Et si l’outil appelé à révolutionner le diagnostic du cancer était… la fourmi ? Des chercheurs ont réussi à conditionner des fourmis à différencier par l’odeur des cellules saines de cellules cancéreuses. Une méthode qui pourrait s’avérer bien plus efficace que la détection des cancers par les chiens, restée confidentielle par l’entraînement requis, long et coûteux. Partant du constat que les cellules cancéreuses, au métabolisme déréglé, émettent des substances odorantes capables d’être perçues de manière précoce par des animaux à l’odorat très fin comme les chiens, les chercheurs de cette étude publiée dans iScience ont cherché à déterminer si des fourmis étaient capables de faire preuve de la même capacité à différencier cellules normales et cellules cancéreuses. L’avantage de la fourmi sur le chien ? Bon marché et aisément disponible en grande quantité, leur conditionnement est rapide (30 minutes) et facile (3 jours de formation et aucun personnel spécialisé). Dans leur expérience, les chercheurs ont conditionné 36 fourmis durant trois essais. Dans chaque essai, une fourmi était placée dans une arène circulaire en verre de 12 cm de diamètre, dont le sol était recouvert de papier-filtre, enduit de deux gouttes d’eau : une goutte d’eau sucrée entourée de petits trous dans le filtre laissant passer l’odeur d’un tube situé en dessous du filtre et contenant le liquide surnageant issu de la centrifugation de cellules d’un cancer du sein de type luminal A ; et une goutte d’eau nature associée à l’odeur de cellules saines du sein. Après chaque essai, le papier-filtre ainsi que les positions relatives des gouttes dans l’arène étaient changés. Résultat : en trois tests, les fourmis ont mis presque 2 fois moins de temps à trouver la goutte sucrée, parce qu’elles l’ont associée à l’odeur des cellules cancéreuses. Une association confirmée par la constance de leur rapidité à se diriger vers la goutte associée à l’odeur des cellules cancéreuses, lors d’un test de mémoire où il ne s’agissait que d’une simple goutte d’eau. Mieux : les fourmis ont été capables de distinguer un cancer du sein triple négatif d’un cancer du sein de type luminal A ! Les chercheurs l’expliquent par le fait que ces maladies sont associées à des composés organiques volatils différents.

Références
iScience 2022;25(3):103959. Piqueret B, Bourachot B, Leroy C, Devienne P, Metcha-Grigoriou F, d’Ettore P, et al. Ants detect cancer cells through volatile organic compounds.PMID : 35281730.