Quelques jours après l’autorisation par l’EMA du vaccin Comirnaty (Pfizer) chez les 5-11 ans, la HAS s’est prononcée sur une utilisation restreinte dans cette classe d’âge : elle le recommande dans certains cas de comorbidités et maladies rares, ainsi qu’en stratégie de « cocooning ». Ce qu’il faut savoir.

 

Fin novembre, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a recommandé l’autorisation du vaccin anti-Covid de Pfizer chez les enfants âgés de 5 à 11 ans, à un tiers de la dose destinée aux adultes (10 microgrammes). Elle ouvrait ainsi le débat quant à son autorisation en France, que la HAS tranche aujourd’hui : la vaccination est préconisée chez les enfants les plus fragiles et ceux côtoyant des patients immunodéprimés – conformément à l’avis de l’Académie de médecine et des sociétés savantes de pédiatrie.

Trois cas de figure

La HAS considère que le bénéfice individuel de la vaccination est établi pour les enfants les plus à risque de développer une forme grave de Covid (dont un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique, PIMS), soit environ 360 000 enfants en France. Cela concerne donc :

– les enfants ayant des maladies hépatiques chroniques, des maladies cardiaques et respiratoires chroniques (y compris l’asthme sévère nécessitant un traitement continu), les maladies neurologiques, une immunodéficience primitive ou induite par médicaments, une obésité, un diabète, des hémopathies malignes, la drépanocytose et la trisomie 21 ;

– ceux qui ont l’une des comorbidités identifiées « à risque » chez les adultes (bien que les données spécifiques à l’enfant soient encore limitées sur ce plan) : cancer récent, maladie rénale chronique, handicap neurologique, certaines maladies rares, etc. Les médecins spécialistes peuvent proposer à leurs jeunes patients la vaccination au cas par cas, à partir d’une évaluation individuelle de sa balance bénéfices-risques, s’ils estiment que l’enfant est particulièrement vulnérable face à une infection par le SARS-CoV-2, et sans attendre de données publiées spécifiques.

En outre, elle recommande la vaccination dite de « cocooning », pour son bénéfice indirect : enfants de 5 à 11 ans vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou de personnes vulnérables non protégées par la vaccination.

Dans les faits, certains enfants de moins de 12 ans ont déjà reçu au moins une dose du vaccin : plus de 22 000 au 18 novembre (d’après Santé publique France), dont plus de 6 000 âgés de moins de 10 ans se trouvant dans les situations citées ci-dessus.

Et pour les autres ?

La pertinence de l’élargissement de cette vaccination à tous les enfants de 5-11 ans sera bientôt discutée par la HAS et la Commission technique des vaccinations, en discussion avec les parties prenantes pour évaluer le rapport bénéfices-risques individuel chez ceux qui n’ont pas un risque élevé de forme sévère ou de décès (la grande majorité des cas de Covid étant bénins dans cette population). Elle prendra en compte les risques de survenue d’effets indésirables rares (myocardites, péricardites), les bénéfices indirects potentiels de cette vaccination sur les plans psychologique, social et éducatif, l’acceptabilité pour les parents, et les enjeux éthiques dans un contexte où la couverture vaccinale (rappel inclus) n’a pas encore atteint un niveau optimal chez les adultes. Elle s’appuiera aussi sur les données de vraie vie d’autres pays qui ont déjà autorisé le vaccin pour tous les enfants de 5-11 ans.

Rappelons que, pour l’instant, les sociétés savantes de pédiatrie (SFP, CNP, GPIP, AFPA) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) ne recommandent pas, en dehors des situations citées ci-dessus, la vaccination généralisée des enfants de cette classe d’âge.

Pour en savoir plus :

HAS. Covid-19 : la HAS recommande la vaccination des enfants fragiles. 30 novembre 2021.