L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives et Santé publique France alertent sur une hausse de la consommation de cocaïne en France mais surtout des taux d’intoxications et passages aux urgences en lien avec l’usage de ce stupéfiant.

Une consommation en hausse

Selon le rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), on constate une augmentation de la consommation de cocaïne, quelle que soit sa forme (en poudre, galette, crack) depuis 2010. Le nombre de prises en charge en Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est également en hausse entre 2015 et 2019. Cette tendance est liée à une augmentation de la production mondiale de cocaïne et des importations en Europe, favorisant une « démocratisation » de son usage dans tous les milieux sociaux.

En effet, la cocaïne est désormais le produit illicite le plus consommé après le cannabis, avec près de 21,5 millions d’usagers dans le monde en 2020 (contre 14 millions à la fin des années 1990), dont 3,5 millions en Europe. En France, le nombre d’usagers est estimé par l’OFDT à 600 000 dans l’année (vs 400 000 en 2010), contre 5 millions pour le cannabis.

En parallèle à ce rapport, Santé publique France a publié des données inédites concernant les passages aux urgences en lien avec l’usage de cocaïne.

Une augmentation forte et continue des passages aux urgences

Les données du réseau Oscour mettent en lumière une augmentation forte et continue sur la période 2010-2022 des passages aux urgences en lien avec l’usage de cocaïne. Après une période de relative stabilisation entre 2018 et 2021, les résultats montrent une hausse particulièrement forte entre 2021 et 2022 (figure).

Au total, entre 2010 et 2022, 23 335 passages aux urgences ont été identifiés. Ils concernaient majoritairement des hommes (75 %) et l’âge médian était de 32 ans, ce qui correspond aux profils habituellement les plus consommateurs au sein de la population générale. Les diagnostics de sortie étaient principalement en lien avec une intoxication (65 %), une dépendance (13 %) ou un sevrage (7,5 %). En 12 ans, le taux de passages a évolué de 8,6 à 21,2/100 000 passages, soit un taux multiplié par plus de 3. Cela représente en moyenne en France 72 passages aux urgences par semaine en 2022.

Des disparités régionales importantes ont été mises en évidence avec des taux de passages très élevés en Guyane (44,1 pour 100 000 passages), Provence-Alpes-Côte d’Azur (40,8) et Occitanie (27). Une très forte augmentation était également observée en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 à 22,9 pour 100 000 passages), Bretagne (4,3 à 34,4), Nouvelle-Aquitaine (3 à 20,6), Grand-Est (8,7 à 19,9) et Bourgogne-Franche-Comté (2,9 à 13,1).

Les usagers de cocaïne s’adressant aux urgences étaient souvent polyconsommateurs : alcool (33 %), benzodiazépines (9,6 %), cannabis (9,5 %) ou opioïdes (4,8 %). Les autres diagnostics associés étaient liés aux manifestations cardiaques (douleur thoracique, palpitations, tachycardie) et psychiatriques (agitation, dépression, anxiété, schizophrénie), complications les plus fréquentes de la consommation de cocaïne.

Comment expliquer cette augmentation des intoxications ?

Santé publique France émet trois hypothèses :

  • la circulation d’une cocaïne dont la teneur en principe actif augmente ;
  • l’émergence des nouveaux produits de synthèse (NPS) plus puissants et toxiques que la molécule, dont ils imitent les effets. En effet, le nom des produits en cause reposant uniquement sur du déclaratif, des NPS pourraient être vendus au lieu de la cocaïne à ces consommateurs ;
  • la fréquence des polyconsommations avec l’alcool, substance qui augmente la durée et la puissance des effets psychoactifs recherchés par les consommateurs ainsi que la toxicité cardiaque.
 

Enfin, SPF souligne que ces résultats sont cohérents avec les remontées issues du dispositif Drogues info service : les sollicitations sont en augmentation constante depuis 2010. Le nombre d’appels, de tchats et de questions/réponses citant la cocaïne est passé de 2 133 à 6 447 entre 2010 et 2022.

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