Au printemps 2022, Santé publique France avait réalisé une étude sur un panel de volontaires (via un questionnaire en ligne), dont l’objectif était d’obtenir rapidement des premières estimations de la prévalence du Covid long et de ses conséquences. Compte tenu de ses limites, elle a réalisé une 2e étude utilisant une méthodologie plus robuste (échantillon aléatoire) et des indicateurs plus détaillés pour évaluer la situation à la suite des grandes vagues de circulation des variants omicron qui se sont succédées en 2022 et ont très largement touché la population française.
L’objectif était d’estimer la prévalence du Covid long, défini selon 2 différentes approches :
- « affection post-Covid-19 » (définition OMS) : apparition d’un ou des symptômes (fatigue, toux, essoufflement, malaise après l’effort, fièvre intermittente, perte du goût ou de l’odorat, dépression, dysfonctionnement cognitif, etc.) dans les 3 mois suivant l’infection initiale par le SARS-CoV-2, persistant pendant au moins 2 mois, ne pouvant être expliqués par d’autres diagnostics et ayant un retentissement sur la vie quotidienne ;
- « Covid long rapporté » : perception de la personne d’être atteinte d’un Covid long.
Dans cette nouvelle étude, un total de 10 615 personnes adultes ont été interrogées, par téléphone puis internet, entre septembre et novembre 2022. L’âge moyen était de 50 ans (extrêmes : 18-97 ans) et 52 % étaient des femmes. Parmi les participants, la moitié (48,3 %) ont déclaré avoir été infectés au moins 3 mois avant l’enquête (fig. 1).
Une prévalence en baisse
Les résultats de cette étude révèlent que la prévalence du Covid long (selon la définition de l’OMS) parmi les personnes infectées en France est de 8 % (c’est-à-dire que 8 % des personnes ayant eu le Covid il y a au moins 3 mois déclarent des symptômes persistants ne s’expliquant pas par autre chose). On est bien loin de l’estimation de la première étude de SPF au printemps 2022, qui s’élevait à 30 % ! Parmi les 8 % de personnes souffrant de troubles post-Covid, 30,9 % ont été infectées depuis plus de 12 mois, et 22,4 % depuis plus de 18 mois ; 21,3 % ont été infectées lors de la vague du variant delta et 53,2 % lors de la vague omicron.
La prévalence en population générale adulte a donc été estimée à 4 % (fig. 1), identique à celle observée lors de la première étude. Ce résultat peut s’expliquer, d’une part, par l’augmentation massive du nombre de personnes infectées lors des grandes vagues omicron (48 % de personnes infectées depuis plus de 3 mois comparé à 13 % au début 2022) et, d’autre part, par la diminution du risque de Covid long après infection par ce variant.
Ainsi, 2,06 millions de personnes de plus de 18 ans ont actuellement un Covid long en France.
Quelles sont les populations les plus touchées ?
Parmi les personnes ayant eu une infection Covid depuis plus de 3 moins, les facteurs associés au fait d’avoir un Covid long étaient :
- le sexe féminin (prévalence : 10,2 %),
- l’hospitalisation pour Covid (18,6 %).
En population générale, la prévalence était plus de 2 fois plus élevée chez les femmes et 2 à 3 fois plus faible chez les 65 ans et plus (fig. 2). Aucune différence socioéconomique ni territoriale n’a été observée. Parmi les 4 % de personnes souffrant de troubles post-Covid en population générale, près d’un tiers déclaraient que cela avait un retentissement fort ou très fort sur les activités quotidiennes.
Une prévalence surestimée par les patients ?
En prenant en compte la perception des personnes d’avoir été atteintes par le Covid long (« Covid long rapporté »), la prévalence estimée était plus élevée : 7,1 % en population générale. Parmi les personnes ayant eu le Covid, elle était de 13,1 %, avec une prévalence plus importante chez les femmes (15,8 %), les sujets de 45-54 ans (prévalence : 15,5 %), de 55-64 ans (prévalence : 15,4 %) et ceux appartenant à certains groupes socioéconomiques (employés, revenus faibles, quatrième quintile de défavorisation, auto-entrepreneurs).
Qu’en retenir ?
Selon cette étude, la prévalence de l’affection post-Covid selon la définition de l’OMS en population générale se stabilise à 4 % en France (1,2 % pour la forme la plus sévère), tandis que la prévalence parmi les personnes infectées depuis plus de 3 mois diminue (8 %).
Il faut toutefois garder à l’esprit que ces études sur le Covid long ont une limite importante : il est souvent très difficile d’imputer de manière certaine le(s) symptôme(s) déclaré(s) à l’infection Covid passée…
Par ailleurs, malgré la stabilisation de la prévalence, SFP souligne que le Covid long s’est imposé parmi les affections chroniques les plus fréquentes, avec des formes prolongées (31 % des cas) ou avec un fort retentissement sur les activités quotidiennes (30 %), qui représentent une charge importante pour le système de soins. Des analyses supplémentaires vont donc être menées pour en identifier les facteurs de risque biologiques, psychologiques, professionnels et sociaux.