Depuis fin juin, l’infection par le virus West Nile et l’infection par le virus de l’encéphalite à tiques, en recrudescence en période estivale, sont inscrites sur la liste des maladies à déclaration obligatoire. Retour sur ces deux arboviroses : quels sont les tableaux cliniques évocateurs ? quelle prise en charge ?

 

Virus du West Nile

Flavivirus d’origine africaine, le virus du West Nile est transmis à l’homme par des moustiques du genre Culex. Longtemps considérée comme mineure et très localisée géographiquement, cette arbovirose peut cependant provoquer des atteintes neurologiques sévères.

Depuis 2010, sa circulation s’accroît en Europe, sur le pourtour méditerranéen (un pic épidémique a été observé en 2018 avec un nombre de cas à l’échelle européenne supérieur à la somme des 7 années précédentes). En 2019 et 2020, des cas humains ont été signalés pour la première fois en Allemagne et aux Pays Bas. Dans les zones tempérées, la transmission du virus est saisonnière, lors de la période d’activité des moustiques (de juin à fin novembre pour la France métropolitaine).

La période d’incubation dure classiquement de 2 à 6 jours mais peut aller jusqu’à 14 jours.

Asymptomatique dans 60 à 80 % des cas, l’infection peut toutefois être à l’origine d’atteintes neurologiques graves (méningites, encéphalites, paralysies flasques ou syndromes de Guillain-Barré), dans environ 1 % des cas, et majoritairement chez des sujets âgés. La mortalité de l’infection varie en fonction du tableau clinique allant de 0 % en cas de fièvre isolée jusqu’à 46 à 50 % en cas d’encéphalite sévère ou de paralysie flasque du sujet âgé ; à l’inverse, les méningites pures semblent être de meilleur pronostic que les autres formes neuro-invasives de la maladie.

Chez 20 % des personnes infectées, un syndrome pseudo-grippal se développe (fièvre d’apparition brutale, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires), éventuellement associée à une éruption cutanée.

En fonction de la durée d’évolution des symptômes, le diagnostic est direct à la phase précoce (par PCR sur le sang périphérique, les urines et le liquide cérébrospinal en cas de signes neurologiques, jusqu’à J4 après de l’infection, sa sensibilité diminuant ensuite) ou indirect (sérologie, dès J5-J6 après le début des symptômes). Le Centre national de référence des arbovirus, localisé à Marseille, réalise ces analyses sur envoi des prélèvements.

Le traitement est symptomatique pour les tableaux cliniques bénins. Une prise en charge hospitalière est parfois nécessaire, voire réanimatoire en cas d’atteinte neurologique sévère.

La prévention repose sur la protection contre les piqûres de moustiques dans les zones de circulation du virus (répulsifs cutanés à base de N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, port de vêtements longs, utilisation de moustiquaires imprégnées) et sur la destruction des gîtes larvaires (eaux stagnantes).La découverte d’un cas signant une circulation déjà installée localement, il convient de rappeler ces mesures de protection aux personnes vivant à proximité du foyer de transmission.

Si, du fait d’une virémie courte et peu intense, le virus n’est pas transmis de l’homme au moustique, c’est en premier lieu le risque de transmission par la greffe et la transfusion qui justifie le signalement rapide des cas, afin que les mesures de contrôle soient rapidement mises en place.

La fiche de déclaration est disponible sur le site de Santé publique France.

Encéphalite à tiques

Il s’agit d’une arbovirose causée par le virus TBE (tick-borne encephalitis), transmis par des tiques dures du genre Ixodes, et de façon exceptionnelle par consommation de lait cru ou de fromage au lait cru de chèvre ou de brebis.

Si la France n’est pas considérée comme une région endémique d’encéphalite à tiques (incidence moyenne de 20 cas par an, observés surtout dans l’Est et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes), la recrudescence de cette arbovirose dans certains pays européens (Pays-Bas, Suisse) avait conduit dès juin 2020 le Haut Conseil de la santé publique à recommander son inscription sur la liste des maladies à déclaration obligatoire. La situation épidémiologique est en effet mal connue dans l’Hexagone, et l’infection est probablement sous-diagnostiquée.

Après une incubation de 1 à 2 semaines, la maladie débute brutalement, avec de la fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires et articulaires.

Chez 20 à 30 % des patients, une atteinte du système nerveux central (encéphalite, myélite) ou périphérique (parésie ou paralysie d’un membre) peut ensuite apparaître. Les signes cliniques de la première sont la prostration ou l’agitation, les tremblements, les troubles du comportement, de la vigilance ou de la conscience, parfois des convulsions ou le coma. Le décès est rare avec le sous type viral européen (< 1 %), mais les séquelles peuvent atteindre jusqu’à 40 % des cas (principalement des paralysies et des troubles du comportement).

Le traitement est uniquement symptomatique et la convalescence longue, les séquelles pouvant persister plusieurs années.

La fiche de déclaration est disponible sur le site de Santé publique France.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

West Nile virus. Santé publique France 15 juin 2021.

Encéphalite à tiques. Santé publique France 15 juin 2021.

Eldin C, Ninove L, Lagier JC. Infection à virus West Nile, une arbovirose émergente en France et en Europe.Rev Prat 2020;70(3);333-5.

Boulanger N. Divers types de tiques : que transmettent-elles ?Rev Prat Med Gen 2020;34(1043);456-6.

Liste des maladies à déclaration obligatoire. Santé publique France 15 juin 2021.

Pour rappel, voici la liste des maladies à déclaration obligatoire :

Botulisme

Brucellose

Charbon

Chikungunya

Choléra

Dengue

Diphtérie

Encéphalite à tiques

Fièvres hémorragiques africaines

Fièvre jaune

Fièvre typhoïde et fièvres paratyphoïdes

Hépatite aiguë A

Infection aiguë symptomatique par le virus de l'hépatite B

Infection par le VIH quel qu'en soit le stade

Infection invasive à méningocoque

Légionellose

Listériose

Mésothéliomes

Orthopoxviroses dont la variole

Paludisme autochtone

Paludisme d'importation dans les départements d'outre-mer

Peste

Poliomyélite

Rage

Rougeole

Rubéole

Saturnisme chez les enfants mineurs

Schistosomiase (bilharziose) urogénitale autochtone

Suspicion de maladie de Creutzfeldt-Jakob et autres encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles humaines

Tétanos

Toxi-infection alimentaire collective

Tuberculose (incluant la surveillance des résultats issus de traitement)

Tularémie

Typhus exanthématique

West Nile Virus

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