En France, d’après le ministère de l’Éducation nationale, 10 % des adolescents disent en être victimes et plus de 40 % subissent régulièrement de la violence sur internet. La sensibilisation des jeunes, surtout dans la tranche d’âge 12-14 ans, est cruciale.
Véritable fléau du monde moderne, le cyber­harcèlement sévit depuis les débuts d’internet et s’est aggravé avec l’utilisation exponentielle des réseaux sociaux.
Peu d’études sérieuses récentes en ont évalué précisément l’ampleur mais les témoignages montrent que le phénomène ne fait qu’augmenter et toucher des sujets de plus en plus jeunes qui subissent un harcèlement de plus en plus violent.
La France se dote depuis plusieurs années d’un arsenal juridique pour protéger les victimes, mais le chemin est encore long pour faire d’internet un espace de communication sans risque. Les réseaux sociaux et les sites agissent pour que leurs outils soient plus sûrs mais, là aussi, beaucoup de progrès sont attendus.
L’éducation aux médias et à l’appréhension de l’information est un axe central de prévention. Elle vise à inculquer aux mineurs une « hygiène numérique » qui les protège d’eux-mêmes et des autres. L’acquisition d’une attitude en ligne réfléchie et responsable vise à faire d’eux des e-citoyens, avec des droits mais aussi des devoirs.

Une relation triangulaire

Le harcèlement désigne une conduite intentionnellement agressive adoptée par un ou plusieurs individus, qui cherchent à nuire ou à blesser, en établissant un rapport dominant/dominé. Intentionnalité, répétition, isolement de la victime et relation d’emprise doivent être simultanément réunis pour qu’un comportement soit qualifié de « harcelant ». Il s’agit le plus souvent d’agissements anodins qui peuvent passer inaperçus pour un observateur non averti : coups de pied dans une chaise, grimaces, bruitage semblant inoffensifs quand ils sont produits isolément, mais induisant un véritable calvaire quand ils sont répétés à grande échelle par plusieurs auteurs.
La situation se construit souvent sur une relation triangulaire entre la victime, le harceleur et les témoins dont le rôle est plus ou moins actif. Ces derniers, par leur inaction, peuvent contribuer à sa persistance. Le harcèlement n’est pas toujours quotidien et peut être entrecoupé de périodes de répit.
Les garçons sont plus concernés, car à la fois victimes et harceleurs, alors que les filles sont généralement victimes. Les garçons harcèlent les sujets des 2 sexes, les filles surtout les autres filles.
Beaucoup d’idées reçues sont à combattre : trop d’adultes le considèrent encore comme un jeu inoffensif qui apprend aux enfants la rudesse de l’existence et un rite initiatique pour grandir en se confrontant à l’adversité. Ces représentations, pourtant fausses, ont la vie dure. Le harcèlement est un véritable traumatisme durable dans la vie d’une jeune victime, qui se construit sur des bases fragilisées. Les séquelles sont volontiers profondes et durables. Et ne l’oublions pas : il peut tuer !

Quelles motivations ?

La plupart des harceleurs sont de bons élèves, bien insérés, ils ont confiance en eux. Les motifs de leur conduite peuvent apparaître flous, inexplicables.
Manipulateurs, ils n’attirent pas l’attention. Ils sont, la plupart du temps, appréciés de leur entourage et considérés comme inoffensifs. Ces profils sans histoire parviennent même parfois à légitimer leur action, prétendant que la situation est le fait de la victime, scénario auquel peuvent adhérer les adultes qui n’ont aucun doute sur l’innocence du harceleur. L’entourage est d’autant plus surpris voire choqué quand il ne semble exister aucun signe avant-coureur ni raisons à ces agissements malveillants.
Les motivations sont multiples. Si la jalousie, l’envie ou parfois la vengeance attisent le comportement des auteurs, beaucoup recherchent une appartenance au groupe. L’estime qu’ils ont d’eux-mêmes est volontiers dépendante du regard des pairs qui est important pour leur construction durant la période fragile de l’adolescence. Harceler permet de se sentir valeureux et d’être accepté du groupe alors qu’ils ont, en réalité, très peur d’être rejetés. C’est plus important que d’agir en conformité avec la morale.
Souvent, les harceleurs attaquent la victime dont les fragilités font écho en eux : ils ne parviennent pas à s’en défaire et souhaitent les cacher. L’idéal serait qu’ils se tournent vers un professionnel de l’écoute mais, faute de vouloir ou pouvoir, ils ciblent une personne qui leur servira d’exutoire. Elle est désignée comme responsable de leur souffrance. En l’agressant, ils ont l’impression de se soulager temporairement de leur angoisse. Le comportement est d’autant plus violent que ce qui demeure une fragilité pour le bourreau ne semble pas l’être pour la victime. Cette dernière se retrouve chargée d’une mission non clairement exprimée et qu’elle ne parvient pas à appréhender tant elle est incompréhensible.
Par exemple, prenons le cas d’un jeune qui se sent petit et donc inférieur à son groupe de pairs. Il ne supporte pas cette idée mais ne parvient pas à l’exprimer ni demander de l’aide. Il choisit une victime elle aussi de petite taille. Il a l’impression qu’il extériorise son mal quand il s’en prend à elle. La méthode, inefficace, ravive sa violence lui faisant croire que cette personne est la cause de sa douleur. Elle mérite donc ce qu’elle subit. Sa souffrance persiste. Sa douleur augmente quand il constate que le mal qui le ronge ne tourmente pas la victime, qui semble vivre sa petite taille avec sérénité. C’est pour lui insupportable. Il se retrouve piégé dans une relation qui n’a plus de sens, incapable d’en sortir par peur d’une aggravation de son état.
Le harcèlement se construit sur la stigmatisation d’une différence. Celui qui est original, isolé ou fragilisé devient une proie idéale. Facteurs de risque d’exposition : le genre, l’orientation sexuelle, l’ethnie, la religion mais aussi la virilité, le surpoids, le fait d’être bon élève, habillé différemment, ou d’avoir des goûts qui ne sont pas ceux de la majorité. La capacité à assumer ce que l’on est, l’acceptation de l’autre dans sa différence et l’aptitude à l’empathie sont, de ce point de vue, de bons remèdes. L’apprentissage de l’empathie et la gestion des émotions sont de plus en plus intégrés aux programmes de sensibilisation proposés dans le cadre scolaire.
Certaines jeunes victimes peuvent parfois se rebeller contre leurs agresseurs ou une violence qu’elles ont vécue. Elles deviennent alors harceleurs. Le schéma est courant. Leur comportement est motivé par le besoin de se protéger des attaques qu’elles subissent en inversant le rapport de force. Elles agissent par réflexe d’autoprotection, en visant volontiers les plus faibles. Difficile de remettre en question le schéma violent lorsque, victime, on arrive à faire cesser le harcèlement en rejoignant le groupe. Ces individus sont souvent perdus car ils répètent un processus sans comprendre la sanction des adultes qui ne sont pas venus les aider quand ils étaient eux-mêmes en difficulté.

Particularités du cyberharcèlement

C’est l’utilisation des technologies de l’information et de la communication telles qu’internet, les réseaux sociaux ou un téléphone portable pour se moquer, menacer ou insulter une personne. Des photos, des vidéos ou des messages peuvent ainsi être envoyés par SMS ou postés sur les réseaux sociaux, des sites internet, des forums ou des messageries. C’est une forme d’agression à diffusion rapide et à grande échelle qui obéit aux mêmes mécanismes fondamentaux que la violence hors ligne. Généralement, cela commence dans le cadre scolaire et se prolonge dans l’environnement numérique.
Un harceleur anonyme qui envoie des messages insultants à un adolescent via internet n’est pas la situation la plus courante. Il s’agit généralement d’un phénomène plus collectif qu’interpersonnel, qui peut impliquer de nombreux protagonistes. Beaucoup de mineurs perçoivent internet comme une zone de non-droit. Cachés derrière leurs écrans, ils peuvent, sans risque, faire ce qu’ils veulent. Le rapport de force peut être lié aux différences de compétences sociales et numériques. Ainsi, ceux ayant un accès et une expérience des réseaux sociaux limités sont plus à risque par manque de connaissance et de confiance dans les outils numériques.
Internet est utilisé comme une arme avec laquelle on ose tout. Les nouvelles technologies favorisent l’absence de contact physique direct et l’anonymat, qui alimentent la violence des cyberharceleurs. Par absence d’empathie, ils ne perçoivent pas les conséquences des actes qu’ils commettent avec un sentiment d’impunité total.
Concernant la prévalence, les chiffres disponibles sont très disparates : selon les études, entre 11 % et 30 % d’adolescents seraient touchés. Le phénomène est difficile à évaluer. L’une des raisons est que les acteurs de ces nuisances tendent à ne pas les reconnaître, tellement le phénomène est banalisé. La réaction la plus commune de la victime est de garder le silence pour ne pas accentuer la violence du bourreau par peur des représailles, d’inquiéter son entourage, les adultes étant considérés comme indifférents à la situation ou incapables de la faire évoluer.
Tranche d’âge la plus à risque : entre 12 et 14 ans. C’est à l’entrée au collège que beaucoup d’enfants français reçoivent leur premier téléphone portable mais malheureusement sans les consignes pour apprendre à l’utiliser et faire face aux risques. Les filles sont plus touchées que les garçons car elles sont plus actives sur les réseaux sociaux. Elles testent leur pouvoir de séduction et utilisent ces derniers pour poster des photos, se mettre en valeur, en s’exposant alors plus facilement aux jugements ; les garçons ont surtout un rôle de commentateurs. L’orientation sexuelle et la virilité sont plutôt des causes de harcèlement masculin. Le corps, le poids et l’activité sexuelle sont des thématiques plus féminines.

Quelles formes ?

Elles sont nombreuses et sans cesse renouvelées (encadré 1) : voler le mot de passe d’un compte de réseau social pour en bloquer l’accès ou envoyer des messages insultants au nom du propriétaire ; se moquer, diffamer, intimider, colporter des rumeurs, publier des photos truquées en vue de ridiculiser, former des groupes privés diffusant des moqueries, envoyer sans arrêt des messages (sms, mails, tweets)… Sujets et modes d’action n’ont pour limite que l’imagination de leurs auteurs mais ils sont généralement identiques à ceux qui surgissent dans les cours de récréation et ciblent souvent les mêmes types de victimes.
Les sites les plus à risque sont ceux dédiés au partage de photographies ou de vidéos, comme Snapchat, Instagram, TikTok ou YouTube, car le corps est volontiers mis en avant et utilisé à mauvais escient par les cyberharceleurs.

bourreaux : Quels profils ?

De nombreux facteurs peuvent motiver un jeune à devenir cyberharceleur. Contrôler sa victime et exercer son pouvoir sur elle tend à générer un sentiment de domination et de toute-puissance, facilité par les outils numériques.
Leurs profils, ainsi que ceux des victimes, sont souvent difficiles à dresser et peu d’études ont été menées à ce sujet. Le cyberharceleur est un individu qui lance des offensives répétées envers une autre personne dans l’unique but de la fragiliser. Généralement, il agresse un sujet qui ne se défend pas ou très peu. Dès les premiers contacts, ce dernier n’a pas envoyé de signaux suffisamment clairs et affirmés faisant comprendre à l’auteur que sa tentative de nuisance était vaine.
Le rapprochement entre pairs et l’adoption de croyances normatives sont fréquents chez les adolescents. Certains peuvent croire qu’il est valorisant de harceler autrui et que c’est un moyen d’être remarqué et accepté.
Le rôle des témoins est stimulant pour l’auteur. Les outils numériques démultiplient le nombre de spectateurs de la scène de violence. Internet expose la victime à grande échelle. Le harceleur se sent galvanisé par l’audience qu’il suscite, cela le pousse à poursuivre, voire amplifier ses nuisances. Le net est un formidable terrain d’expérimentation du lien social dont les adolescents se saisissent avec âpreté et parfois excès. Être sous les feux des projecteurs, faire le buzz, renforce le jeune dans son sentiment d’exister, au mépris du ressenti de la victime.
Le faible soutien des pairs à cette dernière tend à entretenir le processus. Le harceleur voit sa proie isolée, sans défense et affaiblie. La passivité des témoins, leur absence de critique lui envoient le message que son action est légitime, que la personne harcelée mérite ce qu’elle subit, voire qu’elle en est responsable. Cette erreur de jugement est hélas fréquente.
Les auteurs ne sont pas nécessairement plus forts physiquement ou intellectuellement que leurs cibles. La toile leur offre des armes faciles d’accès, gratuites et dotées d’une phénoménale force de frappe. Le harceleur utilise à son avantage la large audience d’internautes avides d’actions malveillantes et qui se régalent de voir la victime mise en pièces. L’anonymat contribue à réduire le sentiment de responsabilité vis-à-vis des actes commis qui sont, mécaniquement, amplifiés. La victime risque alors d’évoluer dans un climat d’insécurité et de doute permanent quant aux intentions de ses « camarades ».
Les témoins ont des rôles plus ou moins actifs, entretenant, voire amplifiant l’agression. Certains peuvent se comporter en complices et renchérir pour nuire à la victime de manière plus intense ou alors encourager les auteurs en les soutenant et en leur donnant raison. D’autres vont rester en dehors, sans se rallier à aucun camp. Enfin, les défenseurs se rangent du côté du harcelé en le soutenant et en contribuant à faire cesser la situation.
Important, les victimes soutenues ou défendues par des témoins sont moins déprimées et anxieuses, ont une meilleure estime d’elles-mêmes et sont finalement moins rejetées par leurs pairs que les autres. Sensibilisation et formation des témoins sont donc primordiales (encadré 2).
une agression permanente
La principale différence avec le harcèlement hors ligne est que la victime peut être attaquée à tout moment du jour et de la nuit, sans aucun répit. Le cyber- harcèlement ne s’arrête jamais, même quand la personne est à son domicile, créant un état d’insécurité permanent. Les auteurs ont une supériorité non pas physique mais technique. Le fait qu’ils puissent sévir depuis leur environnement familial accroît leur agressivité. En confiance dans un milieu sûr, ils éprouvent un sentiment d’invulnérabilité et d’impunité suscitant des comportements qu’ils n’adopteraient pas s’ils étaient face à leur victime. Cette sensation de toute puissance est amplifiée par l’anonymat.
Une autre différence est qu’internet empêche tout retour émotionnel direct. Le harceleur n’éprouve aucune empathie, faute de pouvoir mesurer les conséquences de ses actes. Il considère que le harcelé n’a pas plus d’émotions que l’écran froid et inerte qu’il utilise pour commettre ses méfaits. Il ne perçoit pas à quel point ses actes sont blessants et les dégâts importants.
Les retentissements sont plus négatifs car la victime vit généralement la situation seule ou isolée et le plus souvent sans aucun soutien. Le choc psychologique est volontiers plus grave. Le réflexe de représailles est également plus fort car se venger peut apparaître comme une manière facile de mettre un terme à la situation. Beaucoup de victime sont tentées de rester dans l’environnement numérique pour faire valoir leur droit et ainsi se défendre « à armes égales» .
Enfin, le cyberharcèlement se distingue par sa dimension : la masse de messages reçus peut être considérable car liée au nombre de personnes impliquées et à la facilité avec laquelle les outils numériques en amplifient la diffusion. Ainsi, l’humiliation publique se rajoute au traumatisme de la violence.
Pour toutes ces raisons, ce processus est souvent considéré comme beaucoup plus grave et violent que le harcèlement hors ligne. Cela explique aussi pourquoi il est puni plus sévèrement, étant considéré comme une circonstance aggravante du harcèlement.

Quand l’évoquer ?

Aucun signe pathognomonique ne distingue un cyber- harcelé d’une victime subissant un autre type d’agression. Le diagnostic différentiel est difficile car les réactions sont très variées. De plus, la honte réduit la plupart du temps la personne au silence : elle pense que ce qu’elle vit est banal et ne mérite pas d’être raconté à un adulte. Se sentant coupable et même responsable de la situation, elle n’alerte pas ses parents au sujet d’une situation qu’elle aurait elle-même provoquée.
Tout changement de comportement doit inquiéter et la question du harcèlement doit être posée à l’interrogatoire. Ainsi, des résultats scolaires en chute, l’envie de ne plus aller à l’école ou de faire ses devoirs sont à explorer et à mettre en perspective avec une phobie scolaire. Toute perte de poids, d’appétit ou d’intérêt pour un loisir, une passion, des habitudes de vie ou même un groupe d’amis sont des signes d’alerte.
Des manifestations anxieuses sont souvent au premier plan : la qualité du sommeil peut être altérée par exemple. Un jeune qui soudainement s’éloigne des réseaux sociaux à un âge où ils en sont très friands mérite l’attention.
Une tentative de suicide est fortement évocatrice, la personne ayant l’impression que rien ni personne ne pourra la sortir de cet enfermement.

Impact médical et comportemental

Les conséquences sont graves sur le bien-être et la santé mentale des victimes mais aussi des agresseurs et des témoins.
Les sentiments les plus fréquents de la victime sont la colère, la frustration et la détresse, qui s’aggravent au fur et à mesure que la situation évolue. Elle peut s’isoler et se refermer sur elle-même avec des symptômes proches de ceux de la dépression ; manifester des troubles anxieux ou de la concentration. On peut constater un sentiment de rejet, une mésestime de soi, une baisse du rendement et des relations sociales. L’audience offerte par internet générant un sentiment de honte, elle peut avoir l’impression qu’elle n’a plus d’intimité, qu’elle est observée par les milliards d’internautes quotidiennement connectés. Plus aucun lieu ne peut être considéré comme un refuge.
Quant aux témoins, ils s’habituent à ne pas agir par peur du regard des autres et/ou craignent d’être harcelés à leur tour, ce qui génère chez eux une passivité face aux inégalités sociales ou des perceptions faussées (les victimes méritent leur sort, les adultes ne sont pas protecteurs). La plupart du temps, ils se sentent lâches, parfois angoissés voire déprimés.
Chez le jeune harceleur, cela induit une inadaptation sociale. Il peut considérer que les rapports de force malsains sont normaux, que ses actes n’ont pas de réel impact, faisant preuve d’une absence d’empathie. La dépersonnalisation fait en sorte qu’il se déresponsabilise aussi de ses actes virtuels. Tout comme la victime, il a besoin d’une prise en charge psychologique.

Quelle démarche ?

La souffrance infligée doit être prise en charge. Les adultes doivent recréer un sentiment de sécurité chez la victime. Un suivi psychologique peut s’avérer pertinent pour aider cette dernière mais n’est pas obligatoire. Montrer à l’enfant qu’il est protégé est souvent suffisant ; pour retrouver confiance en lui, une activité sportive, culturelle ou d’expression peut aider.
Le cyberharcèlement est un délit puni par la loi depuis le 4 août 2014. Lorsque l’auteur est majeur, il s’expose à une peine de 2 ans d’emprisonnement et à 30 000 euros d’amende. Si la victime a moins de 15 ans : 3 ans de prison et 45 000 euros.
Depuis le 5 août 2018, le texte a été renforcé afin de pénaliser les « raids numériques » : propos ou comportements imposés à une victime par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l’instigation de l’une d’elles, même si chaque acteur n’a pas agi de façon répétée. Cela permet d’incriminer tout individu qui a participé, même par un acte unique, sans concertation, au harcèlement en groupe.
Replacer la personne dans un statut de victime et lui faire entendre qu’elle n’est pas coupable est un préalable nécessaire. Il faut souvent faire preuve de patience car elle a besoin de temps pour révéler ce qu’elle a vécu.
Un cyberharceleur qui se croit à l’abri de l’anonymat peut être facilement retrouvé et sanctionné par la justice. En effet, après un dépôt de plainte à la gendarmerie ou dans un commissariat de police, une enquête peut être diligentée. Les services compétents peuvent demander l’identification du numéro IP afin de connaître l’identité du harceleur (après autorisation du procureur de la République). Cela est d’autant plus vrai que les contenus numériques, s’ils sont sauvegardés, font office de preuves (encadré 3 et 4).

Quelle prévention ?

Les médias sociaux et les nouvelles technologies sont utilisés de manière saine et responsable par l’immense majorité des jeunes. Ils sont un formidable vecteur d’acquisition et de partage de connaissances, de divertissement, de rencontres...
En prévention du cyberharcèlement, il est essentiel de sensibiliser les jeunes. Il importe également qu’ils sortent du silence quand ils sont en difficulté et qu’ils puissent se tourner vers des adultes de confiance qui sauront accueillir leurs récits, prendre le temps de les écouter et agir pour leur protection sans banaliser ou se considérer incompétents.
Les adolescents peuvent se prémunir en faisant preuve de bon sens et d’esprit critique par exemple vis-à-vis de leurs données personnelles sur internet, mais aussi de celles d’autrui. Fournir des informations ou publier des photos de soi expose l’internaute et le rend vulnérable.
Il faut expliquer aux mineurs que le cyberharcèlement est une violence grave à laquelle ils ne doivent jamais participer, même passivement, au risque de se rendre coupable de non-assistance à personne en danger. La souffrance provoquée n’est pas virtuelle et se ressent dans la « vraie vie ». Leur apprendre à exprimer leurs émotions au moment où ils les ressentent et faire preuve d’empathie sont de bons réflexes de protection.
Pour rappel, les réseaux sociaux et messageries instantanés sont interdits aux moins de 13 ans et accessibles avec l’autorisation des parents pour les 13-14 ans.
Les mineurs ont l’habitude, dangereuse, de s’échanger leurs identifiants et mots de passe pour se prouver leur confiance. Rien de grave tant que la relation est au beau fixe mais attention à la mauvaise utilisation de ces informations lors de conflits ou de désir de vengeance ! Les adolescents ont tendance à se dévoiler facilement dans l’espace numérique, parfois dénudés, voire nus. Là encore, le risque est grand : une mauvaise utilisation de ces contenus peut avoir des effets dévastateurs. Pour faire un signalement, un seul numéro : Net Ecoute 0800 200 000, gratuit, anonyme et confidentiel.

Encadre

1. Cyberharcèlement : formes les plus en vogue

Slut-shaming (de « slut » : salope ; « shame » : honte) : stigmatisation de certaines attitudes ou manières de s’habiller de jeunes filles, le plus souvent sur les réseaux sociaux.

pour débattre de celui ou celle qui a les plus grosses fesses de l’école ou la plus mauvaise haleine par exemple.

pour créer un conflit dans un groupe de discussion ou sur un forum.

Outingd’un internaute : divulgation d’informations intimes ou confidentielles, comme l’homosexualité ou les activités privées d’une personne, afin de la déstabiliser et salir sa réputation.

Revenge porn (pornodivulgation) : publication sur internet d’une photo ou d’une vidéo prise dans un contexte intime, afin de détruire la réputation d’un individu dont on veut se venger.

faire pression sur une personne en vue d’obtenir des faveurs ou des images/vidéos à caractère sexuel. L’auteur intimide sa victime le plus souvent en utilisant des données personnelles obtenues illégalement et qu’il menace de divulguer.

Happy slapping : filmer une scène de violence dans laquelle une victime est molestée sans raison par plusieurs individus ; la vidéo est ensuite diffusée sur les réseaux sociaux et commentée.

le harceleur invite plusieurs internautes à lui envoyer des photos d’une personne où elle est dénudée ou en mauvaise posture. Ces contenus sont ensuite réunis sous la forme d’une « affiche », mise en ligne à un moment précis sur internet pour récolter un maximum d’audience.

Encadre

2. Actions de sensibilisation aux élèves

• qui en font la demande pour proposer des séances au cours desquelles victimes, témoins et auteurs réfléchissent en classe à leur positionnement dans les situations de cyberharcèlement pour les faire évoluer. L’objectif est de permettre à chacun de comprendre le rôle qu’il occupe et d’apprendre à en sortir.

Pour rompre la loi du silence, le ministère de l’Education nationale déploie son programme « les élèves ambassadeurs. » Il s’agit de volontaires qui suivent des formations pour apprendre à repérer les signes d’alerte et à réagir pour protéger les victimes. Ils peuvent ainsi sensibiliser leurs camarades au phénomène de harcèlement.

Encadre

3. Net Ecoute – Service téléphonique de protection des mineurs sur le net

ce service conseille, soutient et accompagne les jeunes et leurs parents dans les usages numériques. Les professionnels de santé peuvent appeler pour obtenir des conseils et des informations concernant une situation vécue par un patient.

Tiers de confiance auprès des réseaux sociaux, Net Ecoute obtient un retrait rapide des contenus constitutifs d’une situation de harcèlement. Il est également conventionné avec les services de police spécialisés (Pharos ; www.internet-signalement.gouv.fr) et le 119, numéro national de l’enfance en danger. Des psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques répondent de 9 h à 20 h du lundi au vendredi (samedi jusqu’à 18 h) au 0 800 200 000 et sur www.netecoute.fr.

association de protection de l’enfance sur internet depuis 2005, reconnue d’utilité publique. Agréée par le ministère de l’Éducation nationale, elle intervient dans tout type de structure pour sensibiliser les mineurs, les parents et les professionnels aux usages responsables d’internet.

Encadre

4. Parents de victimes de cyberharcelement : que faire ?

Signalez les contenus, les messages, les commentaires qui portent atteinte à votre enfant. La plupart des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter, YouTube…) permettent de signaler les cyberviolences, mais les enfants et les adolescents ne le savent pas toujours. Si vous avez du mal à trouver les formulaires en ligne, vous pouvez vous connecter à la plateforme Pharos (www.internet-signalement.gouv.fr) ou au site Point de contact (http://www.pointdecontact.net) pour signaler les contenus illicites.

afin de faire part de la situation, de manière détaillée. Généralement, le cyberharcèlement est lié à des violences entre pairs : des élèves peuvent être impliqués. L’équipe éducative pourra vous aider à prendre en charge la situation, à accompagner votre enfant et à trouver des solutions si ce sont d’autres élèves qui sont auteurs des cyberviolences.

Vous pouvez agir avec votre enfant en l’encourageant à parler de ce qu’il vit, en lui demandant ce qu’il souhaite. Vous pouvez lui expliquer que les adultes sont là pour l’aider et faire cesser les violences qu’il subit. Vous avez le droit de déposer plainte.

Identifiez le plus précisément possible la nature des problèmes vécus par votre enfant. Dialoguez ouvertement pour connaître les faits et les éventuels auteurs et témoins, qui sont parfois identifiables sur internet. Réalisez des captures d’écran des situations qui, en ligne, portent atteinte à votre enfant. Si besoin, faites-vous aider par un représentant des parents d’élèves ou un membre de l’équipe éducative.

cela pourrait aggraver la situation.

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