Un lien possible entre l’appartenance à un groupe sanguin et le fait de contracter la Covid-19 et/ou d’avoir une évolution clinique péjorative a été évoqué par plusieurs études. Celles-ci pointaient notamment la possibilité que le groupe O soit un facteur protecteur… Qu’en est-il en réalité ?

 

De nombreux travaux ont suggéré une association entre les groupes sanguins et la morbidité et mortalité liées à la Covid-19, avec des résultats cependant contradictoires : dans certains travaux, l’appartenance au groupe sanguin A était associé à un risque accru d’aggravation de la Covid-19 et celle au groupe O à une réduction de ce risque ; d’autres ont suggéré que la prévalence de l’infection par le SARS-CoV-2 était moindre chez les sujets de type O, mais le groupe sanguin n’était pas associé à la sévérité de la maladie par ailleurs ; d’autres encore n’ont pu confirmer des associations spécifiques entre chacun des groupes et la vulnérabilité à l’infection et la sévérité de la maladie (par exemple, aucune corrélation n’a été observée entre le groupe A et la probabilité d’avoir un test positif, alors que les groupes B et AB seraient associés à une probabilité plus élevée de test positif et le groupe O à un risque plus faible, mais le groupe sanguin n’était pas associé au risque d’intubation ou de décès chez les patients atteints de Covid-19).

Les études qui suggéraient, quant à elles, que les patients de groupe A et AB étaient plus à risque de rester longtemps en réanimation ou d’avoir recours à la ventilation mécanique que les autres, et que les individus hospitalisés pour Covid et appartenant au groupe O avaient une mortalité supérieure à ceux des autres groupes, invoquaient par exemple le lien, déjà documenté dans la littérature, entre le groupe sanguin non O et un risque accru de thrombose comme une possible explication de ce phénomène.

Toutefois, les échantillons réduits de la plupart de ces travaux limitaient leur portée conclusive. Or une étude récente publiée dans le JAMA portant sur plus de 107 000 individus aux États-Unis (âge moyen : 42 ans ; 77 % des femmes), testés pour une infection par le SARS-CoV-2 entre mars et novembre 2020, n’a pas trouvé de relation significative entre l’appartenance à un groupe sanguin et la vulnérabilité à l’infection, ni entre le groupe sanguin et la sévérité de la maladie parmi les patients positifs.

Par exemple, comparés aux individus de type O, ceux appartenant au groupe A n’avaient pas plus de chance d’être testés positifs (odds ratio : 0,97) ni d’être admis en soins intensifs lorsqu’ils étaient atteints de la maladie (odds ratio : 0,84). Les résultats étaient similaires pour les sujets de type B et AB, chez qui aucune différence significative en termes d’infection ou d’évolution de la maladie n’a été observée par rapport à ceux de type O. 

Les facteurs associés à un pronostic péjoratif étaient en revanche le sexe masculin, l’âge avancé et des facteurs sociodémographiques, comme déjà montré amplement dans d’autres études…

LMA, La Revue du Praticien