La stratégie de cocooning étant décevante, la HAS vient de modifier les recommandations sur la vaccination contre la coqueluche : elle est désormais recommandée pendant la grossesse. Quelles sont ses modalités ?

La coqueluche est la première cause de mort par infection bactérienne communautaire chez les nourrissons de moins de 3 mois. Plus de 90 % des décès par coqueluche surviennent chez les nouveau-nés et les enfants de moins de 6 mois.

Dans le calendrier vaccinal actuel, la vaccination contre la coqueluche est indiquée chez le nourrisson dès l’âge de 2 mois (puis à 4 mois et 11 mois) ; elle procure ainsi une protection, mais qui reste partielle jusqu’à l’âge de 3 mois, ce qui laisse une fenêtre de contamination possible durant les premières semaines de vie de l’enfant.

Cette stratégie est complétée par le « cocooning » (vaccination des adultes ayant un projet parental, de l’entourage de la femme enceinte, et de la mère après l’accouchement), qui a montré un succès mitigé malgré une abondante campagne d’information.

Or une autre stratégie est possible : la vaccination des femmes pendant la grossesse ; le nouveau-né sera ainsi protégé grâce au passage transplacentaire des anticorps anticoquelucheux de la mère. Il faut toutefois refaire le vaccin à chaque grossesse, car la concentration des anticorps maternels diminue avec le temps et est insuffisante pour assurer une protection passive des nourrissons.

Les données en vie réelle recueillies depuis plus de 10 ans dans des pays où la vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse est recommandée montrent une bonne efficacité de cette stratégie pour protéger les nourrissons âgés de moins de 3 mois : diminution des hospitalisations chez les moins de 2 mois (de 58,3 et 84,3 %) et efficacité de 95 % contre la mortalité chez les moins de 3 mois (données britanniques). Par ailleurs, les différentes études montrent que cette vaccination a un bon profil de tolérance et n’est pas associée à un risque accru d’événements indésirables chez la femme enceinte, le fœtus ou le nouveau-né.

La vaccination des nourrissons doit être poursuivie, que la mère ait été vaccinée ou non pendant la grossesse. Ces recommandations seront intégrées dans le calendrier vaccinal de 2022.

La HAS préconise enfin que dès le début du suivi de la grossesse, une première information sur la vaccination soit donnée aux parents, et idéalement lors des visites pré-conceptionnelles.

Quelles modalités chez les femmes enceintes ?

  • Faire le vaccin à partir du 2e trimestre, de préférence entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée. Le nouveau-né sera ainsi protégé grâce au passage transplacentaire des anticorps anticoquelucheux de la mère.
  • Vacciner la femme lors de chacune de ses grossesses. En effet, la concentration des anticorps maternels baisse avec le temps après administration et, si elle est effectuée avant la grossesse, elle sera insuffisante pour assurer une protection passive des nourrissons.
  • Cette vaccination peut se faire avec les vaccins non-vivants tétravalents disponibles à ce jour en France (Repevax et Boostrixtetra). Malheureusement, on ne dispose pas d’un vaccin monovalent contre la coqueluche…

 

Faut-il encore faire le cocooning ?

Si la vaccination n’a pu être réalisée pendant la grossesse (et au moins 1 mois avant l’accouchement), la HAS préconise le maintien de la stratégie de cocooning :

  • Vaccination de la mère en post-partum immédiat, avant la sortie de la maternité, même si elle allaite.
  • Vaccination de l’entourage du nouveau-né au plus tard à la naissance de l’enfant : parents, fratrie, grands-parents, ainsi que toutes les autres personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le nourrisson au cours des 6 premiers mois de sa vie.

 

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