Un jeune homme de 18 ans consulte pour une lésion nécrotique de la face externe de la cuisse gauche associée depuis quelques heures à une traînée de lymphangite (fig. 1 et 2).
Il y a quelques jours, il a été mordu dans la nuit et a retrouvé dans son lit une patte d’araignée.
Les espèces du genre Loxosceles, surnommées « araignées violon » (fig. 3) en raison d’un dessin ressemblant à cet instrument sur la partie antérieure de leur corps, sont ubiquitaires et responsables de nombreux cas d’envenimation dans le monde.
En France, on retrouve l’espèce rufescens dans les régions PACA et Occitanie. C’est une petite araignée mesurant environ 8 mm, de couleur brune ; elle mord uniquement lorsqu’elle se sent en danger, généralement la nuit.
Le venin des Loxosceles, cytotoxique, a un pouvoir nécrosant. Il est riche en enzymes variées : protéases, lipases, phosphatases alcalines, hydrolases, mais l’essentiel de son action sur le revêtement cutané semble dû à une sphingo- myélinase.
Au départ, au niveau du point de piqûre se forme une vésicule entourée par un placard érythémateux, parfois algique, qui peut ensuite devenir nécrotique, voire se sur- infecter. Une atteinte généralisée potentiellement sévère (hémolyse, insuffisance rénale aiguë) est rare, décrite pour les espèces L. reclusa en Amérique du Nord et L. laeta en Amérique centrale et du Sud.
Le diagnostic de loxoscélisme est souvent présomptif.
Toute morsure avec douleur locale immédiate est a priori rassurante, puisque ce signe élimine la veuve noire (encadré).
La prise en charge repose sur la désinfection locale, les antalgiques et les antihistaminiques (si prurit). Le traitement des lésions cutanées est souvent décevant, l’ulcération évoluant volontiers de façon cyclique, avec une cicatrisation lente. Une prophylaxie antitétanique est indispensable.
En cas de surinfection, on prescrit une antibiothé- rapie dirigée contre les streptocoques, les staphylocoques et les germes anaérobies (pénicilline et tétracycline). Chez ce patient : amoxicilline 1 g x 3/j pendant 10 jours.
Les plaies doivent être surveillées de façon rapprochée par le praticien car, en cas de nécrose étendue, une chirurgie (débridement) est nécessaire.
Aux États-Unis, des antivenins sont disponibles contre certaines espèces, à utiliser dans les premières heures après la piqûre.
Références
1.Hubiche T, Delaunay P, del Giudice P. A Case of Loxoscelism in Southern France. Am J Trop Med Hyg 2013;88:807-8.
2. Swanson DL, Vetter RS. Bites of brown recluse spiders and suspected necrotic arachnidism. N Engl J Med 2005;352:700-7.
3. Boissiere F, Masson R, Fluieraru S, et al. Le loxoscelisme cutané, à propos d’une observation exceptionnelle de 9 cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet 2016; 61:811-9.

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