activités de soins, d’enseignement et de recherche, respectant l’équilibre entre chacune d’elles. Une réelle délégation de responsabilité est indispensable, renforçant les prérogatives du chef de service et ses responsabilités universitaires. L’activité de recherche doit être reconnue et le service bénéficier des crédits liés à ses publications, ses contrats de recherche et sa contribution à l’activité des unités de recherche labellisées.


L’égalité femmes-hommes reste dominée par des barrières invisibles créées par des préjugés comportementaux et organisationnels freinant l’accès des femmes aux plus hautes responsabilités. Des mesures institutionnelles (aménagement du temps de travail…) peuvent être des pistes d’amélioration.


La rémunération d’un médecin HU associe un salaire universitaire et des émoluments hospitaliers. La situation, aggravée par les mesures du Ségur de la santé améliorant le statut des PH, est perçue comme inéquitable ; l’ensemble de la grille indiciaire doit être significativement révisée.


Le calcul de la pension de retraite ne comprend pas l’activité hospitalière. Cette situation génère un sentiment d’injustice.
Seule une prise de conscience de l’effondrement de l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires et l’étude urgente de ces propositions éviteront le déclin annoncé de la médecine hospitalo-universitaire française. 
 

Références

1. Michot F, et al. L’hôpital public en crise : origines et propositions. Bull Acad Natle Med 2019;203:109-21.
2. Michot F, et al. Ségur de la Santé : propositions de l’Académie nationale de médecine. Avis publié le 1er juillet 2020.
3. Michot F, et al. Avis sur l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires. Bull Acad Natle Med 2021;205:891-5.