Si la prévention de chutes est un enjeu crucial (et un plan national vient d’être annoncé par le gouvernement), l’aborder en consultation est chronophage. Six questions/tests cliniques simples permettent de distinguer les patients à risque faible, modéré ou élevé de chuter, et de décider la conduite à tenir en médecine générale (que proposer ? quand demander un avis spécialisé ?).
Trois questions et quatre tests cliniques simples permettent de distinguer les patients à risque faible, modéré ou élevé de chuter.
1. « Avez-vous fait une chute au cours de l’année qui vient de s’écouler ? »
Le terme « chute » englobe les « presque chutes », c’est-à-dire le recours involontaire, en cas de déséquilibre, à un point d’appui inférieur (mettre la main au sol, tomber sur son canapé lors d’un déséquilibre). Chaque année, interroger sur les chutes sans blessures et les « presque chutes » doit être systématique, car elles ne sont le plus souvent pas signalées au médecin.
2. « Avez-vous peur de tomber ? Vous sentez-vous instable par moments ? Devez-vous faire attention pour marcher ? »
La peur de tomber, la sensation d’instabilité ou la marche précautionneuse amènent la personne à modifier ses habitudes en évitant les situations à risque (pas de sortie s’il pleut ou quand il y a du monde, par peur d’être bousculé(e), par exemple).
3. Un appui unipodal ou une posture pieds en tandem (un pied devant l’autre, le talon du pied antérieur touchant le gros orteil du pied postérieur), tenus 10 secondes ou plus, signe l’absence de trouble de l’équilibre.
4. La capacité d’enchaîner cinq fois l’acte de se lever de sa chaise sans les mains, en 14 secondes ou moins, dénote l’absence d’altération de la force musculaire des membres inférieurs, nécessaire pour éviter de chuter en cas de déséquilibre.
5. Le test timed up and go (TUG) consiste à demander à la personne de se lever d’une chaise installée à 3 mètres d’un mur, de marcher vers le mur sans le toucher, de faire demi-tour, retourner à sa chaise et se rasseoir. Un TUG effectué en moins de 14 secondes affirme l’absence de difficulté à marcher.
6. Une personne qui doit faire attention pour marcher voit sa vitesse de déplacement diminuer en condition de double tâche (en attention divisée), ce qui augure un risque de chute. Une augmentation de 5 secondes du TUG lorsque cette personne doit compter à rebours de trois en trois à partir d’un nombre au hasard, ou porter un verre d’eau, témoigne d’une marche précautionneuse (stop walking when talking test).
Évaluer ces six facteurs permet de définir trois profils de risque de chute : faible, modéré ou important (tableau ci-dessous).
Conduite à tenir
Elle est adaptée au profil de risque (algorithme ci-dessous) :
– chez toutes les personnes : des conseils, incluant une activité physique régulière ;
– en cas de risque modéré : révision régulière de l’ordonnance, traitement des affections altérant la boucle d’adaptation posturale et activité physique adaptée (APA) coordonnée par un professionnel ;
– chez les patients à haut risque de chute : réaliser un bilan personnalisé en lien avec une équipe gériatrique, pour corriger tous les facteurs de risque et mettre en place une aide psychosociale.
D’après : Blain H, Bichet T, Robiaud JB, et al. Comment évaluer le risque de chute chez le sujet âgé ? Rev Prat 2022;72(3);299-304.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
A lire aussi : La chute du sujet âgé : réduire de 20 % le nombre de décès d'ici à 2024. Rev Prat (en ligne) 1er avril 2022.