Face à la prévalence accrue des MICI, la recherche avance pour mieux identifier les facteurs de risque environnementaux. Parmi les différentes hypothèses, certains additifs alimentaires, capables de favoriser une inflammation intestinale chronique, sont pointés du doigt. Dans une étude récente, des chercheurs français ont trouvé une nouvelle piste pour lutter contre leurs effets nuisibles…

L’effet inflammatoire des émulsifiants présents dans de nombreux plats transformés a été évoqué dans de nombreuses études. Ces additifs alimentaires (comme le carboxyméthylcellulose [CMC], le polysorbate 80 [P80] et la lécithine) sont utilisés pour améliorer la texture et prolonger la durée de conservation de produits aussi divers que les gâteaux emballés, les crèmes glacées, les chocolats, les produits laitiers (yaourts, crèmes…), les sauces prêtes à l’emploi, les soupes préparées, etc.

Des travaux menés par une équipe de Inserm ont montré que ces agents émulsifiants altèrent la composition du microbiote intestinal. La dysbiose intestinale induite peut fragiliser l’épithélium en favorisant le rapprochement des bactéries de cette paroi, alors que cette première ligne de défense de l’appareil digestif est normalement stérile. Cela peut conduire à une inflammation intestinale chronique et à des dérégulations métaboliques, pouvant aggraver de nombreuses pathologies inflammatoires comme la maladie de Crohn.

Dans une nouvelle étude qui vient d’être publiée dans le revue Gut, les chercheurs ont administré à des souris une bactérie naturellement présente dans l’intestin, Akkermansia muciniphila, dans le but de contrecarrer la dysbiose induite par les agents émulsifiants (CMC et P80) qui leur étaient administrés pendant 9 semaines – ces derniers diminuent en effet la quantité de cette bactérie dans l’intestin.

Résultats : les effets délétères de ces émulsifiants (inflammation chronique associée à des altérations du métabolisme et à une hyperglycémie), observés chez les souris du groupe contrôle – qui ne recevaient pas de supplémentation d’A. muciniphila n’ont pas été observés dans le groupe de souris qui ont reçu ce probiotique. Celui-ci prévenait, en outre, les altérations moléculaires induites par ces émulsifiants (proximité des bactéries avec la paroi épithéliale).

Outre le potentiel d’A. muciniphila en tant que probiotique protecteur face aux effets néfastes de certains agents présents dans les aliments ultra-transformés, cette étude suggère que la colonisation intestinale par cette bactérie pourrait servir à prédire le risque individuel de développer des pathologies intestinales et métaboliques chez certaines personnes : « plus la présence de la bactérie est importante, plus l’individu serait protégé des effets néfastes des additifs alimentaires sur le microbiote », explique Benoît Chassaing, dernier auteur de l’étude.

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