Quatre degrés de gravité
Quelques heures après une exposition au soleil, le « coup de soleil » se manifeste par l’apparition d’un érythème cutané, chaud et douloureux à la palpation avec parfois du prurit, dû à la destruction de milliers de cellules de l’épiderme. Puis au bout de quelques jours, la peau se met à desquamer pour laisser une zone dépigmentée.
Mais, selon l’importance de l’exposition et la nature de la peau, on distingue plusieurs degrés de coups de soleil.
1er degré : la peau a pris une couleur rosée (ou « érythème solaire »), mais cette dernière disparaît sous la pression du doigt. Puis la couche cornée s’épaissit avec une augmentation des mélanocytes (bronzage).
2e degré : la peau est devenue rouge vif, chaude et sensible au simple frottement des vêtements. À ces stades, il faut éviter une nouvelle exposition au soleil pendant une semaine. Une desquamation va survenir au bout d’environ 8 jours et la lésion guérit sans cicatrice.
3e degré : la peau est devenue rouge-violacée, douloureuse et œdématiée.
4e degré : la peau est de couleur rouge foncé avec des cloques et des lambeaux. À ce stade, la douleur est faible car les terminaisons nerveuses sont détruites, mais apparaissent des signes généraux : vertiges, céphalées et parfois nausées. Il est préférable d’hospitaliser le patient. La présence de cloques témoigne d’une fuite plasmatique et de la destruction des vaisseaux sanguins. Il faut éviter toute exposition au soleil jusqu’à la guérison qui va être plus longue, en un mois environ, avec possiblement des cicatrices.
Par ailleurs, il faut différencier le coup de soleil de deux autres pathologies semblables, dues à l’allergie au soleil :
– la lucite due aux UVA, qui se manifeste surtout chez la femme, par des plaques rouges prurigineuses, situées au niveau du décolleté, des épaules et des membres ;
– la photoallergie qui ressemble à un coup de soleil alors que l’exposition au soleil a été très faible, mais le patient a été sensibilisé par des médicaments photo-sensibilisants ou par des produits cosmétiques.
Conduite à tenir
En cas de coup de soleil de 3e ou 4e degré, il faut mettre le patient à l’ombre et le faire boire pour éviter une déshydratation. La brûlure peut être calmée par l’application d’eau fraîche, ou le patient peut bénéficier d’un bain à 25°C en cas d’atteinte cutanée étendue.
La peau atteinte doit être enduite de crèmes apaisantes (Biafine, Flamigel, Cicalfat), plusieurs fois par jour. En cas de prurit, le Cortapraisil est conseillé. Il ne faut pas percer les cloques mais désinfecter la peau avec de la chlorhexidine aqueuse. Le paracétamol est utile en cas de céphalées.
Comment prévenir ?
L’exposition doit être progressive en début de saison pour habituer la peau aux UVB.
Il faut éviter les heures d’ensoleillement maximum, entre 12h et 16h et bien sûr appliquer une crème solaire protectrice plusieurs fois par jour et en sortant de chaque baignade.
En cas de séjour en mer, la prudence est identique, car pendant le trajet, le vent masque la sensation de chaleur de la peau qui se révèle à l’arrivée au calme au port ; par ailleurs, la réverbération de l’eau accentue l’action directe du soleil.
Certaines peaux sont particulièrement à risque : peaux de blonds, de roux, avec taches de rousseur ou de nombreux grains de beauté, antécédents de mélanome personnels ou familiaux.
L’exposition des enfants au soleil est déconseillée avant l’âge de 1 an, car ils sont très sensibles aux UVA et UVB. Un enfant jouant sur une plage doit être vêtu d’un t-shirt, avec un chapeau et si possible des lunettes de soleil. Sa peau doit être protégée par une crème solaire d’indice 50. En effet, un coup de soleil sur un jeune enfant peut entraîner rapidement une hyperthermie et une déshydratation. La répétition des coups de soleil dans l’enfance est un facteur de risque de cancers cutanés à l’âge adulte.
Patrice Bourée, professeur au Collège de médecine, institut Alfred-Fournier, 75014 Paris.