Dans le traitement de la dépression, la démarche de construction d’une molécule sur la base d’un rationnel scientifique a montré ses limites. De nouvelles stratégies sont nécessaires. Il en est ainsi des études actuelles sur les mécanismes d’action de la kétamine, utilisée depuis les années 1970, initialement pour ses propriétés anesthésiques et sédatives puis à plus faible dose dans l’analgésie. L’activité antidépressive de ces substances passe par un antagonisme du récepteur NMDA (N-méthyl-D-aspartate), par une possible action sur les récepteurs opioïdes, mais aussi par une action directe sur les cellules microgliales, modulant ainsi l’état inflammatoire du système nerveux central. Ces travaux permettent non seulement de progresser dans la compréhension des mécanismes d’action mais aussi d’affiner nos connaissances sur la physiopathologie cognitive de la dépression, et plus encore de transformer en profondeur les représentations de cette maladie chez les patients ainsi que chez leurs proches et les soignants. Du fait de leurs effets spectaculaires, y compris dans les formes résistantes, ces molécules sont actuellement les plus prometteuses.
Fabien Vinckier, centre hospitalier Sainte-Anne, Institut du cerveau et de la moelle épinière, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris
23 mars 2021