Les tests sérologiques permettent de détecter dans le sang les anticorps produits contre le SARS-CoV-2 et de répondre ainsi à la question : « Est-ce qu’une personne a développé des anticorps contre le virus après l’infection naturelle ou la vaccination ? » Compte tenu des dernières données scientifiques, la HAS a redéfini la place de ces tests dans le diagnostic, le dépistage pré-vaccinal et le suivi post-infection/vaccinal des patients.

 

Après analyse des dernières données scientifiques disponibles, la HAS vient d’actualiser ses recommandations sur les indications de la sérologie lors du diagnostic et en contexte de dépistage pré-vaccinal et post-vaccinal, y compris pour les personnes immunodéprimées.

Dépistage pré-vaccinal : une ou deux doses ?

Depuis le 3 juin dernier, la HAS recommande de proposer les tests sérologiques de type TROD lors du premier rendez-vous vaccinal aux personnes immunocompétentes sans facteurs de risque de forme grave de la maladie (jeunes adultes) et sans antécédent connu ou confirmé d’infection par le SARS-CoV-2, afin de déterminer leur schéma vaccinal. Celui-ci est de deux doses pour les personnes qui n’ont jamais été infectées par le SARS-CoV-2 (sauf pour le vaccin Janssen qui ne nécessite qu’une dose dans tous les cas) et d’une seule dose pour les personnes l’ayant déjà contracté. Dans cette indication, les tests sérologiques utilisés doivent détecter les IgG ou les Ig totales ; la positivité du test permet de décider d’un schéma à une seule dose, quelle que soit la date à laquelle s’est produite l’infection et quel que soit le taux d’anticorps.

Suivi post-infection ou post-vaccinal

À ce jour, il n’y pas encore de données permettant de définir des corrélats de protection, c’est-à-dire l’existence d’un niveau de protection par rapport à un taux d’anticorps mesuré induit par une infection ou une vaccination. En effet :

– il n’est pas possible de définir une valeur seuil de taux d’anticorps permettant d’assurer une protection ;

– ces corrélations de protection pourraient reposer sur le taux d’anticorps neutralisants, qui ne peuvent être quantifiés par une sérologie simple ;

– même dans ce cas, les anticorps neutralisants ne sont pas les seuls à entrer en jeu, la réponse immune cellulaire étant également déterminante contre la Covid (une mémoire immunitaire peut persister malgré la baisse des anticorps, comme montré dans deux articles récents publiés dans Nature que nous avons analysés).

Ainsi, les résultats des tests sérologiques ne permettent pas à l’heure actuelle de statuer sur une protection conférée, que ce soit sur le niveau de la protection, ou sur sa durée. De ce fait, ces tests sérologiques ne sont pas pertinents pour :

– l’obtention du pass sanitaire (ce dernier ne pouvant être obtenu sur la base d’une sérologie sans vaccination) ;

– la réalisation de tests itératifs avec un objectif de suivi individuel de la réponse immunitaire ou vaccinale, quelle que soit la population, y compris chez les patients immunodéprimés (cf ci-dessous).

Patients immunodéprimés : 3e dose ou non ?

Pour les personnes immunodéprimées, les premières données ont rapporté une moindre efficacité vaccinale après un protocole complet de vaccination par rapport aux immunocompétents. Une 3e dose est donc recommandée dans certains cas.

Une sérologie post-vaccinale pourrait permettre de décider de sa pertinence au cas par cas. Cependant, selon HAS, les conclusions qu’on peut en tirer chez les immunodéprimés sont très incertaines, et un test positif pourrait s’avérer faussement rassurant... Ainsi, la décision de proposer une dose supplémentaire aux personnes immunodéprimées ne peut, à ce stade, être conditionnée au résultat négatif d’une sérologie post-vaccinale. Le schéma à 3 doses (ou 2 doses selon le vaccin) doit être appliqué sans tenir compte du résultat du test sérologique.

Par ailleurs, comme dans le reste de la population, la réalisation de tests répétitifs pour un suivi individuel de la réponse vaccinale n’a pas d'intérêt.

Dans un contexte diagnostique : mise à jour des indications

La détection d’anticorps sériques, témoins d’une primo-infection par le virus SARS-CoV-2, par méthode automatisable et/ou test diagnostique rapide (TDR) ou test rapide d’orientation diagnostique (TROD), reste indiquée dans 4 situations :

– diagnostic initial de patients symptomatiques sans signe de gravité en cas de tableau clinique évocateur d’infection par le SARS-CoV-2 et de test PCR négatif ;

– diagnostic de rattrapage de patients ayant des symptômes évocateurs (y compris Covid long) pour lesquels un diagnostic biologique initial n’a pas été établi ;

– diagnostic initial de patients symptomatiques graves hospitalisés, en cas de tableau clinique ou scanographique évocateurs d’infection par le SARS-CoV-2 et de test RT-PCR négatif ;

– diagnostic de rattrapage de patients symptomatiques graves hospitalisés mais n’ayant pas pu faire l’objet d’un test RT-PCR avant 7 jours.

Dans ces cas, les tests peuvent être réalisés à partir du 7e jour après l’apparition des symptômes chez les patients graves hospitalisés et à partir du 14e chez ceux symptomatiques sans signe de gravité.

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien

Source :

HAS. Covid-19 : quelle utilité aujourd’hui pour les tests sérologiques ? 23 juin 2021.