Les complications infectieuses des tatouages sont aiguës ou retardées, parfois systémiques. Les mesures d’hygiène rigoureuses ont permis de diminuer les risques de transmission virale (hépatite B ou C, VIH). En revanche, les infections bactériennes restent fréquentes (10 %), dominées par les staphylocoques, streptocoques et Pseudomonas. Les complications non infectieuses sont essentiellement cutanées (67 % des cas). Elles peuvent se présenter sous forme de papulo-nodules touchant électivement la couleur noire. Les réactions allergiques se manifestent spécifiquement sur les zones de certaines couleurs, intéressant la totalité des zones de cette couleur ; elles sont chroniques, réfractaires aux traitements et liées à la formation d’un haptène à l’intérieur de la peau. La constitution de plaques, de lésions infiltrantes et hyperkératosiques est l’apanage de la couleur rouge et de ses dérivés rose ou violet.
Sur le plan histologique, il peut s’agir de lésions eczématiformes, psoriasiformes ou nodulaires (granulome tuberculoïde, réactions sarcoïdosiques).
Toutes ces lésions sont corrélées à la nature chimique de l’encre ou de ses produits de dégradation, suggérant que la nature précise des pigments présents dans les encres devrait être connue des personnes tatouées et consignée par les tatoueurs.
La destruction des tatouages est difficile et souvent partielle, la multiplicité des pigments compliquant l’exérèse. L’irradiation par laser de certains pigments, notamment rouges, peut entraîner le relargage de produits cytotoxiques et génotoxiques ayant des propriétés carcinogènes (carcinomes épidermoïdes multiples). Il est important de délivrer une information grand public, de contrôler régulièrement les encres mises sur le marché ; une nouvelle réglementation de l’Agence européenne des produits chimiques a été très récemment publiée.

Martine Bagot, hôpital Saint-Louis, unité Inserm U976, membre correspondant de l’Académie nationale de médecine

16 mars 2021