La HAS vient de publier de nouvelles recommandations sur la prise en charge des symptômes prolongés de Covid chez l’adulte, à destination des médecins de premier recours, avec de nombreuses fiches synthétiques précisant la conduite à tenir devant chaque symptôme.

Le Covid long, défini par l’OMS comme la présence de symptômes au-delà de 3 mois après l’épisode aigu, toucherait près de 6 % des personnes infectées par le SARS-CoV-2, selon des données récentes du Global Burden of Disease. Les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont une fatigue pouvant être sévère, des troubles neurologiques (cognitifs, sensoriels, céphalées) ou cardiothoraciques (douleurs et oppressions thoraciques, tachycardie, dyspnée, toux) et des troubles de l’odorat et du goût. Des douleurs, des troubles digestifs et cutanés sont également fréquents.

De premières recommandations pour sa prise en charge avaient été publiées par la HAS en 2021. Elles sont aujourd’hui actualisées, sous forme de plusieurs fiches détaillant la conduite à tenir face à chaque symptôme (liens pour les télécharger dans l'encadré ci-dessous) et d’une fiche-synthèse permettant aux généralistes de s’orienter rapidement face à chacune de ces manifestations, précisant les explorations cliniques et paracliniques nécessaires et les situations d’urgence ou nécessitant un recours spécialisé.

La HAS propose aussi que la prise en charge débute précocement, lorsque des symptômes persistent au-delà de 4 semaines après l’infection aiguë (sans attendre les 3 mois), ce qui concernerait donc un nombre plus important de patients.

Éliminer d’abord d’autres causes

Les manifestations d’un Covid long peuvent survenir même chez des personnes ayant fait des formes peu sévères. Polymorphes, elles peuvent être déclenchées ou exacerbées à l’effort et peuvent évoluer de façon fluctuante sur plusieurs semaines ou mois.

Non spécifiques, les symptômes doivent faire évoquer des diagnostics différentiels – complication de la phase aigüe, décompensation de comorbidité, autres causes non liées au Covid – qui doivent être écartés. Les fiches dédiées à chacun des symptômes listent les diagnostics différentiels propres à chaque contexte (v. encadré ci-dessous), qui sont également résumés dans la fiche-synthèse.

À l’examen clinique : rechercher une hypotension orthostatique et mesurer la SpO2. On peut s’aider d’échelles et d’un bilan paraclinique orienté (v. fiches par pathologie). En cas de manifestations neurologiques, un TEP scan peut être nécessaire, après avis spécialisé neurologique ou consultation mémoire, pour un bilan de diagnostic différentiel.

Une fois le diagnostic de Covid long posé, la majorité des patients peut être suivie en soins primaires dans le cadre d’une prise en charge holistique, le médecin traitant étant au centre du dispositif.

Prise en charge : symptomatique et multidisciplinaire

L’importance d’une écoute empathique est soulignée par la HAS, afin de considérer le patient dans sa globalité et de personnaliser la stratégie diagnostique et thérapeutique.

La rééducation, notamment respiratoire, a une place centrale et doit prendre en compte un éventuel syndrome d’hyperventilation et une exacerbation des symptômes après l’effort. Une rééducation olfactive est indiquée en cas de troubles de l’odorat persistants. Après exclusion des contre-indications, une kinésithérapie avec réentraînement à l’effort peut être proposée, accompagnée éventuellement d’un soutien psychologique et d’une rééducation neurocognitive. Si possible, l’accès à des services multidisciplinaires de rééducation, de réadaptation et de soutien est souhaitable.

L’exploration de troubles anxieux et dépressifs et la proposition d’un soutien psychologique sont à envisager à toutes les étapes du suivi.

Les patients doivent être encouragés à s’autogérer et connaître leurs limites, et à continuer à pratiquer des activités physiques, même modérées, en l’absence de contre-indications et tout en respectant leurs capacités. Une reprise aménagée et progressive du travail est recommandée.

L’évolution du Covid long observée à ce jour alterne des phases d’exacerbation et de récupération. En général, les symptômes s’améliorent, à un rythme variable selon les patients. 

La HAS souligne que des recherches sont encore nécessaires pour mieux caractériser cette entité et développer des perspectives thérapeutiques.

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