Le signalement depuis juin 2022 de plusieurs cas groupés de coqueluche à B. parapertussis a conduit le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) à actualiser la conduite à tenir, étant donné que leur précédent rapport, datant de 2014, ne mentionnait pas spécifiquement les coqueluches liées à cette bactérie.

Si le nombre de cas a très fortement baissé depuis l’introduction du vaccin contre la coqueluche, plusieurs cas groupés de coqueluche à B. parapertussis ont été signalés depuis fin juin 2022, le plus souvent chez des enfants bien vaccinés. La détection de B. parapertussis est souvent fortuite car les manifestations cliniques ne sont pas toujours évocatrices de coqueluche.

Le HCSP a donc publié un rapport avec les modalités du traitement des cas et des sujets contacts d’infections à B. parapertussis, en particulier lorsque les symptômes de coqueluche sont frustes et/ou le diagnostic fortuit, reposant exclusivement sur un résultat de test PCR.

Coqueluches à B. parapertussis en augmentation

La coqueluche n’est actuellement pas une maladie à déclaration obligatoire. Depuis 1996, elle est surveillée par le réseau Renacoq (Santé publique France) pour les cas hospitalisés, et par le réseau Sentinelles depuis 2017 pour la surveillance en population générale des cas non hospitalisés.

La proportion des coqueluches à B. parapertussissemble en augmentation ces dernières années, parmi l’ensemble des cas confirmés chez les nourrissons de moins de 12 mois. Elle est passée de 0,6 % (2 cas sur 162) en 2017 à 75 % (3 cas sur 4) en 2021 (données du réseau Renacoq).

Sur le premier semestre 2022, 11 des 12 cas confirmés de coqueluche notifiés étaient dus à B. parapertussis. Au mois de juillet 2022, des cas groupés d’infection à B. parapertussis chez des sujets peu symptomatiques ont été signalés ; il s’agissait d’enfants scolarisés dans des écoles maternelles, fréquentant des crèches ou gardés chez des assistantes maternelles, dans quatre régions de France (Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bretagne et Pays-de-Loire). Tous les enfants étaient à jour de leur vaccination.

En parallèle, au début de l’année 2022, le Centre national de référence (CNR) de la coqueluche et des autres bordetelloses a reçu plusieurs isolats cliniques de B. parapertussis envoyés de différentes régions françaises indiquant une possible augmentation de la circulation de B. parapertussis, alors que ce n’était pas le cas pour B. pertussis – et que, jusqu’en 2019, le nombre d’isolats collectés de B. parapertussis est resté faible et relativement stable comparé au nombre de B. pertussis. Ces données sont concordantes avec celles transmises par Santé publique France.

En outre, l’analyse microbiologique et génomique des souches de B. parapertussis isolées en 2022 montre qu’elles diffèrent de celles qui circulaient avant 2019, car plusieurs produisent la pertactine. Ces souches sont probablement importées en métropole à partir de régions où elles circulent encore, possiblement là où des vaccins à germe entier sont utilisés (car ceux-ci induisent une pression de sélection plus faible sur la perte de pertactine).

Conduite à tenir

Après avoir étudié les données épidémiologiques, bactériologiques et cliniques, le HCSP a actualisé ses recommandations.

En cas d’infection, symptomatique ou non, à B. parapertussis

Pour ces recommandations, le HCSP a pris en considération que :

  • B. parapertussis peut être responsable de formes graves de coqueluche ;
  • le signalement récent de cas groupés d’infection à B. parapertussis est un argument en faveur de sa transmissibilité ;
  • les sujets les plus à risque de développer une forme grave de coqueluche sont les nourrissons de moins de 6 mois non vaccinés, les sujets immunodéprimés ou souffrant d’une pathologie respiratoire chronique, les nourrissons ayant des antécédents de prématurité ;
  • les tests PCR multiplex ont une spécificité élevée ;
  • il n’y a pas de signal concernant le développement d’une résistance de B. parapertussis aux macrolides ;
  • l’efficacité du vaccin coqueluche acellulaire est moindre vis-à-vis de B. parapertussis que de B. pertussis ;
  • les réseaux en place en France et le CNR des Bordetella permettent d’avoir des informations précises et fiables de l’épidémiologie des infections à Bordetella.

Ainsi :

  • Devant une suspicion de coqueluche, le HCSP préconise :
    • de rechercher à la fois B. pertussis et B. parapertussis, par les tests PCR ciblant ces pathogènes, selon les modalités recommandées ;
    • de ne pas réaliser de test PCR multiplex syndromique, mais d’effectuer des tests PCR spécifiques des Bordetella.
  • Chez les sujets contacts asymptomatiques :
    • de ne pas effectuer de recherche de Bordetella par test PCR.
  • Dansles infections confirmées à B. parapertussis :
    • de traiter les sujets symptomatiques (toux), selon les mêmes modalités que ceux infectés par B. pertussis (v. ci-dessous);
    • de ne traiter les sujets a- ou paucisymptomatiques (rhinite isolée) que lorsqu’il y a dans leur entourage des sujets à risque de coqueluche grave, et selon les mêmes modalités que pour les sujets infectés par B. pertussis ;
    • de ne traiter les sujets asymptomatiques contacts proches d’un cas confirmé que s’il existe dans leur entourage un sujet à risque de forme grave. Dans cette situation, tous ces sujets contacts, quels que soient leurs antériorités de vaccination contre la coqueluche et leurs facteurs de risque, doivent recevoir une antibioprophylaxie, selon les mêmes modalités que pour les infections à B. pertussis.
  • Dans les écoles, les établissements de santé, les Ehpad et les établissements médicosociaux, de mettre en œuvre, en cas de détection de B. parapertussis chez un sujet, les mêmes mesures que pour la détection de B. pertussis.
  • De continuer de suivre l’épidémiologie des infections à B. parapertussis, avec les outils déjà en place à Santé publique France et au CNR.

En cas de coqueluche (infection symptomatique à B. pertussis)

La conduite à tenir autour d’un cas de coqueluche à B. pertussis reste la même que celle proposée dans le rapport du HCSP de 2014, à savoir :

  • mesures barrières autour du ou des cas : lavage des mains, port de masques (si possible) ;
  • vérification et la mise à jour de la vaccination coqueluche des personnes exposées ;
  • antibiothérapie des sujets infectés dans les 3 premières semaines d’évolution, en privilégiant l’azithromycine, la clarithromycine ou (en alternative) le cotrimoxazole, dans le but de réduire la transmission ;
  • recherche de Bordetella par test PCR chez les sujets contacts symptomatiques. Les tests PCR multiplex ne doivent pas être utilisés dans cette indication ;
  • antibiothérapie des sujets contacts proches à risque :
    • tous les enfants non ou mal vaccinés (ayant reçu moins de 2 ou 3 doses selon l’âge) ;
    • enfants dont la dernière vaccination date de plus de 5 ans ;
    • tous les adultes non vaccinés ou dont la dernière vaccination contre la coqueluche remonte à plus de 5 ans.
  • antibiothérapie des sujets contacts occasionnels à risque de forme grave et non protégés par la vaccination ;
  • en milieu scolaire, l’éviction des cas suspects tant que le diagnostic n’aura pas été infirmé et, s’il est confirmé, tant que le malade n’aura pas reçu 3 ou 5 jours de traitement antibiotique (selon la molécule). De même, les membres de la famille d’un cas confirmé qui sont symptomatiques (toux) doivent éviter l’accès à la collectivité tant qu’ils n’auront pas été traités par 3 ou 5 jours d’antibiotiques. L’information de la population exposée et sa surveillance pendant 3 semaines après la fin de la période de contagiosité du cas index permet de repérer des cas secondaires.

Pour en savoir plus
HCSP. Conduite à tenir autour d’un ou plusieurs cas de coqueluche. 5 janvier 2023.

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