Un rapport sur les morts par intoxication chez les enfants de moins de 5 ans aux États-Unis a récemment été publié dans la revue Pediatrics. Il est fondé sur des données collectées dans 40 États américains grâce au National Fatality Review-Case Reporting System, un outil en ligne standardisé qui permet de renseigner diverses données liées à la mortalité infantile dans ce pays. Les morts pédiatriques liées à des intoxications survenues entre 2005 et 2018 ont été analysées (produits impliqués, caractéristiques démographiques, circonstances de l’intoxication…).
Durant cette période, 731 morts dues à des intoxications ont été rapportées, dont la majorité (42 %) concernaient des enfants de moins de 1 an. Dans un tiers des cas, les enfants étaient sous la supervision d’une personne autre que ses parents (les grands-parents dans 13 % des cas, un autre parent dans 6 % des cas), et la plupart des intoxications (65 %) ont eu lieu à domicile. Dans un cas sur six, il s’agissait d’enfants surveillés par les services de protection de l’enfance. Enfin, les intoxications délibérées, dans le cadre de maltraitances, représentaient une part non négligeable des cas (18 %), particulièrement chez les moins de 2 ans.
Lorsque les circonstances étaient connues (32 % des cas rapportés), la grande majorité des intoxications (60 %) sont survenues dans un contexte où les produits n’avaient pas été rangés hors d’atteinte des enfants. Dans près d’un tiers des cas, ils n’étaient pas rangés dans leurs boîtes d’origine.
Les produits les plus impliqués dans ces intoxications fatales étaient les opioïdes (47 % des cas), suivis de loin par divers médicaments vendus sans prescription (antalgiques, médicaments contre le rhume et les allergies), responsables de 15 % des décès, puis, en ordre décroissant, par des drogues illicites non spécifiées, d’autres médicaments vendus sans prescription non spécifiés et enfin par le monoxyde de carbone.
Par rapport au début des années 2000, la part des opioïdes a plus que doublé parmi l’ensemble des produits responsables d’intoxications fatales, passant de 24 % en 2005 à 52 % en 2018. Ces données soulignent le retentissement croissant qu’a l’épidémie des opioïdes aux États-Unis, non seulement chez les adultes mais aussi chez les enfants. Elles convergent avec les résultats d’études précédentes décrivant, ces dernières années, une exposition croissante des enfants aux médicaments opioïdes et aux opioïdes illicites, et une augmentation de la mortalité pédiatrique liée à cette exposition.
Les auteurs soulignent que les initiatives fondées sur la réduction de la prescription d’opioïdes pourraient réduire cette mortalité (comme cela a été brièvement le cas au début des années 2010), mais qu’il est aussi nécessaire d’améliorer la sécurité du conditionnement de ces médicaments (par exemple, conditionnement en doses unitaires) afin de réduire les exposition accidentelles des enfants – une approche qui est toutefois peu efficace lorsque des produits illicites sont impliqués…