La HAS a mis à jour en décembre 2023 sa fiche « Réponses rapides » sur le traitement du Covid- 19.
Pour rappel, depuis début 2023, l'ANSM et la DGS ont notamment exclu l'utilisation des anticorps monoclonaux (v. ci-dessous).
En traitement curatif, pour les patients à risque de forme sévère, non oxygénorequérants
Paxlovid en première intention
Le Paxlovid (nirmatrelvir PF- 07321332 -ritonavir) est le traitement curatif de première intention quel que soit le variant du SARS-CoV- 2. Les publics ciblés sont :
- les patients sévèrement immunodéprimés ou ayant une pathologie à très haut risque de forme grave, quel que soit leur l’âge et leur statut vaccinal (cf. annexe 4) ;
- les patients ayant des facteurs de risques de développer des formes graves (annexe 4), quel que soit leur âge et leur statut vaccinal ;
- les patients âgés de plus de 65 ans, quel que soit leur statut vaccinal.
Administré par voie orale, cet antiviral doit être pris dans les 5 jours suivant l’apparition des symptômes, et pendant 5 jours. Il ne doit être prescrit qu’à des patients ne nécessitant pas d’oxygénothérapie pour le Covid- 19 et n’ayant pas de contre-indications au traitement ni de risque d’interactions médicamenteuses (v. encadré ci-dessous).
La posologie est de 2 comprimés de nirmatrelvir (soit 300 mg) avec 1 comprimé de ritonavir (100 mg) pris ensemble par voie orale, toutes les 12 heures, pendant 5 jours. Si le patient a une insuffisance rénale modérée (DFG entre 30 et 60 mL/min), la posologie est de 1 comprimé de nirmatrelvir (soit 150 mg) avec un comprimé de ritonavir (soit 100 mg) pris ensemble par voie orale, toutes les 12 heures, pendant 5 jours.
Remboursé depuis avril 2022, il peut être prescrit par tout médecin (sur une ordonnance classique ou via le logiciel métier) et est disponible dans les établissements de santé et dans les pharmacies d’officine. Les prescripteurs peuvent délivrer au patient une ordonnance dite « de dispensation conditionnelle », qui peut être valable jusqu’à 3 mois ; le médecin indique la durée de validité, et la mention suivante doit être accolée à la DCI : « Si test antigénique ou PCR positif sous 5 jours suivant l’apparition des premiers symptômes ». Il précise sur l’ordonnance les éventuelles adaptations du traitement de fond ou les paramètres biologiques devant conditionner la dispensation ; le pharmacien assurant la dispensation vérifiera avec le patient l’absence de nouvelle comorbidité ou co-médication survenue depuis la prescription.
Selon les données de pharmacovigilance aucun signal n’a été confirmé à ce jour avec Paxlovid. La majorité des effets indésirables déclarés sont connus (notamment altérations du goût, troubles gastro-intestinaux). Des cas d’interactions médicamenteuses ont également été signalés sans constituer un nouveau signal à ce jour (interactions attendues et décrites dans le RCP, v. encadré ci-dessous). Quelques cas d’hypertension artérielle, essentiellement non graves et transitoires, ont été notifiés au cours du suivi (signal potentiel à investiguer). Au niveau international, un signal correspondant à des phénomènes de « réinfection par le Covid- 19 » ou de « phénomène rebond » est sous investigation par le laboratoire ; il n’y a pas eu de tels signalements dans le cadre du suivi en France à ce jour. Globalement, pour tous les traitements du Covid analysés, le nombre de cas d’événements indésirables notifiés continue à diminuer sur la période, et leur profil est similaire à celui des bilans précédents. Les derniers signalements, rapportés en décembre 2022, concernent davantage les corticoïdes seuls et les macrolides (sans hydroxychloroquine) pour des effets indésirables majoritairement connus. Il n’y a pas de nouveau signal. Enfin, ce rapport révélait que le mésusage de l'ivermectine, l'azithromycine et l'hydroxychloroquine persistait encore à l'époque, malgré l'absence de données sur leur effet bénéfique en traitement curatif ou prophylactique du Covid- 19.
En deuxième intention : remdésivir
En cas de contre-indication formelle au Paxlovid (notamment liée aux interactions médicamenteuses), l’antiviral remdésivir (Veklury) peut être prescrit en deuxième intention, en l’absence de contre-indication notamment rénale. Son efficacité in vitro est maintenue quel que soit le variant.
Ce traitement s’administre à l'hôpital, par voie IV, à la posologie de 200 mg à J1 et 100 mg à J2 et J3. Il doit être instauré le plus précocement possible après le diagnostic du Covid- 19 et dans les 7 jours suivant l’apparition des symptômes.
Une surveillance étroite doit être instaurée pendant et après l’administration en raison du risque de réactions liées à la perfusion et/ou d’hypersensibilité. Compte tenu de la toxicité rénale potentielle de Veklury, les patients doivent être également être surveillés sur le plan de la fonction rénale avant et pendant le traitement.
Les anticorps monoclonaux ne sont plus recommandés, ni en curatif ni en préventif
Il n’y a plus de traitement médicamenteux préventif qui soit efficace sur les variants du SARS-CoV- 2 circulant actuellement. Le tixagévimab/cilgavimab (Evusheld) n’est plus recommandé en prophylaxie depuis janvier 2023.
L’AZD 3152, un nouvel anticorps monoclonal développé par AstraZeneca a eu récemment une autorisation en France pour un accès compassionnel pour les populations à très haut risque de Covid- 19 sévère. Il est efficace en neutralisation in vitro sur les sous- lignages XBB ne portant pas la mutation F456L et sur les variants issus de BA2.86 incluant JN.1, actuellement en forte expansion.
La prévention doit continuer de reposer sur le maintien de l’ensemble des gestes barrières et, pour toutes les personnes éligibles, l’administration de doses de rappel vaccinal selon les dernières recommandations.
Contre-indications et interactions médicamenteuses du Paxlovid : des dispositifs d’aide à la prescription sont disponibles.
Contre-indications
- Patients ayant une insuffisance hépatique sévère (classe C de Child Pugh).
- Patients ayant une insuffisance rénale sévère (DFG < 30 mL/min). Une adaptation de la posologie est nécessaire chez les patients ayant une insuffisance rénale modérée (1 seul comprimé de nirmatrelvir avec le comprimé de ritonavir toutes les 12 heures).
- Paxlovid n’est pas recommandé pendant la grossesse et chez les femmes en âge de procréer n’utilisant pas de contraception. L’allaitement doit être interrompu pendant le traitement.
- Patients prenant des médicaments dont le métabolisme dépend fortement du CYPA3, pour lesquels des concentrations élevées sont associées à des réactions graves et/ou engageant le pronostic vital (cf. RCP) et des médicaments qui sont de puissants inducteurs du CYPA3 (la co-administration peut entraîner une réduction des concentrations plasmatiques associée à un risque de perte de réponse virologique et de résistance potentielle, cf. RCP).
Interactions médicamenteuses
La liste d’interactions médicamenteuses (nombreuses) est en cours de révision et est susceptible d’être mise à jour ; elle est disponible sur le site de la Société de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT). Voir aussi la fiche HAS.
Un dispositif d’appui à la prescription de Paxlovid a été mis en place en lien avec la SFPT, le réseau des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) et le réseau des laboratoires de pharmacologie : le numéro vert 0800 130 000 permet aux prescripteurs d’appeler 5 jours sur 7 de 9h à 18h un médecin ou pharmacien du CRPV ou du laboratoire de pharmacologie de la région, et éventuellement le médecin suivant le patient (néphrologue en particulier) dans son centre de référence. Il est important de disposer lors de l’appel de l’exhaustivité des traitements pris par le patient, de sa dernière clairance de la créatinine ou créatininémie, de ses données de suivi pharmacologique le cas échéant (tacrolémie par exemple).
Pour les situations complexes, la DGS recommande d’anticiper les adaptations de traitement et de suivi qui seront à prendre en cas de recours au Paxlovid, au cours d’une consultation de suivi systématique ou d’une consultation dédiée.
Les pharmaciens d’officine peuvent également solliciter ce dispositif en cas d’interrogation au moment de la délivrance du médicament.
ANSM. Point sur l’utilisation des traitements contre le Covid-19. Publié le 24/02/2022 (dernière mise à jour : 09/02/2023)
Ministère de la Santé et de la Prévention. DGS-Urgent n° 2022-86. Point de situation sur les traitements contre la Covid-19. 22 décembre 2022.