Bien que le « Covid long » ait déjà fait l’objet de recommandations préliminaires de prise en charge, et que de plus en plus d’études cherchent à en délimiter les contours, la prévalence et les caractéristiques de ces symptômes restent peu clairs, en particulier chez les patients n’ayant pas développé des formes graves de Covid. Ces estimations varient considérablement selon les études (par exemple, de 10-20 % à 75 % en ce qui concerne la dyspnée après la guérison d’une primo-infection par le SARS-CoV-2), mais la plupart portent sur des échantillons relativement petits et sans groupe témoin.
Une large étude de cohorte danoise portant sur près de près de 9 000 sujets (âge médian : 43 ans ; 61 % de femmes) ayant contracté le SARS-CoV-2 (mais n’ayant pas été hospitalisés) entre février et mai 2020, récemment publiée dans The Lancet, est la première à comparer les symptômes associés au Covid long dans cette population avec un groupe contrôle. Les chercheurs ont comparé la probabilité de survenue de certains événements (dyspnée, thromboembolie veineuse, initiation de certains médicaments…) 2 semaines à 6 mois après une infection par le SARS-CoV-2 chez 8 983 sujets non hospitalisés, par rapport à plus de 80 000 n’ayant pas été infectés par le virus.
Les complications aiguës retardées, les décompensations de maladies chroniques, les visites à l’hôpital en raison de symptômes persistants et la consommation de médicaments sur ordonnance (14 classes pharmaceutiques, dont agents bronchodilatateurs, corticostéroïdes, anticoagulants, antalgiques, antidépresseurs, anxiolytiques…) ont donc été évalués.
Résultats : comparés aux personnes séronégatives pour le SARS-CoV-2, les personnes ayant été infectées n’avaient pas un risque accru d’initier de nouveaux médicaments, à l’exception des agents bronchodilatateurs (plus précisément les β-2-agonistes à action brève, avec un risque relatif de 1,32) et des triptans (risque relatif de 1,55), indiquant un plus grand risque de développer une dyspnée ou une migraine.
Ils avaient également un risque accru de recevoir un diagnostic hospitalier de dyspnée et de thromboembolie veineuse (respectivement 1,2 contre 0,7 % et 0,2 contre 0,1 % en comparaison aux patients jamais atteints de Covid). En revanche, aucun risque accru n’a été observé pour les autres pathologies étudiées (démence, pathologies cardiovasculaires, pulmonaires et rénales, diabète…).
Une augmentation du nombre de visites chez le médecin généraliste (+18 %) et de visites à l’hôpital en ambulatoire (+10 %) a été observée chez ces patients, par rapport aux personnes non touchées par la Covid, ce qui pourrait aussi indiquer des séquelles de l’infection, même si le risque absolu de complications graves post-aiguës s’est révélé faible dans ce même groupe. Enfin, un risque de sous-estimation est possible, car l’étude ne prend pas en compte des symptômes dont la sévérité n’aurait pas été suffisante pour conduire à une hospitalisation ou à l’initiation d’un traitement (par exemple, la fatigue ou les difficultés respiratoires)… Davantage d’études sont donc nécessaires pour mieux identifier les besoins pour la prise en charge en ville de ces séquelles.
LMA, La Revue du Praticien
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Covid long : enfin des recos ! Rev Prat (en ligne), février 2021.
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