Quatre approches cellulaires principales sont abordées. Les cellules souches humaines pluripotentes induites, mises au point par le chercheur japonais Yamanaka (prix Nobel 2012), sont issues d’une reprogrammation génétique à partir de cellules adultes somatiques différenciées. Leur grand intérêt réside dans l’étude de cellules obtenues à partir de tissus pathologiques de patients permettant de comprendre la physiopathologie de la maladie (cas du syndrome d’ataxie et de tremblement lié à l’X fragile) et éventuellement de tester les molécules thérapeutiques d’intérêt. Leur application en clinique reste toutefois limitée par un risque carcinologique qui est atténué par l’adoption de techniques dites non intégratives. Les cellules souches embryonnaires humaines sont également dotées de pluripotence ; leur différenciation dirigée permet d’obtenir des cellules d’intérêt pour une réparation tissulaire spécifique, par exemple cardiomyocytes, cellules dopaminergiques, ou cellules bêta du pancréas. Leur application clinique, qui concerne les traumatismes de la moelle épinière, les pathologies oculaires de la rétine, la maladie de Parkinson, des affections cardiovasculaires et le diabète de type 1, reste l’objet d’essais cliniques aux résultats très fragmentaires. La thérapie génique consiste en l’introduction dans l’organisme d’un acide nucléique et donc d’un médicament biologique en vue de réguler, remplacer, ajouter ou supprimer une séquence génétique. Dans le domaine hématologique, elle a été un succès pour le traitement des hémophilies A et B, les hémoglobinopathies et les déficits immunitaires. La greffe de cellules souches hématopoïétiques est un traitement standard des leucémies, cependant que les cellules CAR-T (chimeric antireceptor-T cells) sont un nouveau traitement prometteur, encore en cours d’évaluation, y compris dans les lymphomes et le myélome. En conclusion, l’élaboration de véritables «cellules médicaments» a d’ores et déjà permis de transformer le pronostic de maladies du sang gravissimes. Leur utilisation clinique élargie requiert cependant de larges essais cliniques de phase III et soulève, du fait de leur caractère onéreux, de réels problèmes économiques et sociétaux.

François Guilhot, Inserm CIC 1402, CHU de Poitiers, Poitiers 

17 novembre 2020