Le crack est un produit à base de cocaïne mélangé à d’autres substances souvent sources d’impuretés. Il est en principe fumé et diffuse ensuite par voie systémique, avec une localisation particulière dans le cerveau. Il neutralise le mal-être et induit une euphorie intense mais de descente rapide. La durée de son effet n’est que de dix à quinze minutes, et ceci crée donc rapidement une dépendance. Outre son action sur le cerveau, le crack a des effets multiples immédiats, amplifiés par son utilisation chronique. Ces effets sont dominés par une vasoconstriction à l’origine d’accidents vasculaires cardiaques (infarctus), neurologiques (AVC, épilepsie) et pulmonaires (asthme, hémorragie intra-alvéolaire). Le crack peut aussi avoir des effets psychiatriques de type psychotique, ou être associé à des hallucinations. Son utilisation concerne des populations à risque, surtout des hommes de 20 à 60 ans, en précarité, avec souvent des antécédents de traumatismes psychologiques dans l’enfance. La consommation de crack est source de paupérisation rapide et de délinquance. De plus, il n’y a pas de traitement de substitution.Les conséquences de la consommation de crack dans des lieux où cohabitent consommateurs et fournisseurs ont fait émettre de nombreuses propositions. La première a été la définition de zones géographiques réservées à cette activité et de salles pour permettre la consommation dans des conditions un peu meilleures.Devant ces difficultés, la Région Île-de- France a réalisé un rapport décrivant la situation actuelle, avec des propositions d’amélioration. Celui-ci met en avant le principe d’« aller vers » le consommateur et de le considérer comme un patient et non comme un délinquant, pour secondairement l’amener vers les soins. Par ailleurs, il est apparu que les consommateurs de crack préféraient le prendre sur place plutôt que dans un centre, car il est plus simple d’acheter et de consommer sur place que d’aller dans une salle à distance. Le rapport propose donc la création d’unités mobiles crack (UMC) comme lieu de premier contact sur le terrain, car si ces patients ne veulent pas se déplacer il faut aller vers eux. Ensuite, le suivi peut s’effectuer dans une unité de soins addiction et réinsertion sociale (USARS). Les difficultés de prise en charge ont montré à nouveau que la prévention est essentielle à un stade précoce, dès l’adolescence, avec un accompagnement prophylactique, en faisant aussi la distinction entre les troubles psychiatriques préexistants et ceux induits ou amplifiés par la drogue. Il apparaît que les propositions de ce rapport n’ont pas été reprises dans la pratique actuelle, qui se limite à un changement des lieux de consommation, une attitude qui risque de déplacer les problèmes sans les résoudre.

Laurence Vaivre-Douret, université Paris-Cité, faculté de santé, UFR de médecine Paris-Descartes, Inserm UMR 1018-CESP, IHU Imagine, chaire de phénotypage clinique neurodéveloppemental de l’Institut universitaire de France (IUF), AP-HP, hôpital universitaire Necker-Enfants malades, Paris, France

22 novembre 2022