Malgré les fréquentes comorbidités psychiatriques, le trouble de l’usage de substances doit être appréhendé comme une pathologie autonome par ses déterminants, sa sémiologie et ses modalités évolutives spontanées ou sous traitement. La mise à disposition de multiples produits de synthèse via internet, jointe à la créativité des chimistes, a participé à l’émergence de pratiques inédites de type « chemsex » (association du sexe à la prise de drogues), « purple drank » (cocktail de soda, de sirop antitussif et d’antihistaminiques) ou « binge drinking » (ingestion rapide de plus de 50 g d’alcool). Les conduites addictives, relation de dépendance, résultent d’un ensemble de facteurs individuels (vulnérabilités biologique et psychique) et contextuels (disponibilité et banalisation du toxique dans l’environnement). Les pathologies mentales autres sont des facteurs de vulnérabilité à la pathologie addictive, tout comme les conduites addictives peuvent révéler une pathologie émotionnelle ou psychotique. Le médecin se doit d’entendre l’impuissance du malade face au besoin irrépressible de consommer (« craving ») et proposer une thérapeutique qui peut être chimique (y compris traitement de substitution) et psychologique. Dans la majorité des cas, un accompagnement social s’impose pour corriger les effets désocialisants du trouble de l’usage de substances ou des comportements addictifs.

Chloé Lucet, hôpital Sainte-Anne, Paris

8 décembre 2020