Des études sur l’animal, en particulier le chien, ont montré un certain effet du cannabidiol (CBD) – phytocannabinoïde non psychotrope autorisé à la vente – dans l’amélioration des douleurs liées à l’ostéoarthrite. Mais les études cliniques solides font défaut. Lorsqu’elles existent, elles évaluent surtout le CBD à petite dose, sans qu’un résultat significatif ne soit apparu jusqu’à présent.
Des chercheurs autrichiens ont donc mené un essai randomisé en double aveugle contrôlé par placebo. Ils ont évalué l’efficacité du CBD à haute dose durant 8 semaines, en tant que complément à l’antalgie par paracétamol, dans le traitement de la gonarthrose chronique (effet sur la douleur, la fonction et la qualité de vie globale autoévaluée par le patient).
Pas d’effet significatif mais davantage d’EI
Conduit entre octobre 2020 et mars 2022, cet essai a inclus 86 personnes (âge moyen : 62,8 ans ; 70 % de femmes) avec une gonarthrose diagnostiquée engendrant une douleur chronique du genou (≥ 5 dans l’échelle d’évaluation Womac [Western Ontario and McMasters Universities Osteoarthritis Index], qui prend en compte la douleur, la rigidité et l’impact fonctionnel ; dans ce score, 0 représente l’absence de douleur et 10 la plus grande douleur).
Les participants ont été aléatoirement répartis (1 :1) pour recevoir pendant 8 semaines soit du CBD per os à la dose de 600 mg/j (dose proche de celle utilisée dans l’épilepsie) soit un placebo. Les deux groupes recevaient aussi un traitement par paracétamol (3 g/j). Tout au long de l’étude, ni la consommation d’autres cannabinoïdes, que ce soit à des fins thérapeutiques ou récréatives, ni celle de benzodiazépines, ni celle d’autres médicaments anti-inflammatoires et/ou antalgiques n’était autorisée – AINS, corticostéroïdes, opioïdes (hormis le tramadol en tant que traitement de secours d’appoint).
Le critère principal de jugement était le changement dans la douleur (évaluée grâce au score Womac) entre le début et la fin du traitement. Les critères secondaires incluaient la rigidité et la fonction physique, aussi évaluées par ce score, ainsi que l’utilisation de tramadol et le changement dans la qualité de vie, entre autres.
Résultats : à l’issue du traitement, la réduction moyenne au score Womac était de 2,5 points dans le groupe CBD contre 2,4 points dans le groupe placebo, une différence non significative. L’évaluation des critères secondaires n’a pas montré non plus une différence significative.
En revanche, la fréquence des effets indésirables était significativement plus grande dans le groupe CBD (135 EI contre 105 dans le groupe placebo). La diarrhée était l’événement le plus courant dans les deux groupes, suivie des douleurs abdominales et de la fatigue. L’élévation des enzymes hépatiques était plus fréquente dans le groupe CBD.
Selon cette étude, l’ajout du CBD à forte dose au traitement antalgique par paracétamol n’a donc pas montré sa supériorité par rapport au paracétamol seul dans le traitement de la gonarthrose. Ces résultats convergent avec ceux d’études antérieures qui n’ont pas montré un effet antalgique significatif du CBD à des doses plus faibles dans des indications telles que l’arthrose de la main ou l’arthrite psoriasique.