Les deux vaccins à ARNm disponibles en France, Pfizer-BioNTech (Comirnaty) et Moderna, ont une place équivalente dans la stratégie vaccinale et la recommandation a été, jusqu’à présent, de réaliser les schémas vaccinaux avec la même spécialité en l’absence de données sur leur interchangeabilité. Toutefois, la HAS vient d’émettre un avis sur la possibilité de combiner les deux vaccins. Dans quelles circonstances est-ce possible ?

 

Ces deux vaccins à ARNm messager (compositions précisées ci-dessous)* ont des profils de tolérance similaires et satisfaisants. Utilisant le même antigène (protéine S du SARS-CoV-2), ils diffèrent surtout – quoique légèrement – dans leurs indications et dosages. En effet, alors que l’AMM de Comirnaty prévoit son utilisation dès 16 ans, le vaccin de Moderna ne peut être employé qu’à partir de 18 ans. Si les deux s’administrent de la même façon (injection intramusculaire dans le muscle deltoïde), le vaccin de Moderna consiste en 2 doses de 0,5 mL chacune et celui de Pfizer en 2 doses de 0,3 mL chacune. Pour les deux, l’intervalle entre les deux doses est de 3 à 4 semaines mais peut être étendu à 6.

En dehors de cette légère différence sur l’âge, la place des deux vaccins est équivalente dans la stratégie vaccinale française, les essais cliniques ayant montré des efficacités comparables. Le choix entre l’un et l’autre repose donc essentiellement sur la disponibilité des doses et sur les contraintes logistiques. Jusqu’à présent, la HAS avait recommandé que, en l’absence de donnée sur leur interchangeabilité, le schéma vaccinal complet soit réalisé avec le même vaccin à ARNm pour la première et la seconde dose, conformément à leurs AMM.

Mais aujourd’hui, considérant d’une part le contexte épidémiologique (circulation très active du SARS-CoV-2, notamment du variant britannique ; persistance d’une forte tension sur le système de santé) ; d’autre part, la nécessité d’obtenir une protection optimale, en respectant le schéma à 2 doses, en particulier chez les personnes à risque de développer une forme sévère de Covid-19 et, finalement, la parenté de ces deux vaccins à ARNm, la HAS indique que, en situation de forte tension d’approvisionnement pour l’un ou l’autre de ces deux vaccins, qui mettrait en péril la complétude du schéma vaccinal avec une même spécialité, une seconde dose d’un vaccin à ARNm différent de celui initialement administré en première dose peut être utilisée (en ayant préalablement informé le patient concerné). 

Dans ces cas, et cas seulement, il est en effet dans l’intérêt de celui-ci de ne pas reporter la seconde injection au-delà des 42 jours recommandés, et il est donc préférable de recourir à un vaccin à ARNm de spécialité différente de celle de la première injection.

La HAS préconise également d’assurer une traçabilité précise des personnes qui auront été vaccinées selon ce schéma, pour un suivi spécifique de la pharmacovigilance et afin qu’une étude de cohorte puisse se mettre en place pour évaluer la réponse immunitaire conférée par ce schéma avec deux vaccins à ARNm de spécialités différentes.

*Composants des vaccins à ARNm

Vaccin Pfizer-BioNTech :

– ARN messager codant la protéine Spike.

– Lipides : (4-hydroxybutyl)azanediyl)bis (hexane-6,1-diyl)bis (2-hexyldecanoate) [ALC-0315] ; 2-[(polyéthylène glycol)-2000]-N, N-ditétradécylacétamide (ALC-0159) ; 1,2-distéaroyl-snglycéro-3-phosphocholine (DSPC) ; cholestérol.

– Solution saline : chlorure de potassium ; phosphate monopotassique ; chlorure de sodium ; phosphate disodique dihydraté ; saccharose.

Vaccin Moderna : 

– ARN messager codant la protéine Spike.

– Lipides : SM-102 ; 1,2-distéaroyl-sn-glycéro-3-phosphocholine (DSPC) ; 1,2-dimyristoyl-rac-glycéro-3-méthoxypolyéthylène glycol-2000 (PEG2000 DMG) ; cholestérol.

– Solution saline : trométamol, trométamol hydrochloride, acide acétique, acétate de sodium trihydraté, saccharose.

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