Utiliser les talents olfactifs des chiens renifleurs pour repérer les personnes infectées par le SARS-Cov-2 dans les aéroports, les universités, lors des festivals d’été… ? Si cette idée a été évoquée depuis le début de la pandémie, les premiers résultats d’une étude internationale lancée à l’initiative de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, et de l’AP-HP (URC Necker Cochin, Pr Jean-Marc Tréluyer) sont très prometteurs…

 

Les facultés des chiens renifleurs, outre dans la détection d’explosifs et de drogues et dans la recherche de personnes ensevelies en cas de catastrophe, sont déjà utilisées pour repérer des affections humaines (cancers, paludisme, infection à Clostridium difficile, maladie de Parkinson, etc.) et animales (pestivirose bovine, gale). Cette capacité repose sur la reconnaissance d’une odeur spécifique correspondant à un ensemble de composés organiques volatils spécifiques ou d’autres substances métaboliques produites par l’organisme malade, appelé volatilome ou VOC (volatile organic compounds). Présent dans la circulation sanguine, le volatilome peut être excrété dans l’air expiré, l’urine, la salive, les fèces, le lait et la sueur ; et peut être identifié par les chiens après un entraînement de deux à trois semaines.

Cette étude internationale – lancée il à l’initiative de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA Equipe Nosaïs, Pr Dominique Grandjean), et de l’AP-HP (URC Necker Cochin, Pr Jean-Marc Tréluyer), a inclus 335 personnes venues se faire dépister dans les centres de dépistage Covisan AP-HP de l’Hôtel-Dieu et de la mairie du 14e arrondissement de Paris pendant la période du 16 mars 2021 au 09 avril 2021. Les participants étaient âgés de 35 ans en médiane (6 à 76 ans), 295 (88 %) avaient plus de 18 ans et 170 (51 %) étaient des femmes. L’objectif était de comparer le test olfactif canin au test de référence, la RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé.

Pour le test olfactif canin, des échantillons de sueur axillaire ont été recueillis via des compresses posées deux minutes sous les aisselles des participants à l’étude. Elles ont ensuite été enfermées dans des bocaux.

Neuf chiens entrainés, des pompiers des Yvelines et de l’Oise, de EnvA, ou venus des Émirats arabes unis, ont participé à l’étude. Concrètement, ces derniers n’ont pas été en contact avec les volontaires. Les bocaux contenant les compresses ont été envoyées à l’École vétérinaire d’Alfort puis placés dans des « cônes d’olfaction » disposés en lignes afin que chaque chien puisse venir pratiquer une analyse olfactive (2 chiens / échantillon). Cette détection était faite en aveugle du résultat de la RT-PCR nasopharyngée.

Cette méthode nécessite une fraction de seconde par prélèvement et a donc, outre le côté non invasif de l’examen, l’avantage de fournir un résultat instantané et un coût de mise en œuvre des plus limité. En effet, un chien peut renifler 200 échantillons par jour, avec un coût d’environ 1 euro par personne et par test (contre 75 € pour la PCR).

Sur les 335 personnes testées dans l’étude, 109 avaient un test positif RT-PCR nasopharayngée. La sensibilité du test olfactif canin était de 97 % et la spécificité de 91 %.

Ces résultats confirment la capacité des chiens à détecter une signature olfactive de la Covid-19. Cette approche diagnostique serait particulièrement intéressante dans les dépistages de masse en raison de la rapidité de réponse des chiens : aéroports, universités, rassemblements divers (festivals d’été avec dépistage à l'entrée par exemple)…

Cinzia Nobile, La Revue du Praticien