La Société française de pédiatrie (SFP) alerte sur la survenue des cas d’infections néonatales très graves à échovirus 11 (un entérovirus) et précise la conduite à tenir.

Selon la SFP, 9 cas d’infections néonatales graves à entérovirus (échovirus 11) ont été diagnostiqués depuis juillet 2022, dans un tableau de sepsis sévère, compliqué d’insuffisance hépatocellulaire grave et parfois d’atteinte myocardique, neurologique ou d’entérocolite.

Il s’agit de 4 paires de jumeaux nés entre 31+5 SA et 36+3 SA ainsi que d’un enfant né à 39 SA. Tous ont eu des signes cliniques entre 3 et 6 jours de vie, dans un contexte de transmission maternofœtale avérée (7 cas) ou probable. Un contexte infectieux maternel (fièvre, signes digestifs) a été rapporté pour 4 des 5 mères dans les 48 heures précédant l’accouchement. Sept enfants sont décédés et deux sont toujours hospitalisés en réanimation. Selon les pédiatres, un tel taux de mortalité n’avait à ce jour jamais été observé dans le cadre de la surveillance des infections néonatales à entérovirus.

Comment expliquer ce phénomène ?

Plusieurs facteurs pourraient expliquer la sévérité de l’infection :

1) l’acquisition de l’infection dans les 7 premiers jours de vie ;

2) la prématurité et le petit poids de naissance (5/9 nouveau-nés) ;

3) la circulation d’un nouveau variant d’échovirus 11, type prédominant en 2022 chez les nouveau-nés (30,2 % des virus identifiés), détecté à partir du mois de juin en France métropolitaine et dans certains départements et régions d’outre-mer (Nouvelle-Calédonie et Réunion) ;

4) la possibilité déjà connue pour l’échovirus 11 de donner des infections néonatales graves

avec défaillance hépatique majeure ;

5) la gémellité et le sexe masculin qui sont très prépondérants chez les patients rapportés.

Une première alerte au sujet des 7 premiers cas avait été faite le 3 février par le CNR des entérovirus. La survenue de 2 nouveaux cas graves dans un contexte de circulation d’un nouveau variant d’échovirus 11 incite à une plus grande vigilance et justifie une surveillance renforcée.

Conduite à tenir

La SFP recommande de :

  • évoquer l’infection à entérovirus chez les nouveau-nés ayant une insuffisance hépatique grave, une entérocolite, une méningo-encéphalite ou une myocardite ;
  • surveiller de manière rapprochée la fonction hépatique, cardiaque, neurologique et le risque d’entérocolite chez les nouveau-nés ayant un tableau de sepsis néonatal sévère d’étiologie indéterminée ;
  • prévenir précocement les CHU de référence pour tout enfant ayant un tableau compatible avec une infection à entérovirus, l’aggravation pouvant être rapide et brutale ;
  • réaliser systématiquement chez ces patients, en sus des prélèvements bactériologiques, des prélèvements (sang, selles, nasopharyngé) incluant une recherche du génome des entérovirus (RT-PCR) chez les nouveau-nés et la mère ;
  • en cas de diagnostic avéré, se rapprocher très rapidement du groupe de praticiens cliniciens et virologues spécialisés pour discuter d’éventuelles options thérapeutiques ;
  • en cas d’infection maternelle avérée en pré- ou per-partum, surveiller l’enfant pendant au moins 7 jours ;
  • en cas de positivité pour la recherche d’entérovirus, adresser les prélèvements pour typage moléculaire aux laboratoires du CNR des entérovirus.

Pour en savoir plus
Société française de pédiatrie. Infections néonatales sévères à Echovirus 11, juillet 2022 – avril 2023. 26 avril 2023.

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