Une étude récente, menée par les laboratoires pharmaceutiques dans le cadre de la surveillance européenne des médicaments contenant du valproate ou ses dérivés (Dépakine, Dépakote, Dépamide, Micropakine et génériques), suggère une augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père a été traité par valproate dans les 3 mois précédant la conception.
Conduite à partir de plusieurs registres scandinaves (Norvège, Suède et Danemark) sur une longue période, cette étude a comparé les enfants dont le père était traité par valproate dans les 3 mois précédant la conception à ceux dont le père était traité par d’autres antiépileptiques (lamotrigine ou lévétiracétam). Chez les premiers, une augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux – troubles du spectre autistique, par exemple – a été décelée : il varie entre 5,6 % et 6,3 %, contre 2,5 % à 3,6 % pour les seconds. Pour rappel, ce risque de troubles neurodéveloppementaux est de l’ordre de 30 à 40 % après une exposition maternelle au valproate.
Cependant, aucune conclusion définitive ne peut être tirée à ce stade, cette étude ayant plusieurs limites. L’EMA a demandé aux laboratoires des analyses complémentaires pour évaluer la robustesse de ces résultats.
Dans l’attente de ces nouvelles données, l’ANSM a néanmoins souhaité alerter d’emblée les professionnels de santé car, si elles étaient confirmées, de nouvelles mesures de sécurité pourraient être mises en place. Elle souligne toutefois que les hommes traités par un médicament contenant du valproate ou un de ses dérivés ne doivent pas arrêter le traitement sans avis médical : l’arrêt expose les patients épileptiques à la réapparition des crises convulsives.
Une fiche d’information pour les patients a aussi été conçue, à remettre lors de la prescription ou de la délivrance d’une spécialité à base de valproate ou un de ses dérivés (v. encadré ci-dessous).En parallèle, l’ANSM a demandé aux laboratoires commercialisant ces médicaments de soumettre une demande de modification de leurs AMM afin que ce risque figure dans le RCP et dans les notices.
Que dire aux hommes traités par valproate ou ses dérivés ?
N’arrêtez pas votre traitement sans avis médical : l’arrêt vous expose à la réapparition des symptômes.
Une méthode de contraception efficace pendant votre traitement doit être discutée avec votre médecin.
Si vous envisagez d’avoir un enfant, informez-en votre médecin. Il échangera avec vous sur ce risque potentiel et des éventuelles alternatives thérapeutiques.
Si vous allez avoir un enfant, contactez votre médecin pour lui faire part de vos interrogations.
Si vous avez déjà un enfant et que vous avez des interrogations sur sa santé, le médecin pourra vous orienter si besoin vers une plateforme de coordination et d’orientation spécialisée (PCO).
Si vous faites un don de sperme, précisez que vous êtes sous traitement avec le valproate ou l’un de ses dérivés.
ANSM. Évaluation européenne du risque potentiel de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père a été traité par valproate dans les mois précédant la conception. 16 mai 2023.
À lire aussi :
Martin Agudelo L. Valproate et dérivés : de nouvelles informations sur les risques. Rev Prat (en ligne) 4 novembre 2020.
Martin Agudelo L. Dépakine : sa toxicité transmise sur plusieurs générations ? Rev Prat (en ligne) 30 janvier 2022.