En cette 40e année d’existence du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), Jacqueline Lagrée, professeure émérite de philosophie à l’université de Rennes, propose un succinct ouvrage sur l’expérience des comités d’éthique.
Forte de son expérience de 40 années au sein d’un comité d’éthique, l’autrice introduit le propos par l’histoire de leur création. De nombreuses règles gouvernant la pratique médicale sont nées au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à l’issue du procès des médecins nazis (Nuremberg, 1947). Ce fut ensuite la création des comités de protection des personnes pour la recherche biomédicale en France, puis la naissance du CCNE et celle des premiers comités d’éthique liés à un territoire ou à un centre hospitalier. La composition de ces comités d’éthique, associations régies par la loi de 1901, est plurielle : leurs membres, bénévoles, peuvent être professionnels de santé, juristes, théologiens, moralistes, historiens, spécialistes de santé publique, directeurs d’hôpital, philosophes…
Lors des réunions, le cheminement de réflexion est bien codifié et fondé sur des présupposés philosophiques (liberté, responsabilité, primat du plus faible) : le problème étant posé, les membres du comité analysent et précisent le conflit entre des exigences ou des valeurs souvent contradictoires.
Insistant sur le caractère individuel de chaque avis rendu, qui doit être justifié par des arguments rationnels objectifs et impartiaux, Jacqueline Lagrée explique que « la difficulté, c’est de devoir comparer des plaisirs et des peines incomparables : pour un insuffisant rénal qui n’est pas amateur de lecture, l’immobilisation liée à la dialyse est une peine très grande ; pour un grand liseur, c’est un inconvénient. (…) On cherche la solution non pas excellente qui s’imposerait à tous indiscutablement mais la solution la meilleure dans cette situation précise, celle qu’on pourra justifier ensuite raisonnablement devant la famille, les pairs, l’institution hospitalière et d’abord soi-même. »
La philosophe illustre son propos par de nombreux exemples, comme celui, terrible, de cette femme enceinte de 35 ans déclarant une méningite avec des lésions cérébrales d’une extrême gravité et dont la famille accepte que l’arrêt du respirateur artificiel de la mère entraîne aussi le décès de l’enfant qu’elle porte. Les médecins refusent ce choix, le fœtus ayant une bonne vitalité ; ils demandent alors l’avis du comité d’éthique local. Cet avis est toujours consultatif et l’équipe médicale, ainsi éclairée, prend la décision de le suivre ou non.
Empreinte d’une belle modestie, l’autrice conclut en affirmant que, à l’issue de ces réunions de comité, « chacun de ses membres a vu son esprit s’élargir, s’aiguiser, devenir plus juste et plus ouvert ».
Forte de son expérience de 40 années au sein d’un comité d’éthique, l’autrice introduit le propos par l’histoire de leur création. De nombreuses règles gouvernant la pratique médicale sont nées au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à l’issue du procès des médecins nazis (Nuremberg, 1947). Ce fut ensuite la création des comités de protection des personnes pour la recherche biomédicale en France, puis la naissance du CCNE et celle des premiers comités d’éthique liés à un territoire ou à un centre hospitalier. La composition de ces comités d’éthique, associations régies par la loi de 1901, est plurielle : leurs membres, bénévoles, peuvent être professionnels de santé, juristes, théologiens, moralistes, historiens, spécialistes de santé publique, directeurs d’hôpital, philosophes…
Lors des réunions, le cheminement de réflexion est bien codifié et fondé sur des présupposés philosophiques (liberté, responsabilité, primat du plus faible) : le problème étant posé, les membres du comité analysent et précisent le conflit entre des exigences ou des valeurs souvent contradictoires.
Insistant sur le caractère individuel de chaque avis rendu, qui doit être justifié par des arguments rationnels objectifs et impartiaux, Jacqueline Lagrée explique que « la difficulté, c’est de devoir comparer des plaisirs et des peines incomparables : pour un insuffisant rénal qui n’est pas amateur de lecture, l’immobilisation liée à la dialyse est une peine très grande ; pour un grand liseur, c’est un inconvénient. (…) On cherche la solution non pas excellente qui s’imposerait à tous indiscutablement mais la solution la meilleure dans cette situation précise, celle qu’on pourra justifier ensuite raisonnablement devant la famille, les pairs, l’institution hospitalière et d’abord soi-même. »
La philosophe illustre son propos par de nombreux exemples, comme celui, terrible, de cette femme enceinte de 35 ans déclarant une méningite avec des lésions cérébrales d’une extrême gravité et dont la famille accepte que l’arrêt du respirateur artificiel de la mère entraîne aussi le décès de l’enfant qu’elle porte. Les médecins refusent ce choix, le fœtus ayant une bonne vitalité ; ils demandent alors l’avis du comité d’éthique local. Cet avis est toujours consultatif et l’équipe médicale, ainsi éclairée, prend la décision de le suivre ou non.
Empreinte d’une belle modestie, l’autrice conclut en affirmant que, à l’issue de ces réunions de comité, « chacun de ses membres a vu son esprit s’élargir, s’aiguiser, devenir plus juste et plus ouvert ».