L’efficacité des vaccins disponibles contre le SARS-CoV-2 n’est pas bien connue chez les sujets immunodéprimés – qui sont particulièrement vulnérables et à risque de forme grave de Covid – car ils étaient exclus des essais cliniques de phase III, mais les premières données de vie réelle tendent à montrer que le niveau de protection avec un schéma vaccinal classique n’est pas suffisant… C’est pourquoi la recommandation depuis quelques semaines est de leur administrer une 3e dose ; ce à quoi s’ajoute aujourd’hui la vaccination prioritaire de leurs proches. Quels patients sont concernés ? Quelles modalités ?

 

À partir du 26 avril, les personnes de 18 ans et plusvivant sous le même toit que des sujets sévèrement immunodéprimés peuvent se faire vacciner en priorité, selon les annonces du ministre de la Santé.

Cette mesure avait été préconisée dès début avril par le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (au moment de la recommandation d’une troisième dose de vaccin pour les patients immunodéprimés), et réclamée par des associations de patients comme Renaloo. Elle concerne donc tout adulte vivant dans le même foyer qu’une personne immunodéprimée, que celle-ci soit enfant ou adulte :

– transplantés d’organes solides ;

– transplantés récents de moelle osseuse ;

– patients dialysés ;

– patients atteints de maladies auto-immunes sous traitement immunosuppresseur fort de type anti-CD20 ou anti-métabolites.

Pour rappel, conformément à l’avis du 6 avril 2021 du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, l’injection d’une 3e dose de vaccin à ARNm est nécessaire pour ces patients sévèrement immunodéprimés, au moins 4 semaines après la 2e dose, ou dès que possible pour les personnes qui auraient déjà dépassé ce délai.

En ce qui concerne la vaccination des proches, d’après l’association Renaloo, une prescription médicale est sans doute nécessaire pour que les personnes concernées puissent justifier de leur statut et accéder au vaccin, mais les rendez-vous leur sont désormais ouverts.

La nécessité de ces mesures se faisait d’autant plus pressante que différents résultats préliminaires de vraie vie tendent à montrer que l’efficacité du vaccin est bien diminuée chez les patients immunodéprimés. Selon une enquête de la Société francophone de transplantation auprès des équipes de greffe, à ce jour, 40 patients transplantés ayant reçu deux doses de vaccin ont été diagnostiqués positifs pour la Covid-19, dont 12 ont été hospitalisés (4 en réanimation, 2 sont décédés) ; le statut sérologique était connu pour 13 d’entre eux et montrait une sérologie soit négative (12 patients) soit faiblement positive (1 patient). Par ailleurs, selon un rapport préliminaire de l’Agence de la biomédecine (datant du 19 avril 2021), 78 patients dialysés ayant reçu deux doses de vaccin ont été diagnostiqués positifs pour la Covid-19, dont 36 ont été hospitalisés (leur statut sérologique n’était pas connu). L’agence estime que la prévalence de l’infection par le SARS-CoV-2 est d’environ 6 % chez les patients transplantés rénaux et 14 % des patients dialysés ; elle recense 359 décès en transplantation rénale (15 %) et 1 316 en dialyse (18,5 %) dont la cause est considérée comme liée au SARS-CoV-2.

Si ces données précoces doivent encore être confirmées et complétées, les contaminations avérées chez les sujets immunodéprimés vaccinés, mais surtout la proportion élevée de formes graves, nécessitant une hospitalisation, étayent la nécessité de réaliser une 3e dose chez ces patients et aussi de vacciner leurs proches.

LMA, La Revue du Praticien

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Nobile C. Les vaccins Covid sont-ils efficaces chez les immunodéprimés ? Rev Prat (en ligne), mars 2021.

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