Des dizaines de produits solaires sont disponibles dans le commerce, différents au niveau de la galénique, des filtres, des allégations (« bio », « naturels »)… Comment faire le choix ? Faut-il éviter certains ingrédients ? Les produits étiquetés « enfants » sont-ils un gage de qualité ?

Un produit solaire est un cosmétique composé d’excipients (qui permettent d’obtenir la forme galénique souhaitée), d’actifs (les filtres UV) et d’additifs (qui assurent la stabilité de la formule et permettent sa conservation dans le temps). Malgré une réglementation sur les filtres en France (30 filtres UV réglementés, avec une dose limite à ne pas dépasser), la grande majorité des produits ne font l’objet d’aucun contrôle par les autorités de santé. Ainsi, de nombreux solaires en vente ne sont pas de qualité, voire ne sont pas conformes.

Filtres : organiques ou minéraux ?

Il existe une véritable guerre commerciale entre les filtres organiques (appelés improprement « chimiques »), utilisés par les sociétés conventionnelles, et les filtres inorganiques ou minéraux (oxyde de zinc et dioxyde de titane), promus notamment par les sociétés bio. Mais dans l’idéal, plusieurs filtres devraient être utilisés conjointement dans le même produit, selon Laurence Coiffard, docteure en pharmacie (Université de Nantes) : « Par expérience (nous avons testé au laboratoire des centaines de formules) les solaires formulés uniquement à base de minéraux sont beaucoup moins efficaces que ceux formulés avec des filtres organiques ».

Certains filtres sont-ils dangereux pour la santé ?

Les benzophénones ou les cinnamates peuvent avoir des effets allergisants.

Un effet de perturbateur endocrinien a été montré in vitro pour les benzophénones et l’octocrylène, mais il n’y a pas d’effets biologiques démontrés chez l’homme.

En revanche, les effets écotoxiques sont prouvés, notamment pour l’octocrylène. Leur rôle dans le blanchiment du corail reste toutefois relatif en comparaison à la pollution industrielle ou le réchauffement de l’eau, sans compter l’impact, bien supérieur, des nombreux produits cosmétiques du quotidien contenant des filtres solaires, parfois à l’insu du consommateur : crèmes hydratantes, fonds de teint...

Il faut aussi se méfier des messages marketing : les molécules les plus anciennes sont les plus décriées car elles sont les plus étudiées, alors que pour les filtres les plus récents (bis-éthylhexyloxyphénol méthoxyphényl triazine, diéthylhexyl butamido triazone, méthoxypropylamino cyclohexénylidène éthoxyéthyl cyanoacétate), présentés comme totalement inoffensifs, les données sont moins nombreuses.

Quels sont les ingrédients à éviter ?

  • Par prudence, l’octocrylène ne doit pas être utilisé chez l’enfant.
  • Les formes en spray renfermant des filtres minéraux (oxyde de zinc et dioxyde de titane) sous forme de nanoparticules sont à proscrire (risque au niveau pulmonaire).
  • L’alcool est à exclure car il favorise le passage transdermique des composants.
  • Les extraits végétaux (réglisse, panicaut, Colocassia antiquorum, mangue, frangipanier, tanaisie, reine des prés, lilas, calendula, consoude….) sont à éviter en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires (masquage des coups de soleil entraînant un sentiment de fausse sécurité).

Un produit solaire 100 % naturel, est-ce possible ?

Non, ce n’est pas possible ! Un produit ne renfermant que de l’huile de karanja sans ajout de filtres UV n’est pas un produit solaire. Il faut donc exclure les solaires se présentant comme 100 % naturels.

Quelle forme galénique préférer ?

L’efficacité étant proportionnelle à l’épaisseur de film laissé sur la peau, il faut privilégier les crèmes qui adhèrent bien à la peau.

Que penser des produits « enfants » ?

Actuellement, certaines gammes solaires ont des produits enfants, voire bébés, ce qui est absurde car il est recommandé de ne pas exposer au soleil un enfant de moins de 3 ans. Les solaires étiquetés « enfant » ne sont pas un gage de qualité, car ils n’ont pas fait l’objet de tests particuliers… Il y a même des produits « bébé » contenant des nanoparticules en forme spray, qui sont à proscrire ! Mieux vaut une bonne crème solaire pour toute la famille.

Pour en savoir plus
Nobile C. Crèmes solaires : le vrai du faux ! Rev Prat (en ligne), 19 juillet 2022. 
Couteau C, Coiffard L. Regards sur les cosmétiques (en ligne, consulté en juillet 2023).
Martin Agudelo L. Octocrylène : un filtre solaire cancérigène ?

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