Définies comme des infections urinaires symptomatiques confirmées par culture bactérienne apparaissant au moins deux fois en 6 mois ou trois fois par an, les infections urinaires récurrentes (IUR) sont deux fois plus fréquentes chez les femmes de plus de 65 ans que dans la population générale féminine.
La prise en charge de cette population âgée fait également face à des défis médicaux particuliers en matière de prévention et traitement, comme souligné dans un article publié en juin dans le JAMA Internal Medicine.
Concernant le diagnostic, la difficulté vient des tests urinaires bactériologiques, plus fréquemment positifs dans cette population âgée : « Une bactériurie asymptomatique est présente chez 15 % à 20 % des femmes âgées autonomes, et plus de 90 % des femmes âgées ayant une bactériurie asymptomatique ont également un certain degré de pyurie », révèlent ainsi les auteurs, ce qui limite l’intérêt de ces tests. Ces derniers devraient ainsi être réservés aux femmes aux symptômes très évocateurs d’IUR, et les cliniciens devraient « reconnaître l’incertitude diagnostique, considérer les preuves passées de la chronicité de la bactériurie ou de la pyurie et évaluer les risques de traiter la bactériurie quand les symptômes spécifiques des IUR ne peuvent pas être confirmés ».
Par ailleurs, le traitement des IUR nécessite de prendre en compte les effets indésirables potentiels des antibiotiques dans cette population dont la fonction rénale peut être réduite. Un antibiotique ne doit pas être prescrit plus longtemps que ce qui est recommandé, au vu de l’absence de preuves de l’efficacité supérieure d’un traitement antibiotique long (7 - 14 jours) sur un traitement court (3 - 6 jours) chez les femmes âgées atteintes d’IUR.
Enfin, la prévention repose sur un large éventail de stratégies. Outre l’antibioprophylaxie, qui peut être envisagée en cas d’épisodes très fréquents (au moins 1 par mois) selon les dernières recos de la Spilf, les différentes stratégies non médicamenteuses sont indiquées dans le tableau ci-contre, avec les adaptations/précautions à tenir en compte pour les femmes âgées.
En conclusion, les auteurs affirment que la gestion des IUR a des défis spécifiques chez les femmes âgées autonomes. Elle nécessite de se focaliser sur les symptômes aigus et localisés d’IUR pour éliminer les diagnostics différentiels, et demande une attention particulière dans le choix du traitement le plus adapté et le moins risqué.
Nobile C. Cystites récidivantes : les stratégies qui ont fait leurs preuves. Rev Prat (en ligne) 2 août 2022.