Les collyres mydriatiques servent à préparer l’œil à un examen ophtalmologique, en permettant de dilater la pupille (mydriase) et forçant la mise au repos de l’accommodation de l’œil (cycloplégie). Ils sont utilisés avant la réalisation d’un fond d’œil, ou pour mettre au repos l’accommodation afin de mesurer la réfraction.
Mal administrés, ils peuvent passer dans la circulation sanguine et atteindre le système digestif, cardiovasculaire et/ou nerveux central, en particulier chez de très jeunes enfants (nouveau-nés, nourrissons et prématurés).
En France, il existe deux types de collyres mydriatiques : les collyres anticholinergiques et antimuscariniques avec l’atropine, le cyclopentolate (Skiacol) et le tropicamide (Mydriaticum), et les collyres alphamimétiques de type 1 avec la phényléphrine (Néosynéphrine) (v. tableau ci-contre).
Quels effets indésirables ?
Les EI surviennent dans un délai de 20 à 30 minutes après l’administration et les symptômes sont transitoires (ils s’améliorent en 4 à 6 heures mais peuvent durer jusqu’à 12 à 24 heures).
Après l’examen, la dilatation de l’œil peut persister plusieurs heures et l’enfant peut avoir des symptômes non graves tels qu’une rougeur sur le visage et une sécheresse buccale.
Plus rarement, des effets plus graves peuvent survenir :
- Fièvre brutale et élevée (rarement sévère sauf en cas de surdosage)
- Changement dans le comportement de l’enfant : agitation, hyperexcitabilité ou somnolence brutale, et plus rarement, hallucinations ;
- Confusion, perte de mémoire pouvant se manifester chez l’enfant par des difficultés d’apprentissage ou des troubles de l’attention ;
- Maux de tête, vertiges, troubles de l’équilibre, et plus rarement, convulsions ;
- Rythme cardiaque rapide ou pression artérielle élevée ;
- Troubles digestifs : gonflement au niveau de l’abdomen, perte de mouvement des muscles de l’intestin (iléus), blocage partiel ou total de l’intestin (occlusion) chez le nouveau-né et le prématuré.
Ces effets indésirables graves se produisent le plus souvent lorsque plusieurs collyres mydriatiques sont administrés successivement.
Recos pour les soignants
Respecter les contre-indications et les modalités d’administration décrites dans le RCP.
Évaluer les risques liés à une éventuelle comorbidité : utiliser avec prudence, en raison d’un sur-risque, chez des enfants avec une maladie neurologique comme le syndrome de Down, une paralysie spastique (ou des lésions cérébrales.
Tenir compte du délai de dilatation de la pupille avant toute éventuelle nouvelle administration de collyre.
Être particulièrement attentif au risque de surdosage en cas d’iris foncés (dilatation moins facile que pour les iris clairs). Si le cyclopentolate ne fait pas effet, le remplacer par l’atropine.
Les indications des collyres mydriatiques dépendent de l’âge de l’enfant (v. tableau ci-contre). Il est essentiel de ne pas dépasser les posologies maximales et de respecter les intervalles entre chaque administration du collyre.
Pour la dilatation de l’œil chez le prématuré et le nouveau-né, préférer le tropicamide (Mydriaticum) à l’atropine, compte tenu du profil de tolérance.
Contre-indiquées chez l’enfant de moins de 12 ans : la néosynéphrine 5 % et 10 % et l’atropine 1 %.
Chez l’enfant de moins de 1 an, l’utilisation de néosynéphrine 2,5% doit être exceptionnelle et requiert une surveillance de la PA et du rythme cardiorespiratoire pendant les 30 minutes après administration.
Enfin, si c’est un parent ou un autre soignant qui administre le collyre, s’assurer qu’il a bien compris les précautions à prendre. En cas de difficulté de compréhension, l’administration doit se faire en présence d’un professionnel de santé (cabinet ou hôpital).