Les autorités de santé en Angleterre ont analysé, sur la période du 5 avril au 16 mai, l’efficacité des vaccins Pfizer et AstraZeneca contre les variants indien – qui en forte progression en Grande Bretagne – et anglais – actuellement dominant en Europe – après la première et la deuxième injection…
Grâce au dispositif de séquençage très performant mis au point en Grande Bretagne, une étude de Public Health England a pu estimer l'efficacité de la campagne vaccinale quelques semaines après la première apparition du variant indien sur son territoire. Sur la période du 5 avril au 16 mai, les auteurs ont comparé les cas de Covid symptomatiques chez les personnes vaccinées ou non. Au total, 12 675 cas séquencés ont été inclus dans l'analyse (11 621 infectés par le variant B.1.1.7, dit « anglais » et 1 054 par le B.1.617.2, dit « indien »).
L’analyse montre que :
– 3 semaines après la première dose, les vaccins Pfizer et AstraZeneca sont efficaces à 33 % contre les formes symptomatiques liées au variant « indien », versus environ 50 % d'efficacité contre le variant « anglais » ;
– après la deuxième dose : Pfizer est efficace à 88 % contre le variant indien, versus 93 % contre le variant anglais ; AstraZeneca : à 60 %, versus 66 % contre le variant anglais.
Selon les auteurs, la différence d'efficacité entre les vaccins après 2 doses pourrait s'expliquer par le fait que le déploiement des secondes doses d'AstraZeneca a été plus tardif que pour Pfizer, et d'autres données sur les profils d'anticorps montrent qu'il faut plus de temps pour atteindre l'efficacité maximale avec AstraZeneca.
Concernant la prévention des formes graves de la Covid, il n'y a actuellement pas suffisamment de cas pour estimer la performance des vaccins mais les niveaux d'efficacité devraient être même supérieurs.
Ainsi, les vaccins sont efficaces contre les variants circulant actuellement, même si leur performance serait légèrement inférieure. Des résultats qui confirment – pour Pfizer – les données de laboratoire sur les niveaux d’anticorps neutralisants après vaccination et les données d’efficacité de vraie vie au Qatar (efficacité de 75 % contre toute infection par le variant dit « sud-africain » et de 97,4 % contre les formes sévères).
Cependant, la protection obtenue après la première dose (33 %) est beaucoup plus faible que celle rapportée dans les études cliniques de phase 3 (menées lorsque la souche historique du SARS-CoV-2 était dominante) : il faut donc rappeler aux patients de continuer à appliquer les gestes barrières entre les deux injections. D’autre part, dans le contexte actuel de circulation des variants, il ne semble pas raisonnable d’allonger le délai entre les 2 injections comme préconisé par certains.
D’ailleurs, en Grande Bretagne, l’intervalle entre les deux doses de vaccin – qui était étendu jusqu’à trois mois – a été réduit à huit semaines pour les personnes de plus de 50 ans et les plus vulnérables.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
Lopez Bernal J, Andrews N, Gower C, et al. Effectiveness of COVID-19 vaccines against the B.1.617.2 variant. Gov.UK 22 mai 2021.