Lors de périodes d’entraînement, les besoins nutritionnels varient selon différents paramètres tels que la nature de l’activité, la saison ou d’autres conditions environnementales telles que l’hypoxie... D’une façon générale, la quête de performances crée des attentes spécifiques, et ce quel que soit le niveau de pratique. Cet effet d’attente conduit à une consommation très répandue de compléments alimentaires. Très souvent, sur la base d’allégations de santé, les pratiquants ont recours à des produits afin d’améliorer la récupération, les adaptations induites par l’entraînement ou pour leur ergogénicité*. Pourtant, depuis l’introduction du système de nutrivigilance en 2009 et jusqu’en février 2016, 49 effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments pour sportifs ont été rapportés et ont fait l’objet d’un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).1 Celui-ci a permis de pointer la présence de substances interdites (stéroïdes anabolisants, clenbutérol, éphédrine…) qui, outre leur toxicité cardiovasculaire et psychocomportementale, expose les sportifs à des sanctions dans le cadre de contrôle antidopage. L’Anses conseille donc aux consommateurs de privilégier les produits conformes à la norme européenne reprise dans la collection nationale de l’Agence française de normalisation, AFNOR, NF EN 17444 garantissant que l’industriel a expressément pris les mesures nécessaires visant l’absence de toute substance interdite pour les sportifs (substances do­pantes).
D’autres compléments alimentaires ne s’adressant pas directement à des sportifs mais contenant des stimulants adrénergiques, censés réduire la masse grasse, présentent des risques, principalement cardiovasculaires. C’est le cas de la synéphrine, contenue dans les extraits de Citrus aurantium,2 qui a été par ailleurs proposée comme ergogène par certains auteurs,3 sans mention de ces risques. D’une façon générale, les restrictions d’utilisation et les potentiels effets indésirables sont souvent absents des étiquettes, parfois pour la seule raison qu’ils ne sont pas connus. Une difficulté de l’évaluation tient à la diversité des substances entrant dans la composition de ces compléments alimentaires. Elles font l’objet de multiples combinaisons, et les doses employées sont, dans certains cas, bien supérieures à celle préconisées – dans l’idée fausse largement répandue que « plus est mieux ». On trouve de nombreux extraits de plantes encore peu étudiés sur le plan du métabolisme et d’une éventuelle toxicité à long terme. Le plus souvent, ces extraits végétaux et les médicaments sont métabolisés par les mêmes cytochromes P450 ou ont le même mécanisme d’action que certains médicaments. La prise concomitante de ces deux types de produits expose donc à un risque d’interaction qui devrait être considéré par les prescripteurs.
En conclusion, l’usage de doses massives de compléments alimentaires, leur multiplicité et les risques d’adultération rendent leur consommation périlleuse par le risque sanitaire ou de contrôle antidopage positif auquel elles exposent. Ces risques peuvent néanmoins être limités par un usage éclairé et par une sélection des lieux d’approvisionnement. Il n’en reste pas moins que l’usage de compléments alimentaires dans le contexte sportif doit rester exceptionnel et répondre à un besoin particulier qui aura a été identifié en ayant pris l’attache d’un professionnel de santé.
* Ergogénicité : aptitude à optimiser le travail musculaire.
Références
1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Avis relatif aux risques liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs visant le développement musculaire ou la diminution de la masse grasse. Anses, 2016;2014-SA-0008.
2. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Avis relatif aux risques liés à la présence dans les compléments alimentaires de p-synéphrine ou d’ingrédients obtenus à partir de fruits de Citrus spp. en contenant. Anses, 2014. 2012-SA-0200.
3. Ratamess NA, Bush JA, Kang J, et al. The effects of supplementation with P-Synephrine alone and in combination with caffeine on resistance exercise performance. J Int Soc Sports Nutr 2015;12:35.