Devant l’augmentation continue de l’incidence des cancers, devenus en France la première cause de mortalité, la prévention primaire est l’un des défis majeurs des politiques de santé et de la stratégie de lutte contre le cancer. Nombreux sont les cancers favorisés par des facteurs de risque évitables, accessibles à la prévention.
Facteurs de risque accessibles à la prévention primaire
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), en collaboration avec les agences sanitaires et les experts, a estimé que 41 % des cancers chez l’adulte en France, soit 142 000 cas en 2015, étaient attribuables à un mode de vie défavorable, à des agents infectieux et à des expositions environnementales (tableau ).1
Le tabagisme actif est la première cause de cancers (environ 20 %), notamment des cancers du poumon (32 686 cas), de la cavité orale et du pharynx (9 458 cas), et de la vessie (4 333 cas). Le tabagisme passif, même s’il tend à diminuer, a aussi un impact sur l’incidence du cancer du poumon.
La consommation d’alcool est le deuxième facteur de risque évitable (8 % des cancers), associé à une augmentation du risque de cancer de la cavité buccale et du pharynx, de l’œsophage, du côlon-rectum, du foie et des voies biliaires, du larynx, du sein. Avec plus de 8 000 cas attribuables en 2015, l’alcool constitue la première cause évitable de cancer du sein. Une étude française a estimé que près de 16 000 cancers pourraient être évités en respectant les recommandations des autorités sanitaires, à savoir de ne pas boire plus de deux verres standard par jour et dix par semaine.2
Le surpoids et l’obésité représentent la troisième cause évitable de cancers (plus de 5 %). Au total, près de 12 % des cancers sont attribuables aux facteurs nutritionnels : excès de poids, alimentation déséquilibrée et manque d’activité physique. Avec la progression de l’excès de poids, la part attribuable aux facteurs de risque métabolique a connu la plus forte augmentation en dix ans et pourrait dépasser celle des cancers liés au tabac dans de nombreux pays.3
Enfin, un peu moins de 10 % des cancers sont attribuables aux facteurs environnementaux, incluant les expositions professionnelles, le rayonnement ultraviolet, le radon domestique et la pollution de l’air. Toutefois, leur part est très probablement sous-estimée, par manque de données d’exposition en population générale, et relatives à la quantification des risques, nécessaires à son estimation.
Ces facteurs de risque ont une plus forte prévalence connue chez les personnes en situation socioéconomique défavorisée et expliquent une part conséquente des inégalités d’incidence des cancers en France. Ces inégalités se trouvent renforcées par des faibles niveaux de littératie en santé touchant de façon disproportionnée les populations vulnérables et défavorisées. D’après le Circ, 16 000 cas de cancer pourraient être évités en France, chaque année, par une amélioration des conditions de vie des populations défavorisées.4
Si environ quatre cancers sur dix sont attribuables à des facteurs modifiables, près d’un dixième sont liés à une prédisposition génétique au cancer et des antécédents familiaux. La moitié restante ne s’explique que partiellement par l’âge, les facteurs reproductifs ou la survenue de mutations « malchanceuses » lors de la réplication de l’ADN. Il est donc important de poursuivre les recherches sur les risques émergents associés notamment aux facteurs environnementaux, ainsi que sur les cancers dont l’incidence augmente rapidement.5
Le tabagisme actif est la première cause de cancers (environ 20 %), notamment des cancers du poumon (32 686 cas), de la cavité orale et du pharynx (9 458 cas), et de la vessie (4 333 cas). Le tabagisme passif, même s’il tend à diminuer, a aussi un impact sur l’incidence du cancer du poumon.
La consommation d’alcool est le deuxième facteur de risque évitable (8 % des cancers), associé à une augmentation du risque de cancer de la cavité buccale et du pharynx, de l’œsophage, du côlon-rectum, du foie et des voies biliaires, du larynx, du sein. Avec plus de 8 000 cas attribuables en 2015, l’alcool constitue la première cause évitable de cancer du sein. Une étude française a estimé que près de 16 000 cancers pourraient être évités en respectant les recommandations des autorités sanitaires, à savoir de ne pas boire plus de deux verres standard par jour et dix par semaine.2
Le surpoids et l’obésité représentent la troisième cause évitable de cancers (plus de 5 %). Au total, près de 12 % des cancers sont attribuables aux facteurs nutritionnels : excès de poids, alimentation déséquilibrée et manque d’activité physique. Avec la progression de l’excès de poids, la part attribuable aux facteurs de risque métabolique a connu la plus forte augmentation en dix ans et pourrait dépasser celle des cancers liés au tabac dans de nombreux pays.3
Enfin, un peu moins de 10 % des cancers sont attribuables aux facteurs environnementaux, incluant les expositions professionnelles, le rayonnement ultraviolet, le radon domestique et la pollution de l’air. Toutefois, leur part est très probablement sous-estimée, par manque de données d’exposition en population générale, et relatives à la quantification des risques, nécessaires à son estimation.
Ces facteurs de risque ont une plus forte prévalence connue chez les personnes en situation socioéconomique défavorisée et expliquent une part conséquente des inégalités d’incidence des cancers en France. Ces inégalités se trouvent renforcées par des faibles niveaux de littératie en santé touchant de façon disproportionnée les populations vulnérables et défavorisées. D’après le Circ, 16 000 cas de cancer pourraient être évités en France, chaque année, par une amélioration des conditions de vie des populations défavorisées.4
Si environ quatre cancers sur dix sont attribuables à des facteurs modifiables, près d’un dixième sont liés à une prédisposition génétique au cancer et des antécédents familiaux. La moitié restante ne s’explique que partiellement par l’âge, les facteurs reproductifs ou la survenue de mutations « malchanceuses » lors de la réplication de l’ADN. Il est donc important de poursuivre les recherches sur les risques émergents associés notamment aux facteurs environnementaux, ainsi que sur les cancers dont l’incidence augmente rapidement.5
Moins de 10 % des cancers sont génétiquement déterminés
Le cancer peut toucher plusieurs membres d’une même famille sans pour autant être héréditaire. Ainsi, seuls 5 à 10 % des cancers sont génétiquement déterminés, c’est-à-dire liés à la présence dans le génome de l’individu d’une altération génétique, appelée « mutation » ou « variant pathogène », transmissible à la descendance. Les familles à risque héréditaire de cancer doivent bénéficier d’une prise en charge spécifique, coordonnée par un oncogénéticien et le médecin traitant.
À ce jour, près de 80 gènes de prédisposition au cancer sont identifiés et plus de 30 000 nouvelles familles en France sont concernées chaque année par l’identification d’une mutation responsable de cancers héréditaires. Il s’agit majoritairement de prédispositions aux cancers du sein et de l’ovaire (2/3) ainsi que du tube digestif (1/6) dont le syndrome de Lynch. Les autres prédispositions sont moins fréquentes, comme les cancers pédiatriques, dont le syndrome de Li-Fraumeni, les rétinoblastomes, les cancers du rein, les néoplasies endocriniennes, etc.6
Si une cause génétique est supposée, au vu de l’histoire personnelle ou familiale de cancer, des analyses génétiques sont proposées à la personne présentant les caractéristiques les plus évocatrices d’une prédisposition, en général une personne atteinte de cancer. Il s’agit d’examens visant à séquencer simultanément plusieurs gènes susceptibles d’expliquer l’histoire familiale (analyses en panel de gènes). Le Groupe génétique et cancer d’Unicancer a ainsi établi un panel de treize gènes pour le syndrome sein-ovaire7 et de quatorze gènes pour les cancers du tube digestif avec ou sans polypose,8 tous reconnus d’utilité clinique.
En cas d’identification d’une mutation sur l’un des gènes étudiés, des tests peuvent être proposés aux apparentés pour vérifier s’ils sont ou non porteurs de cette mutation (tests présymptomatiques). Une prise en charge spécifique est proposée aux personnes porteuses (surveillance renforcée, dépistage précoce des cancers, chirurgie prophylactique) dans le cadre de programmes de suivi régionaux. Les personnes non porteuses peuvent être rassurées. Si aucune mutation n’est identifiée lors des analyses initiales, une prédisposition ne peut pas être totalement éliminée, et des conseils de surveillance fondés sur l’histoire familiale et l’estimation des risques de cancer sont alors donnés.
Différentes situations peuvent faire évoquer le caractère héréditaire d’un cancer et justifier un avis auprès d’un oncogénéticien. Il s’agit notamment d’une agrégation de cancers du même type ou d’un même spectre dans une branche parentale, d’un âge précoce au diagnostic de cancer, d’une association de cancers (sein-ovaire, sein-sarcome, côlon-endomètre, etc.), de cancers multiples chez une même personne ou parfois de caractéristiques tumorales spécifiques. Le score d’Eisinger9 pour le syndrome sein-ovaire ou les critères d’Amsterdam II10 pour le syndrome de Lynch permettent également de repérer des familles potentiellement à risque.
Depuis quelques années, l’apparition de nouvelles classes thérapeutiques (inhibiteurs de poly[ADP-ribose] polymérase [Parp]) a modifié cette approche familiale puisqu’en cas de mutation sur un gène BRCA1 (Breast Cancer) ou BRCA2, ces traitements ont montré une grande efficacité. Cela a conduit le dispositif national d’oncogénétique à mettre en place des circuits rapides à visée théranostique pour certains cancers (ovaire, sein, pancréas, prostate). Les patients sont alors adressés directement en oncogénétique par l’oncologue, parfois en dehors d’un contexte familial de cancer.
À ce jour, près de 80 gènes de prédisposition au cancer sont identifiés et plus de 30 000 nouvelles familles en France sont concernées chaque année par l’identification d’une mutation responsable de cancers héréditaires. Il s’agit majoritairement de prédispositions aux cancers du sein et de l’ovaire (2/3) ainsi que du tube digestif (1/6) dont le syndrome de Lynch. Les autres prédispositions sont moins fréquentes, comme les cancers pédiatriques, dont le syndrome de Li-Fraumeni, les rétinoblastomes, les cancers du rein, les néoplasies endocriniennes, etc.6
Si une cause génétique est supposée, au vu de l’histoire personnelle ou familiale de cancer, des analyses génétiques sont proposées à la personne présentant les caractéristiques les plus évocatrices d’une prédisposition, en général une personne atteinte de cancer. Il s’agit d’examens visant à séquencer simultanément plusieurs gènes susceptibles d’expliquer l’histoire familiale (analyses en panel de gènes). Le Groupe génétique et cancer d’Unicancer a ainsi établi un panel de treize gènes pour le syndrome sein-ovaire7 et de quatorze gènes pour les cancers du tube digestif avec ou sans polypose,8 tous reconnus d’utilité clinique.
En cas d’identification d’une mutation sur l’un des gènes étudiés, des tests peuvent être proposés aux apparentés pour vérifier s’ils sont ou non porteurs de cette mutation (tests présymptomatiques). Une prise en charge spécifique est proposée aux personnes porteuses (surveillance renforcée, dépistage précoce des cancers, chirurgie prophylactique) dans le cadre de programmes de suivi régionaux. Les personnes non porteuses peuvent être rassurées. Si aucune mutation n’est identifiée lors des analyses initiales, une prédisposition ne peut pas être totalement éliminée, et des conseils de surveillance fondés sur l’histoire familiale et l’estimation des risques de cancer sont alors donnés.
Différentes situations peuvent faire évoquer le caractère héréditaire d’un cancer et justifier un avis auprès d’un oncogénéticien. Il s’agit notamment d’une agrégation de cancers du même type ou d’un même spectre dans une branche parentale, d’un âge précoce au diagnostic de cancer, d’une association de cancers (sein-ovaire, sein-sarcome, côlon-endomètre, etc.), de cancers multiples chez une même personne ou parfois de caractéristiques tumorales spécifiques. Le score d’Eisinger9 pour le syndrome sein-ovaire ou les critères d’Amsterdam II10 pour le syndrome de Lynch permettent également de repérer des familles potentiellement à risque.
Depuis quelques années, l’apparition de nouvelles classes thérapeutiques (inhibiteurs de poly[ADP-ribose] polymérase [Parp]) a modifié cette approche familiale puisqu’en cas de mutation sur un gène BRCA1 (Breast Cancer) ou BRCA2, ces traitements ont montré une grande efficacité. Cela a conduit le dispositif national d’oncogénétique à mettre en place des circuits rapides à visée théranostique pour certains cancers (ovaire, sein, pancréas, prostate). Les patients sont alors adressés directement en oncogénétique par l’oncologue, parfois en dehors d’un contexte familial de cancer.
Cancers d’origine professionnelle sous-diagnostiqués et sous-déclarés
Selon l’enquête Sumer, 10,2 % des salariés sont exposés à un ou plusieurs facteurs cancérigènes sur leur lieu de travail, représentant 2,37 millions de personnes en France.11 Malgré la diminution de certaines expositions et l’évolution des dispositifs de protection, des inégalités persistent.12 Une augmentation est mise en évidence pour certaines expositions, dont le travail de nuit chez les femmes.13
Le Circ estime qu’en 2015, 12 314 (3,6 %) nouveaux cas de cancers en France étaient attribuables aux expositions professionnelles.1 Malgré son interdiction en France, l’amiante reste le cancérogène le plus impliqué dans la survenue de cancers d’origine professionnelle, représentant 45 % des cancers professionnels chez les hommes et 60 % chez les femmes. La part attribuable aux expositions professionnelles est la plus élevée pour le mésothéliome (71 %), les cancers de la cavité nasale (25 %) et du nasopharynx (17 %) ainsi que le cancer du poumon (15 %).
Les cancers d’origine professionnelle sont largement sous-diagnostiqués et sous-déclarés en maladie professionnelle en France et dans le monde.14 La méconnaissance des expositions professionnelles par les professionnels de santé et les patients contribue à ce phénomène. La grande mobilité professionnelle horizontale et la diversité des expositions des populations les plus à risque rendent aussi difficile le repérage de ces expositions.
Un dispositif, fondé sur un autoquestionnaire de repérage des expositions professionnelles et une consultation médicale, a été mis en place pour les patients atteints d’un cancer du poumon au centre Léon-Bérard, en collaboration avec le service de médecine du travail des Hospices civils de Lyon. L’autoquestionnaire vise à recueillir auprès du patient le cursus laboris : emplois occupés, tâches effectuées, durée dans chaque emploi et éventuelles expositions professionnelles. En fonction des éléments renseignés, une consultation médicale est proposée pour évaluer les possibilités de reconnaissance en maladie professionnelle. L’analyse médico-économique a permis d’évaluer son coût à 62 € par patient (hors consultation médicale).15 La capacité de ce dispositif à repérer de manière systématique les expositions professionnelles et accompagner les patients dans les démarches de reconnaissance en maladie professionnelle a été démontrée dans plusieurs centres de lutte contre le cancer et structures apparentées (Lyon, Lille, Caen, Clermont-Ferrand, Avignon). Une réunion de concertation pluridisciplinaire thématique a ainsi été mise en place.
Une réflexion plus large, en partenariat avec les décideurs et les acteurs du système de santé, est désormais nécessaire pour l’intégration de ce dispositif dans le parcours de soins des patients atteints d’un cancer, notamment ceux pour lesquels la fraction de risque attribuable aux expositions professionnelles est élevée. Repérer plus systématiquement les expositions professionnelles contribuerait à faciliter l’accès aux droits pour les patients, accentuer la vigilance sur de potentiels risques émergents et prévenir des cancers d’origine professionnelle.
Le Circ estime qu’en 2015, 12 314 (3,6 %) nouveaux cas de cancers en France étaient attribuables aux expositions professionnelles.1 Malgré son interdiction en France, l’amiante reste le cancérogène le plus impliqué dans la survenue de cancers d’origine professionnelle, représentant 45 % des cancers professionnels chez les hommes et 60 % chez les femmes. La part attribuable aux expositions professionnelles est la plus élevée pour le mésothéliome (71 %), les cancers de la cavité nasale (25 %) et du nasopharynx (17 %) ainsi que le cancer du poumon (15 %).
Les cancers d’origine professionnelle sont largement sous-diagnostiqués et sous-déclarés en maladie professionnelle en France et dans le monde.14 La méconnaissance des expositions professionnelles par les professionnels de santé et les patients contribue à ce phénomène. La grande mobilité professionnelle horizontale et la diversité des expositions des populations les plus à risque rendent aussi difficile le repérage de ces expositions.
Un dispositif, fondé sur un autoquestionnaire de repérage des expositions professionnelles et une consultation médicale, a été mis en place pour les patients atteints d’un cancer du poumon au centre Léon-Bérard, en collaboration avec le service de médecine du travail des Hospices civils de Lyon. L’autoquestionnaire vise à recueillir auprès du patient le cursus laboris : emplois occupés, tâches effectuées, durée dans chaque emploi et éventuelles expositions professionnelles. En fonction des éléments renseignés, une consultation médicale est proposée pour évaluer les possibilités de reconnaissance en maladie professionnelle. L’analyse médico-économique a permis d’évaluer son coût à 62 € par patient (hors consultation médicale).15 La capacité de ce dispositif à repérer de manière systématique les expositions professionnelles et accompagner les patients dans les démarches de reconnaissance en maladie professionnelle a été démontrée dans plusieurs centres de lutte contre le cancer et structures apparentées (Lyon, Lille, Caen, Clermont-Ferrand, Avignon). Une réunion de concertation pluridisciplinaire thématique a ainsi été mise en place.
Une réflexion plus large, en partenariat avec les décideurs et les acteurs du système de santé, est désormais nécessaire pour l’intégration de ce dispositif dans le parcours de soins des patients atteints d’un cancer, notamment ceux pour lesquels la fraction de risque attribuable aux expositions professionnelles est élevée. Repérer plus systématiquement les expositions professionnelles contribuerait à faciliter l’accès aux droits pour les patients, accentuer la vigilance sur de potentiels risques émergents et prévenir des cancers d’origine professionnelle.
Priorisation des actions de prévention
Restée longtemps le parent pauvre de la culture médicale, la prévention se développe grâce notamment à la Stratégie nationale de santé 2018-2022, qui a fait de la prévention et de la promotion de la santé une priorité, et à la Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 ; de plus, le ministère de la Santé et de la Prévention a été créé en 2022.
Cependant, les stratégies ont largement privilégié les approches au niveau de la population, avec des résultats mitigés.16 Face à des niveaux de littératie faibles, elles peuvent involontairement aggraver les inégalités de santé.17 Aussi, de nombreuses situations à risque élevé de cancer ne sont pas identifiées. Des approches ciblées ont été mises en œuvre avec succès pour des risques génétiques ou liés à des expositions spécifiques. Mais la fragmentation entre la prévention en population et les approches ciblées à destination des personnes à risque élevé atténue l’efficacité des efforts de prévention déployés.18 Le Haut Conseil de la santé publique préconise des approches de prévention combinées, ainsi qu’un rôle des offreurs de soins dans la mise en œuvre d’une prévention personnalisée ciblant les personnes à risque accru de cancers et des situations de vulnérabilité.19
Plusieurs initiatives sont en cours d’expérimentation, telles qu’une intervention personnalisée de prévention chez les proches aidants de patients atteints de cancer au centre Léon-Bérard (https://vu.fr/ueIam) et le programme Interception de l’institut Gustave-Roussy (https://www.gustaveroussy.fr/fr/interception), qui proposent des parcours de prévention adaptés à différents profils de personnes à risque élevé de cancer.
La capacité de l’individu à prendre des décisions informées est souvent surestimée. Aussi les choix de santé individuels et modes de vie se construisent-ils à travers les interactions complexes avec l’environnement de vie et les défis socioculturels, économiques et commerciaux du cadre de vie. L’environnement familial partage très souvent un même mode de vie et possiblement les mêmes expositions. La motivation au changement est d’autant plus grande et pérenne que les différents membres d’une famille sont sensibilisés et ont une meilleure perception du risque de cancer.
Les bénéfices des approches de prévention ciblées doivent être soutenus par des approches populationnelles et territoriales de promotion de la santé ainsi que des politiques publiques propices à la prévention et la réduction des facteurs de risque.20 Si la lutte contre le tabagisme doit adjoindre aux approches individuelles des stratégies de sensibilisation nationales et des efforts réglementaires, la réduction des expositions environnementales, telles que la pollution de l’air, nécessite de compléter les politiques publiques par une sensibilisation des individus et une évolution des mobilités.
Enfin, de nombreuses pathologies chroniques partagent des facteurs de risque et déterminants accessibles à la prévention. Ainsi, les mesures du Plan priorité prévention, ciblant notamment l’alimentation et l’activité physique, contribueront à réduire le risque de cancer et plus largement à améliorer la santé.
Cependant, les stratégies ont largement privilégié les approches au niveau de la population, avec des résultats mitigés.16 Face à des niveaux de littératie faibles, elles peuvent involontairement aggraver les inégalités de santé.17 Aussi, de nombreuses situations à risque élevé de cancer ne sont pas identifiées. Des approches ciblées ont été mises en œuvre avec succès pour des risques génétiques ou liés à des expositions spécifiques. Mais la fragmentation entre la prévention en population et les approches ciblées à destination des personnes à risque élevé atténue l’efficacité des efforts de prévention déployés.18 Le Haut Conseil de la santé publique préconise des approches de prévention combinées, ainsi qu’un rôle des offreurs de soins dans la mise en œuvre d’une prévention personnalisée ciblant les personnes à risque accru de cancers et des situations de vulnérabilité.19
Plusieurs initiatives sont en cours d’expérimentation, telles qu’une intervention personnalisée de prévention chez les proches aidants de patients atteints de cancer au centre Léon-Bérard (https://vu.fr/ueIam) et le programme Interception de l’institut Gustave-Roussy (https://www.gustaveroussy.fr/fr/interception), qui proposent des parcours de prévention adaptés à différents profils de personnes à risque élevé de cancer.
La capacité de l’individu à prendre des décisions informées est souvent surestimée. Aussi les choix de santé individuels et modes de vie se construisent-ils à travers les interactions complexes avec l’environnement de vie et les défis socioculturels, économiques et commerciaux du cadre de vie. L’environnement familial partage très souvent un même mode de vie et possiblement les mêmes expositions. La motivation au changement est d’autant plus grande et pérenne que les différents membres d’une famille sont sensibilisés et ont une meilleure perception du risque de cancer.
Les bénéfices des approches de prévention ciblées doivent être soutenus par des approches populationnelles et territoriales de promotion de la santé ainsi que des politiques publiques propices à la prévention et la réduction des facteurs de risque.20 Si la lutte contre le tabagisme doit adjoindre aux approches individuelles des stratégies de sensibilisation nationales et des efforts réglementaires, la réduction des expositions environnementales, telles que la pollution de l’air, nécessite de compléter les politiques publiques par une sensibilisation des individus et une évolution des mobilités.
Enfin, de nombreuses pathologies chroniques partagent des facteurs de risque et déterminants accessibles à la prévention. Ainsi, les mesures du Plan priorité prévention, ciblant notamment l’alimentation et l’activité physique, contribueront à réduire le risque de cancer et plus largement à améliorer la santé.
Aller vers des combinaisons d’approches ciblées et populationnelles
Réussir le virage de la prévention lance de nombreux défis pour accélérer le continuum entre compréhension des causes du cancer et mise en œuvre de stratégies de prévention et de promotion de santé efficaces. Les efforts pour développer la prochaine génération d’interventions, combinant approches ciblées et populationnelles, doivent impliquer des partenariats et approches participatives afin de mieux prendre en compte les besoins des parties prenantes, populations cibles et professionnels des secteurs médico-sociaux. La démarche d’« aller vers » est également très pertinente dans le domaine de la prévention des cancers.
L’intégration des approches de prévention et promotion de la santé dans d’autres secteurs de la vie économique, tels que l’urbanisme ou le bâtiment, doit être renforcée. Des programmes comme Cancept (réseau de recherche transdisciplinaire sur la nutrition et l’environnement en prévention primaire des cancers) visent à relever ces défis fondés sur la recherche, l’expertise de terrain et la participation des parties prenantes.
Par ailleurs, des efforts de recherche doivent être poursuivis pour mieux comprendre les interactions complexes entre modes de vie et environnement, les bénéfices de leur intégration dans la conception des interventions tels l’impact des choix alimentaires sur l’environnement, ou l’effet des modes de déplacement sur la réduction des émissions de polluants.
Enfin, le manque de médecins, notamment de médecins généralistes, constitue un défi tout particulier pour la prévention, tout comme la recherche d’un modèle économique durable pour la financer.
L’intégration des approches de prévention et promotion de la santé dans d’autres secteurs de la vie économique, tels que l’urbanisme ou le bâtiment, doit être renforcée. Des programmes comme Cancept (réseau de recherche transdisciplinaire sur la nutrition et l’environnement en prévention primaire des cancers) visent à relever ces défis fondés sur la recherche, l’expertise de terrain et la participation des parties prenantes.
Par ailleurs, des efforts de recherche doivent être poursuivis pour mieux comprendre les interactions complexes entre modes de vie et environnement, les bénéfices de leur intégration dans la conception des interventions tels l’impact des choix alimentaires sur l’environnement, ou l’effet des modes de déplacement sur la réduction des émissions de polluants.
Enfin, le manque de médecins, notamment de médecins généralistes, constitue un défi tout particulier pour la prévention, tout comme la recherche d’un modèle économique durable pour la financer.
Références
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2. Ren Y, Chase E, d’Almeida T, Allegre J, Latino-Martel P, Deschamps V, et al. Modelling the number of avoidable new cancer cases in France attributable to alcohol consumption by following official recommendations: A simulation study. Addiction 2021;116(9):2316‑25.
3. Sung H, Siegel RL, Torre LA, Pearson-Qtuttard J, Islami F, Fedewa SA, et al. Global patterns in excess body weight and the associated cancer burden. CA Cancer J Clin 2019;69(2):88‑112.
4. Vaccarella S, Lortet-Tieulent J, Saracci R, Conway DI, Straif K, Wild CP. Reducing social inequalities in cancer: Evidence and priorities for research. IARC Scientific Publications 2019;168.
5. Deneuve S, Perol O, Dantony E, Guizard V, Bossard N, Virard F, et al. Diverging incidence trends of oral tongue cancer compared to other head and neck cancers in young adults in France. Int J Cancer 2022;150(8):1301‑9.
6. Oncogénétique en 2020 - Consultations & laboratoires, suivi en 2019 et 2020, collection Appui à la décision. Institut national du cancer 2022.
7. Moretta J, Berthet P, Bonadona V, Caron O, Cohen-Haguenauer O, Colas C, et al. The French Genetic and Cancer Consortium guidelines for multigene panel analysis in hereditary breast and ovarian cancer predisposition. Bull Cancer 2018;105(10):907‑17.
8. Dhooge M, Baert-Desurmont S, Corsini C, Caron O, Andrieu N, Berthet P, et al. National recommendations of the French Genetics and Cancer Group - Unicancer on the modalities of multi-genes panel analyses in hereditary predispositions to tumors of the digestive tract. Eur J Med Genet 2020;63(12):104080.
9. Eisinger F, Bressac B, Castaigne D, Cottu PH, Lansac J, Lefranc JP, et al. Identification and management of hereditary predisposition to cancer of the breast and the ovary (update 2004). Bull Cancer 2004;91(3):219‑37.
10. Olschwang S. Cancer du côlon héréditaire non polyposique (syndrome HNPCC). Encyclopédie Orphanet 2004.
11. La surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (2016-2017), enquête SUMER. Ministère du Travail 2017.
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