À l’heure actuelle, le traitement de secours de la crise d’asthme consiste en l’utilisation de bronchodilatateurs de courte durée d’action (BDCA), tels que le salbutamol (Ventoline et génériques), pris à la demande en sus du traitement de fond. Ce dernier est constitué de corticoïdes inhalés comme le budésonide – qui agissent en réduisant l’inflammation des bronches – en association, pour les asthmes modérés à sévères, à un bronchodilatateur de longue durée d’action (BDLA).
Mais qu’en est-il d’une association, en traitement de crise, d’un corticoïde inhalé au BDCA ? Cette stratégie pourrait-elle avoir un effet bénéfique sur le risque d’exacerbation future ? C’est la question que se sont posée des chercheurs dont l’essai vient d’être publié dans le NEJM…
Pour rappel, les dernières recommandations (2021) du Global Initiative for Asthma (GINA) préconisaient d’instaurer un traitement unique « fond et symptômes » (association corticoïde inhalé + formotérol [BDLA] en traitement de fond, mais également à la demande en traitement de secours), en première intention quelle que soit la gravité de l’asthme, ce qui impliquerait de ne plus utiliser les BDCA à la demande. Cette stratégie n’a toutefois pas fait suffisamment ses preuves, au point que la Société de pneumologie de langue française (SPLF) préconise toujours, dans ses dernières recommandations (2021), les BDCA à la demande en première intention dans le traitement des symptômes et de la crise.
D’où l’intérêt de cette étude qui a évalué l’efficacité d’un traitement de secours associant corticoïde inhalé-BDCA (en l’occurrence : salbutamol-budésonide) dans une association à dose fixe, versus le salbutamol seul (en plus du traitement de fond).
Ainsi, dans cet essai multinational de phase III randomisé en double aveugle, les auteurs ont suivi 3 132 patients souffrant d’asthme modéré à sévère non contrôlé (ayant eu au moins une exacerbation au cours des 12 mois précédents), sous traitement de fond avant et pendant les 24 semaines de l’étude, par corticoïdes inhalés à dose moyenne à élevée, seuls ou associés à des BDLA.
Pour comparer les différents traitements de la crise, les adultes et adolescents (> 12 ans) inclus ont été répartis en 3 groupes : association fixe de 180 µg de salbutamol et 160 µg de budésonide (groupe « haute dose »), association fixe de 180 µg de salbutamol et 80 µg de budésonide (groupe « basse dose »), salbutamol seul (180 µg ; groupe contrôle).
À l’issue de l’essai, le risque d’exacerbation sévère de l’asthme, critère principal d’évaluation de l’étude, a significativement diminué chez les patients du groupe salbutamol-budésonide « haute dose » en comparaison du groupe contrôle, avec un hazard ratio de 0,74 (IC à 95 % : 0,62-0,89 ; p = 0,001). En revanche, la diminution observée dans le groupe « basse dose » n’était pas significative (HR = 0,84 ; IC à 95 % : 0,71-1,00 ; p = 0,052). Ceci pourrait s’expliquer par un effet anti-inflammatoire dose-dépendant du budésonide, limitant le risque d’exacerbation, alors que le salbutamol a un effet symptomatique.
De plus, la fréquence des effets indésirables était semblable : 46,2 % dans le groupe « forte dose », 47,1 % dans le groupe « basse dose » et 46,4 % dans le groupe contrôle.
Les auteurs concluent que les résultats de leur étude soutiennent l’idée des recommandations internationales qu’une association de corticoïdes et bronchodilatateurs en traitement de secours serait plus efficace qu’un bronchodilatateur seul.
À lire aussi :
Nobile C. Entretien avec le Pr Chantal Raherison-Semjen. Asthme : des recos spécifiques pour les soins primaires. Rev Prat (en ligne). 1er février 2022.