Face au retour de la coqueluche en France, le Collège de la médecine générale a élaboré une fiche pratique pour les MG avec les symptômes évocateurs et les 5 étapes de la prise en charge en soins primaires.

D’après : Collège de la médecine générale. Alerte coqueluche !  4 juillet 2024.

5 arguments

Le CMG précise les cinq arguments qui font évoquer le diagnostic :

  • La durée de la toux, plus de 7 jours parfois jusqu’à 100 jours. Attention : ne pas se fier à ses caractéristiques. Classiquement quinteuse et émétisante voire asphyxiante chez le nourrisson et l’enfant, la toux de la coqueluche chez l’adulte peut ne revêtir aucune de ces caractéristiques.
  • La notion de cas ou de tousseurs dans l’entourage, en milieu familial, scolaire ou professionnel est un argument fort. L’infection est très contagieuse (comme la rougeole).
  • Le délai d’incubation relativement long (15 jours) entre l’infection par la bactérie (Bordetella pertussis) et le début de symptômes, ce qui distingue la coqueluche des infections virales habituelles.
  • Être vacciné ou avoir eu la coqueluche n’écarte pas l’hypothèse diagnostique : les vaccins anticoquelucheux acellulaires ont une très bonne efficacité en primovaccination chez le nourrisson mais sont moins efficaces en booster chez l’adolescent, avec un déclin d’efficacité de 45,3 % chaque année. Par ailleurs l’immunité naturelle décline dans le temps avec une protection conférée par la maladie de 5 à 10 ans.
  • Le dernier argument est épidémiologique puisque la période actuelle est celle d’une recrudescence des cas qui est observée de manière cyclique tous les 3 à 5 ans en France par le réseau Rénacoq.

La conduite à tenir en 5 étapes

En complément au communiqué de la DGS, le CMG rappelle la conduite à tenir en MG :

1. Confirmer le diagnostic par PCR nasopharyngée dans les 3 premières semaines de toux. Si ce délai est dépassé, chercher un cas secondaire dans l’entourage et lui prescrire la PCR (la sérologie n’est pas recommandée).

2. Traiter le plus rapidement possible :

Population pédiatrique (enfants de moins de 6 ans : suspension buvable) :

  • Nourrisson < 3 mois :
    • En 1re intention : clarithromycine 1 dose poids 2 fois par jour pendant 7 jours (soit 15 mg/kg/jour) 
    • En 2e intention : azithromycine 1 dose poids 1 fois par jour pendant 3 jours (soit 20 mg/kg/jour
  • Nourrisson ≥ 3 mois et enfant :
    • En 1re intention : clarithromycine 1 dose poids 2 fois par jour pendant 7 jours (soit 15 mg/kg/jour), sans dépasser la posologie adulte de 500 mg 2 fois par jour 
    • En 2e intention : azithromycine 1 dose poids 1 fois par jour pendant 3 jours (soit 20 mg/kg/jour), sans dépasser la posologie adulte de 500 mg 1 fois par jour 
  • En cas de contre-indication aux macrolides : 
    • cotrimoxazole (sulfaméthoxazole-triméthoprime) : 6 mg/kg/jour en 2 prises par jour (dose exprimée en triméthoprime) pendant 7 jours, sans dépasser la posologie adulte de 800/160 mg 2 fois par jour 
    • En cas de rupture de stock : chez l’enfant à partir de 25 kg, érythromycine 40 mg/kg/jour en 2 à 3 prises par jour pendant 14 jours sans dépasser la posologie adulte de 1g 3 fois par jour.

Population adulte :

  • En 1re intention : clarithromycine 500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours 
  • En 2e intention : azithromycine : 500 mg par jour pendant 3 jours 
  • En cas de contre-indication aux macrolides : cotrimoxazole (sulfaméthoxazole-triméthoprime) : forme 800/160 mg 1 comprimé 2 fois par jour pendant 7 jours.
  • En cas de rupture de stock : érythromycine : 1g 2 fois par jour pendant 14 jours.

3. Isoler

  • Mesures barrières habituelles.
  • Éviction scolaire des cas suspects tant que le diagnostic n’a pas été infirmé et, s’il est confirmé, tant que le patient n’a pas reçu 3 jours (macrolide) ou 5 jours (cotrimoxazole) de traitement.

4. Prendre en charge l’entourage

  • Antibioprophylaxie des sujets contacts proches : enfants non ou mal vaccinés ou dont la dernière vaccination date de plus de 5 ans, adultes dont la dernière vaccination contre la coqueluche remonte à plus de 5 ans ; adultes non vaccinés ou dont la dernière vaccination remonte à plus de 5 ans.
  • Antibioprophylaxie des sujets contacts occasionnels à risque de forme grave et non protégés par la vaccination.
  • Les membres de la famille symptomatiques (toux) d’un cas confirmé doivent éviter l’accès à la collectivité tant qu’ils n’auront pas été traités par 3 ou 5 jours d’antibiotiques.
  • Mise à jour de la vaccination de la population exposée, avec un vaccin contenant la valence coquelucheuse (dTPca).

5. Signaler à l’ARS si cas groupés (à partir de 2 cas) qu’ils soient intrafamiliaux ou en collectivités.

Dans cet article

Ce contenu est exclusivement réservé aux abonnés