Principaux vecteurs du paludisme en Afrique, les moustiques anophèles ont un tropisme pour l’homme par rapport aux autres animaux lorsqu’ils effectuent leurs repas de sang. Mais comment font-ils pour nous repérer parmi les autres animaux, et surtout pour sélectionner leur humain de choix, alors qu’ils attaquent au crépuscule quand les familles sont regroupées dans leurs maisons ? Si le CO2 et l’odeur corporelle dégagés par l’être humain attirent les moustiques en laboratoire, l’importance relative de ces informations pour expliquer le choix de cible des anophèles dans une expérience plus proche de la vie réelle restait peu étudiée.
Un groupe international de chercheurs a donc mené des expériences plus larges en utilisant des moustiques anophèles. Les moustiques ont d’abord été lâchés dans de larges cages, et testés sur leur capacité à se poser sur des cibles visuelles portant des signatures spécifiques : une température mimant celle de la peau humaine, une diffusion de CO2 reproduisant celle émise par une personne de 100 kg, ou encore l’odeur d’un humain. En permettant aux moustiques de choisir entre ces cibles, les chercheurs ont montré que les anophèles sont indifférents à la température seule et qu’ils sont attirés par le CO2 seul mais lui préfèrent l’odeur humaine. De plus, dans cette expérience, l’utilisation de plusieurs odeurs humaines a montré que toutes ne se valent pas : certains humains sont plus attirants pour les moustiques que d’autres !
Afin de déterminer quels composés chimiques jouent sur les préférences des anophèles, les chercheurs ont mené des expériences utilisant des tentes spécialement conçues pour y faire dormir des volontaires. Chaque tente était équipée de telle manière qu’elle permettait au moustique d’atterrir sur une portion de la peau des volontaires et d’être filmé. Ces expériences, menées sur six personnes, ont montré que les moustiques tendent à être attirés par les participants dont l’odeur corporelle est la plus riche en acides carboxyliques. Au contraire, les personnes systématiquement délaissées par les insectes exhalaient davantage d’eucalyptol, à l’odeur camphrée. Ces résultats, publiésdans Current Biology en mai 2023, indiquent pour les auteurs que l’odeur corporelle est déterminante dans le choix d’une cible humaine par les anophèles.
Mallordy F. Les moustiques peuvent être attirés par… votre savon ! Rev Prat (en ligne) 27 juillet 2023