Si les infiltrations de corticoïdes sont souvent recommandées dans l’arthrose du genou, les preuves à l’appui de leur efficacité dans la coxarthrose font défaut. Pour évaluer leur intérêt, une équipe du Royaume-Uni a réalisé un essai randomisé sur 6 mois.

L’arthrose de la hanche touche environ 10 % des personnes âgées de 65 à 75 ans. Le traitement de première ligne repose sur des mesures non pharmacologiques (éducation thérapeutique, activité physique, perte de poids) et médicamenteuses (antalgiques pour soulager les douleurs). Les injections intra-articulaires de corticostéroïdes peuvent être une option pour les patients ayant des poussées douloureuses intenses en échec de la prise en charge médicale, avant la chirurgie. Cependant, leur efficacité a été évaluée par peu d’études. D’où cet essai clinique, le plus important en nombre de patients et en longueur du suivi post-injection pour l’arthrose de la hanche.

Les auteurs anglais ont donc mené un essai randomisé en simple aveugle à trois bras afin de comparer traitement non pharmacologique (conseils et éducation thérapeutique) seul, ou combiné avec une injection intra-articulaire guidée par ultrasons de lidocaïne, ou combiné avec une injection guidée de lidocaïne et de corticoïdes (triamcinolone).

Les 199 patients enrôlés ont été aléatoirement assignés à un des trois bras de l’essai : 67 dans le bras traitement standard, 66 dans le bras standard + lidocaïne, 66 dans le bras standard + lidocaïne + triamcinolone. Ils ont ensuite noté leur douleur à la hanche sur une échelle de 0 à 10, deux semaines puis 2, 4 et 6 mois après l’intervention.

D’après la comparaison sur les 4 points de suivi, les patients ayant reçu l’injection de triamcinolone et lidocaïne ont déclaré une douleur plus faible que celle des patients ayant suivi le traitement non pharmacologique, et plus faible que celle des patients ayant reçu l’injection de lidocaïne seule (mais la différence n’est pas significative). L’injection de triamcinolone et lidocaïne s’est avérée supérieure à celle de lidocaïne seule en termes de qualité de vie ou fonctionnalité de la hanche.

Cependant, les effets de l’injection s’estompent rapidement. Ils se manifestent le plus souvent rapidement (2 semaines pour la douleur), mais ils ne sont plus significatifs sur la douleur dès 4 mois de suivi, ni sur la fonctionnalité de la hanche à 6 mois.

La présence (à l’échographie) d’une synovite ou d’un épanchement articulaire était associée à une plus grande efficacité de l’injection intra-articulaire.

Concernant les effets indésirables, les plus fréquents étaient les réactions au point d'injection et les flushs. Les auteurs ont rapporté 7 effets indésirables graves dont 1 décès par endocardite chez un patient porteur d’une bioprothèse aortique 4 mois après l'infiltration, possiblement en lien avec celle-ci. Les auteurs recommandent la prudence chez ces patients.

Ainsi, si les infiltrations de corticostéroïdes offrent un soulagement de la douleur à court terme, la balance bénéfice-risques n’est pas si favorable… sans compter que la répétition des infiltrations en préopératoire a été également associée, dans une autre étude, à un risque plus élevé d’infection de prothèse.1

Pour en savoir plus
Paskins, Z., Bromley, K., Lewis, M., et al. Clinical effectiveness of one ultrasound guided intra-articular corticosteroid and local anaesthetic injection in addition to advice and education for hip osteoarthritis (HIT trial): single blind, parallel group, three arm, randomised controlled trial. BMJ 2022;377:e068446.
Flouzat Lachaniette CH. Coxarthrose. Rev Prat 2019;69(10);1131-5.
Référence :
1. Lespasio MJ, Sultan AA, Piuzzi NS, et al. Hip Osteoarthritis: A Primer.Perm J 2018;22:17-084.