Selon certaines études, l’infection par le SARS-CoV-2 entraîne un surrisque de myocardite en population générale. En population pédiatrique, en particulier, le syndrome inflammatoire multi-systémique (PIMS), subséquent à l’infection par le SARS-CoV-2, peut aussi s’accompagner d’une myocardite.
Complication rare mais grave (565 cas documentés en France entre le 1er mars 2020 et le 22 août 2021 en lien avec le Covid-19), le PIMS peut survenir entre 4 et 6 semaines après l’infection, en particulier chez les enfants de 4 à 11 ans. Son tableau clinique associe souvent une fièvre élevée (> 39 °C), une altération marquée de l’état général, des signes digestifs (très fréquents : diarrhées, nausées, douleurs abdominales), cutanés et muqueux (injection conjonctivale, éruption maculo-papuleuse, prurit, œdème et rougeur des extrémités, chéilite…), des signes de choc (pâleur, polypnée, tachycardie…), entre autres. Dans 70 % des cas, il s’accompagne d’une myocardite, selon certaines estimations.
Pour mieux comprendre ces cas, des chercheurs de l’Inserm et de l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’hôpital Necker-Enfants malades, ont analysé les prélèvements sanguins de 56 enfants hospitalisés entre le 6 avril et le 30 mai 2020, dont 30 ayant eu un PIMS lié au Covid et, parmi eux, 21 ayant eu une forme sévère de myocardite.
Les résultats, publiés dans la revue Med, ont permis d’identifier des gènes associés à la survenue de ces épisodes de myocardite. Dans chacun des groupes, les auteurs ont procédé à des dosages ultra-sensibles des cytokines, à une caractérisation de la composition des cellules du sang et à une analyse de l’expression des gènes cellule par cellule. Trois anomalies moléculaires – pouvant s’expliquer par une surexpression d’une centaine de gènes – ont ainsi été décelées dans les monocytes et les cellules dendritiques des enfants ayant eu une myocardite. Tout d’abord, les chercheurs ont noté un défaut d’inhibition dans la voie dite « NF-kB » (voie moléculaire qui active un ensemble de gènes codant pour des protéines chargées d’organiser la réponse immunitaire) ; ensuite, une surproduction de la cytokine « TNF-α » (impliquée dans l’activation de cette voie) ; enfin, un défaut de réponse aux interférons de type I et II (cytokines impliquées dans la régulation de l’inflammation). En bref : des anomalies dont la conséquence est une hyperinflammation pouvant expliquer la survenue des myocardites.
Ces spécificités moléculaires dans les monocytes et les cellules dendritiques pourraient constituer une signature capable d’identifier, grâce à des tests, les enfants les plus à risque de développer ces inflammations cardiaques sévères liées au PIMS. Une donnée qui n’est pas sans importance dans une période de circulation importante du variant delta chez les enfants (non vaccinés)…
LMA, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
Inserm. Covid-19 : découverte d’une signature moléculaire des myocardites pédiatriques. 16 septembre 2021.
À lire aussi :
Nobile C. Kawasaki-like lié au Covid chez l'enfant : quels sont les signes ? Rev Prat(en ligne) 12 juillet 2021.
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