La dépression résistante est associée à une augmentation des hospitalisations, des taux de mortalité et de suicide. Des traitements efficaces et spécifiques sont nécessaires de toute urgence.
Aujourd’hui, la quétiapine à libération prolongée, un antipsychotique, est souvent proposée.
Mais quelle est l’efficacité de l’eskétamine, prise en spray nasal ? Une étude de phase III ouverte, randomisée et multicentrique, parue début octobre 2023 dans le NEJM, a évalué l’intérêt de l’eskétamine par rapport à la quétiapine à libération prolongée en complément d’un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou d’un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa) contre la dépression résistante.
Ainsi, une équipe internationale de chercheurs a inclus 676 patients adultes traités dans 24 pays pour dépression résistante avec au moins un ISRS ou un IRSNa. Ces patients ont été randomisés entre un groupe traité à l’eskétamine + ISRS ou IRSNa (N = 336 patients) et un groupe traité à la quétiapine à libération prolongée + ISRS ou IRSNa (N = 340 patients). Les deux groupes étaient similaires démographiquement.
Le traitement initial a duré 8 semaines pour les deux groupes, suivi d’une phase de maintenance de 24 semaines. Le critère de jugement principal était la rémission, définie par un score sur l’échelle de dépression de Montgomery et Asberg (MADRS) ≤ 10 après 8 semaines de traitement. Les auteurs ont notamment suivi comme critère secondaire l’absence de rechute à la 32e semaine, après rémission à la 8e semaine.
Publiés en octobre 2023 dans le NEJM, les résultats montrent que le groupe traité avec de l’eskétamine a eu une proportion significativement plus importante de rémission à la 8e semaine que le groupe sous quétiapine (respectivement 27,1 % des patients vs 17,6 % ; p = 0,003). De plus, l’absence de rechute à la 32e semaine après rémission à la 8e semaine était plus fréquente (21,7 % du groupe eskétamine vs 14,1 % du groupe quétiapine). Toutefois, rapportée au nombre de patients remis à la 8e semaine, la proportion des patients sans rechute à la 32e semaine était similaire dans les deux groupes (80 %).
Pour les auteurs, cet essai indique que, associé à un ISRS ou à un IRSNa, le spray nasal à l’eskétamine est supérieur à la quétiapine à libération prolongée dans le traitement de la dépression résistante.