Depuis juillet 2022, 9 foyers de transmission autochtone (65 cas) de dengue ont été identifiés dans les régions PACA et Occitanie – une augmentation par rapport aux années précédentes (19 épisodes de transmission locale pour 48 cas autochtones au total entre 2010 et 2021). En outre, 212 cas importés ont été dénombrés entre le 1er mai et le 14 octobre 2022 (probablement sous-estimés, la maladie étant souvent asymptomatique).
Cette arbovirose est essentiellement transmise par des moustiques vecteurs du genre Aedes, notamment Aedes aegypti et Aedes albopictus (moustique tigre). Or ce dernier est actuellement implanté dans 67 départements (v. figure) ; de plus, sa période d’activité coïncide avec les voyages estivaux : le risque de voir apparaître une circulation locale du virus de la dengue à partir d’un cas importé est donc maximal entre mai et novembre.
La DGS a donc appelé les professionnels de santé à la vigilance – sur la dengue mais aussi sur les autres arboviroses transmises par Aedes albopictus (chikungunya et Zika) – afin que les cas soient diagnostiqués et signalés aux ARS dans les meilleurs délais.
Tableau clinique
Dans la grande majorité des cas (environ 75 %), la dengue est asymptomatique. Lorsque des symptômes se manifestent, ils surviennent après une période d’incubation de 4 à 7 jours en moyenne (mais pouvant aller de 3 à 14 jours) : fièvre élevée associée à des myalgies et des arthralgies généralisées, céphalées et, rarement, un exanthème diffus.
Le traitement est symptomatique : antalgiques, antipyrétiques (en évitant l’aspirine et les AINS : risque hémorragique et rénal) ; il n’y a pas de traitement antiviral spécifique. La phase aiguë dure environ une semaine et la majorité des patients guérissent sans complications.
Moins de 5 % développent une forme sévère, vers le 5e jour après le début des symptômes, après une chute de la fièvre. Elle est caractérisée par une augmentation de la perméabilité vasculaire pouvant conduire à un choc et des hémorragies – complication potentiellement mortelle. Les signes d’alerte sont, en particulier : des douleurs abdominales importantes avec ou sans diarrhée, des vomissements incoercibles, une agitation ou une somnolence, des œdèmes, des signes hémorragiques avec fièvre qui remonte vite et fort (mais en cas de défaillance viscérale sévère, avec collapsus, la fièvre peut retomber nettement en dessous de 37° C en choc septique pré-mortem de très mauvais pronostic).
Diagnostic et signalement
Le signalement de la dengue est obligatoire (formulaires Cerfa de déclaration obligatoire). C’est également le cas du chikungunya et du Zika. Le signalement doit être réalisé le plus vite possible pour permettre à l’ARS de mettre en œuvre des investigations et des mesures de lutte antivectorielle (v. encadré) dans les lieux fréquentés par les malades durant leur phase de virémie.
Le diagnostic est biologique :
- Jusqu’à J5 après le début des signes : détection de l’ARN du virus par RT-PCR, ou d’une protéine virale, l’antigène NS1.
- Entre J5 et J7 : RT-PCR et sérologie.
- Après J7 : sérologie uniquement (IgG et IgM) avec un second prélèvement de confirmation au plus tôt 10 jours après le premier.
Le diagnostic biologique doit être réalisé y compris dans les zones actuelles de circulation du virus. Les prélèvements sanguins peuvent être faits par tout laboratoire de biologie médicale. Chaque échantillon doit être accompagné de renseignements cliniques.
Moustique tigre : lutter contre ses piqûres et sa prolifération.
- Mesures préventives pour éviter les piqûres (spécialement durant la journée, les Aedes étant des moustiques diurnes) : vêtements longs, répulsifs ; moustiquaires pour les enfants en bas âge, les personnes alitées et celles atteintes de la dengue.
- Lutte contre les gîtes larvaires et lieux de repos : déchets (pneus, électroménager...), coupelles de pots de fleurs, gouttières, réservoirs d’eau, etc. ; végétation (élaguer, débroussailler).
Santé publique France. Chikungunya, dengue et Zika – Données de la surveillance renforcée en France métropolitaine en 2022. 12 septembre 2022.
Santé publique France. Dengue. 12 septembre 2022.
À lire aussi :
Rapp C. Dengue : une infection émergente. Rev Prat 2020 ;70(3) ;318-25.
Espindola Gomez R, Epelboin Y, Melzani A, et al. La dengue, à nouveau d’actualité ! Rev Prat Med Gen 2019;33(1032);884-6.