Cette étude prospective a suivi une cohorte de 3 950 professionnels de santé et autres travailleurs essentiels de première ligne (enseignants, livreurs et autres professions requérant un contact permanent avec du public) dans 8 sites aux États-Unis entre décembre 2020 et mars 2021. Parmi les participants, 72 % avaient entre 18 et 49 ans, 62 % étaient des femmes et 69 % n’avaient pas de comorbidités. 63 % des participants ont reçu les deux doses d’un des deux vaccins à ARNm disponibles et 12 % une seule dose pendant la durée de l’étude (63 % ont reçu le vaccin de Pfizer et 30 % celui de Moderna ; données non renseignées pour les 7 % restants).
Qu’ils aient des symptômes ou pas, tous les sujets ont fait des tests PCR hebdomadaires pendant 13 semaines, sur autoprélèvement nasal, à la recherche d’une infection par le SARS-CoV-2. Des prélèvements supplémentaires, nasaux et salivaires, étaient réalisés en cas de symptômes évocateurs d’une Covid-19. La majorité (58 %) des infections ont été décelées grâce à ces autoprélèvements hebdomadaires ; 42 % l’ont été grâce aux prélèvements faits à la suite d’une symptomatologie évocatrice. Mais, au total, 87 % des infections confirmées ont tout de même été associées à des symptômes, alors que 11 % sont restées asymptomatiques (les 2 % restants ont été associées à des symptômes non spécifiques : céphalées, fatigue, rhinorrhées).
Dans le groupe totalement immunisé (ayant reçu les deux doses), le taux d’incidence de l’infection par le SARS-CoV-2 était de 0,04 sur 1 000 personnes-jours, 14 jours après la deuxième dose. Dans le groupe partiellement immunisé (une seule dose), il était de 0,19 sur 1 000 personnes-jours, 14 jours après la première dose. Chez les participants non vaccinés, en revanche, cette incidence était de 1,38 sur 1 000 personnes-jours.
Ainsi, après ajustement, l’efficacité du vaccin contre l’infection dans le groupe totalement immunisé est de 90 % à J14, et dans le groupe partiellement immunisé elle est de 80 % à J14, suggérant que dans des conditions de « vraie vie », les vaccins à ARNm sont très efficaces contre le risque d’être infecté par le virus, et non seulement contre celui de développer la maladie.
Ces conclusions convergent avec d’autres données de « vraie vie », observées au Royaume-Uni et en Israël : dans le premier cas, l’étude SIREN (prospective), qui a suivi 23 000 professionnels de santé travaillant dans les hôpitaux publics, montre une efficacité de 72 % contre l’infection à J21 après la première dose (avec les vaccins de Pfizer et AstraZeneca) ; dans le second, un rapport publié dans le Lancet fait état d’une efficacité contre l’infection qui serait de 60 % à J14 après la première dose (avec le vaccin de Pfizer).
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Nobile C. [Covid] La vaccination bloque-t-elle la transmission du virus ? Rev Prat (en ligne), mars 2021.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien